Après la France, c'est au tour du Canada de se pencher sur la réglementation de la prostitution. Mais cette fois-ci, le pays, aux lois abolitionnistes depuis 28 ans, est en train de prendre un chemin inverse : la voie de la libéralisation de la profession. La
Cour suprême du Canada, située à Ottawa, a invalidé le 20 décembre 2013 trois de ses articles du Code criminel canadien qui interdisent les maisons closes, de solliciter des clients et le proxénétisme. Les raison invoquées par les neuf juges du plus haut tribunal du pays : violation de la sécurité physique et "atteinte à des droits garantis" par la Charte canadienne des droits et libertés, une des bases essentielles de la Constitution au Canada. La Cour suprême a donné raison à trois prostituées et ex-prostituées qui contestaient depuis plusieurs années ces dispositions. Selon ces dernières, les articles
210, 212,
213, du code criminel sur la prostitution au Canada, votés en 1985 par un gouvernement conservateur, compromettaient leur sécurité. Ils les empêchaient de prendre des mesures pour se protéger en embauchant, par exemple, un garde du corps. Cette décision de justice, qualifiée d'historique par la presse canadienne, intervient quelques jours après le vote en France (4 décembre 2013) d'une nouvelle
loi contraignant l'exercice de la prostitution, sous l'angle de la pénalisation des client(e)s des prostitué-e-s. Les deux pays font désormais figure de miroir inversé. L'un, le Canada, à la législation abolitionniste, pourrait éventuellement re-libéraliser le prétendu plus vieux métier du monde. L'autre, la France, autrefois libérale, s'est engagée lentement mais sûrement, sur la voie de la disparition de la prostitution depuis 1947, à marche forcée. Avant ces éventuels changements de législations prévus en 2014 des deux côtés de l'Atlantique, retour sur les dispositions actuellement en vigueur qui règlent la profession dans les deux pays.