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Robert Favre Le Bret lance un concours auquel sont invités des joailliers de toute l'Europe. Puis le conseil d'administration du festival délibère - vraisemblablement sous l'aimable pression de Jean Cocteau - et il choisit l'oeuvre de Lucienne Lazon.
La jeune femme n'est pas une inconnue dans le monde de l'ultraluxe - elle travaille notamment sur les bijoux du clergé français.
L'orfèvre-joaillière a déjà fait parler d'elle en avril 1947 lors d'une exposition au musée des Arts décoratifs.
Un journaliste du quotidien Le Monde vantait ses oeuvres "qui commandent le respect et témoignent des ressources fécondes du libre travail individuel."
En 1957, Yves Sjöberg, historien, ne fait pas mystère de son enthousiasme pour le travail de la jeune femme : "Les bijoux de Lucienne Lazon possèdent une légèreté, une pureté quasi-musicale. Lucienne Lazon, c'est la joaillerie faite femme."
C'est aussi une féministe convaincue.
Lors d'une interview télévisée dans un atelier, elle se félicite que tant de femmes choisissent la voie difficile de la joaillerie. "C'est assez dur, mais une femme doit pouvoir exercer ce métier, et surtout en tant que créateur. C'est très important, la création, pour une femme. Le rêve serait que la même personne crée et réalise, mais actuellement, il y a beaucoup d'exécutants qui ne sont pas des créateurs. Le goût, en France, aurait vraiment besoin d'être réformé, mais est-ce possible de réformer ?"
Lucienne Lazon lance l'idée de la Palme. La première, son oeuvre, voit le jour en 1955.
Elle fait dans la sobriété : la palme repose sur un caillou en terre cuite.
Près de la tige, une petite main semble dire bonjour.
Elle récompense cette année-là Marty de Delbert Mann, un film américain qui remportera, par ailleurs, plusieurs autres prix : Oscars du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur et meilleur scénario !
C'est désormais cette Palme d'or qui symbolisera la grande récompense du Festival de Cannes. Dans les années 1980, elle devient le logo officiel du Festival.
En 1997, le festival fête son cinquantième anniversaire. Pour marquer l'occasion, Caroline Scheufele, co-présidente et directrice artistique du joailler Chopard suggère à la direction du Festival de Cannes, de moderniser sa Palme.
Caroline Scheufele imagine une nouvelle Palme, une Palme "amoureuse" dit elle.
Désormais, sa tige forme un petit cœur, emblème de la maison Chopard. Le trophée est plus élancé, avec ses dix-neuf folioles pointées vers le ciel. Il pèse 118 grammes d’or certifiés "équitable" et sa valeur dépasse 20 000 euros.
La maison Chopard précise : "La Palme d'or repose sur un coussin de cristal de roche de la forme d’un diamant taille émeraude. Les impuretés qui habitent la matière naturelle de la gemme rendant chaque cristal de roche unique, il n’y jamais deux Palmes d’or identiques au monde et pas moins de 40 heures de travail sont nécessaires".
Pour l'heure, seule la réalisatrice Jane Campion avec La Leçon de piano a reçu cette récompense. C'était en 1993. Mais elle ne fut pas la seule à être honorée cette année-là puisqu'elle dû la partager, ex-æquo avec le cinéaste chinois Chen Kaige pour Adieu ma concubine.
Et sur les 72 éditions du festival, 11 femmes à peine ont exercé la fonction de présidente du Jury : Olivia de Havilland, Sophia Loren, Michèle Morgan, Ingrid Bergman, Jeanne Moreau, Françoise Sagan, Isabelle Adjani, Liv Ullmann, Isabelle Huppert, Jane Campion et Cate Blanchett.
Cette année, 19 hommes et quatre femmes concourent pour la Palme d’or - un record absolu. Dans son édition du 14 mai, Le Monde relève que "Jamais, depuis 1999, il n’y eut plus de quatre femmes en compétition sur la vingtaine de films choisis chaque année." Décidément, la parité, au cinéma, n'est pas moteur, comme le montre cet éloquent graphique...
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