Fil d'Ariane
Accompagnement psychologique, soutiens-gorge adaptés, vernis à ongles préventif à la chute des ongles en cas de chimiothérapie, prothèses mammaires, tatouages reconstructifs ... Désormais en France, les femmes qui subissent un cancer du sein seront mieux remboursées des frais supplémentaires qui restaient jusqu'ici à leur charge.
Le cancer du sein reste le plus fréquent et le plus meurtrier chez les femmes.
Diagnostiqué à 60 000 patientes par an, il cause 12 000 décès chaque année en France. Le cancer du sein reste le plus fréquent et le plus meurtrier chez les femmes. Il place nombre d'entre elles dans une situation financière fragile, avec un reste à charge souvent élevé et de nombreux soins annexes non-remboursés.
Les patientes les plus précaires renoncent aux soins ou produits non pris en charge ou insuffisamment remboursés qui s'avèrent trop onéreux. Yannick Monnet, député
Avec un reste à charge de "1.400 euros en moyenne", les patientes "les plus précaires renoncent aux soins ou produits non pris en charge ou insuffisamment remboursés qui s'avèrent trop onéreux", selon le rapporteur du texte à l'Assemblée, le député communiste Yannick Monnet.
Désormais, une loi, adoptée à l'unanimité à l'Assemblée nationale, devrait permettre d'améliorer la prise en charge des soins liés au cancer du sein afin d'atténuer le reste à charge souvent élevé des patientes. Ainsi, ce "texte répond aux attentes très concrètes de 700.000 femmes qui vivent avec le cancer (du sein) et pour elles, qui sont dans l'urgence, cette loi constitue une réelle avancée", selon le député qui a salué une "mobilisation transpartisane" pour adopter un texte de "compromis".
Le texte, voté dans les mêmes termes qu'au Sénat, va désormais pouvoir entrer en vigueur. Initialement portée par Fabien Roussel, cette proposition de loi communiste avait été adoptée à l'Assemblée en mai 2024, avant que le Sénat, dominé par une alliance de la droite et du centre, ne la modifie, puis la vote fin octobre, également à l'unanimité.
Le texte vise une prise en charge intégrale du renouvellement des prothèses mammaires, du tatouage médical de l'aréole et du mamelon ou de soutiens-gorge adaptés.
Un forfait spécifique, dont le montant doit être arrêté par décret, doit aussi permettre l'achat de produits prescrits par les médecins, mais qui ne sont aujourd'hui pas remboursés, comme l'achat de crèmes contre les sécheresses, ou encore de vernis pour prévenir la chute des ongles induite par les traitements.
Une autre enveloppe permettant de financer des soins psychologiques, des séances de nutrition ou des séances d'activités physiques a été acté pour les malades en cours de traitement.
C'est aussi un encadrement des dépassements d'honoraires des médecins qui pratiquent les reconstructions mammaires après une mastectomie qui a été acté. Le niveau du plafond sera négocié dans la convention médicale entre l'assurance maladie et les médecins.
Pour Yannick Monnet, il s'agit "d'une avancée majeure" puisque les dépassements d'honoraires représentent le premier poste dans le reste à charge. Et alors que 15% des femmes renoncent à cette chirurgie de réparation pour des raisons financières.
"Oui, nous aurions peut-être pu aller plus loin", a néammoins concédé le député, mais il faut permettre une "application rapide" de mesures "très attendues par les associations" de lutte contre le cancer du sein.
La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a révélé le 10 janvier dernier avoir été diagnostiquée d'un cancer du sein il y a trois ans à l'occasion d'un examen de routine et suivre aujourd'hui une hormonothérapie, appelant les femmes à se faire dépister.
Lors des débats, mardi 28 janvier à l'Assemblée, la députée du Rassemblement national Marine Hamelet a pris la parole pour confier avoir été diagnostiquée d'un cancer début 2024, et avoir subi une ablation du sein.
C'est une maladie qui nous atteint viscéralement tant elle nous attaque dans notre féminité. Marine Hamelet, députée
"C'est une maladie qui nous atteint viscéralement tant elle nous attaque dans notre féminité. Cette maladie, c'est aussi affronter le regard des autres, souvent bienveillants, parfois maladroits", a livré la députée.
Le gouvernement qui a soutenu cette proposition de loi a aussi salué un "texte porteur d'avancées concrètes et attendues par toutes les femmes touchées par le cancer du sein", selon les mots du ministre de la Santé Yannick Neuder. Le gouvernement "proposera rapidement de pouvoir étendre et intensifier les campagnes de dépistage pour cibler particulièrement les populations à risque et de diminuer la strate d'âge pour pouvoir aller chercher plus tôt ces cancers qui sont guérissables quand on les dépiste au plus tôt", a-t-il affirmé.
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