Fil d'Ariane
C’est tout un soupir de soulagement que poussent les communautés autochtones à travers le pays. Cette demande d’enquête nationale, elles l’ont faite pendant des années auprès du gouvernement canadien, mais le premier ministre précédent, le conservateur Stephen Harper, y apposait un refus systématique, arguant que les enquêtes policières en cours étaient suffisantes.
Aussitôt l'annonce faite, les réseaux sociaux ont résonné de réactions positives.
#MMIW le processus doit être à l'écoute des familles, org. et #FemmesAutochtones. Justice et réparation au coeur des préoccupations!
— Fédération Femmes Qc (@LaFFQ) 8 Décembre 2015
#femmesautochtones Justice pour tout canadien. Effacez notre honte au plus vite.
— Andre (@lutz_a) 9 Décembre 2015
Celles qui ont été victimes de cette tragédie nationale ont attendu assez longtemps
Le changement de garde à Ottawa vient donc d’apporter un vent d’espoir aux autochtones : « Cette enquête est une priorité de notre gouvernement, parce que celles qui ont été victimes de cette tragédie nationale ont attendu assez longtemps. Les victimes méritent qu’on leur fasse justice et leurs familles ont une opportunité de guérir et de se faire entendre » a déclaré Justin Trudeau, en précisant « nous allons travailler avec vous pour rebâtir la confiance entre le gouvernement canadien et les peuples autochtones ».
« C’est une tragédie nationale qui demande une réponse nationale », a ajouté la ministre de la Justice, qui est elle-même autochtone, Jody Wilson-Raybould.
Au cours des prochaines semaines, on va d’abord consulter les familles de ces femmes disparues, les membres des communautés autochtones et des experts afin de déterminer les objectifs que cette enquête nationale devra atteindre. Il sera ainsi possible de lui donner un mandat précis. Un site web va être mis en place, avec un sondage en ligne et un guide de discussions.
Une phase de conception donc à laquelle vont participer les ministres de la Justice, des Affaires autochtones et de la Condition féminine, trois femmes au demeurant.
A retrouver dans Terriennes :
> Nouveau gouvernement au Canada : plaidoyer en faveur de la parité en politique
La deuxième phase commencerait au printemps, soir l’enquête en tant que telle. Le gouvernement promet que le rapport qui résultera de cette enquête ne restera pas sur une tablette et qu’il suivra les recommandations formulées. C’est ce que souhaitent aussi les communautés autochtones qui ont l’impression d’être ENFIN écoutées ET entendues…
Rappelons que selon un rapport de la Gendarmerie royale du Canada, 1017 femmes ont été assassinées et 164 ont disparu au Canada entre 1980 et 2012, des chiffres qui sont très probablement en dessous de la réalité.
Les Autochtones forment 4% des femmes au Canada mais 16% des femmes assassinées au Canada SONT des autochtones … toute proportion gardée, c’est comme si quelque 55 000 femmes avaient été tuées ou étaient portées disparues en France au cours des 30 dernières années, et cela dans la plus grande indifférence des autorités…
Cette enquête publique ne ramènera pas ces femmes assassinées ou disparues mais elle va donner une voix à leurs proches dont la peine retentissait jusqu’à maintenant dans un silence assourdissant du côté du gouvernement canadien. Elle aura aussi très probablement le mérite de mettre le doigt sur les causes multiples de cette violence faite aux femmes autochtones dans ce pays, un fléau endémique qui est une plaie purulente sur le visage du Canada…