Caster Semenya : "Je ne vais pas avoir honte d'être différente"

Malgré ses nombreux recours, Caster Semenya reste aujourd'hui privée de sa course fétiche - le 800m - parce qu'elle refuse un traitement hormonal pour faire baisser son taux de testostérone. Dans un entretien à la BBC, l'athlète sud-africaine hyperandrogène se dit déterminée à se "battre" jusqu'au bout pour les femmes.

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Caster Semenya

Dans cette photo d'archives du dimanche 30 juin 2019, la Sud-Africaine Caster Semenya avant de participer à la course du 800 mètres féminin lors de la Prefontaine Classic, une réunion d'athlétisme de la Ligue de diamant de l'IAAF, à Stanford, en Californie, forcée de quitter sa course préférée par World Athletics.

©Photo AP/Jeff Chiu
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"Au bout du compte, je sais que je suis différente. Je me moque des termes médicaux et de ce qu'ils me disent. Naître sans utérus ou avec des testicules internes. Je n'en suis pas moins une femme", déclare Caster Semenya.

Ce sont les différences avec lesquelles je suis née et je les assume. Je ne vais pas avoir honte parce que je suis différente. Caster Semenya, athlète sud-africaine

"Ce sont les différences avec lesquelles je suis née et je les assume. Je ne vais pas avoir honte parce que je suis différente", ajoute-t-elle lors de cet entretien accordé à la BBC.

Caster Semenya, double championne olympique (2012 et 2016) et triple championne du monde du 800 m, est privée de sa course fétiche parce qu'elle refuse un traitement hormonal pour faire baisser son taux de testostérone. La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) l'a estimée victime de discriminations, en première instance.

La championne présente un excès naturel d'hormones sexuelles mâles et livre depuis plus de dix ans un bras de fer avec la Fédération internationale d'athlétisme (World Athletics, ex-IAAF), dont le règlement l'empêche de courir sur 800 m. Le Tribunal arbitral du sport (TAS), conforté ensuite par la justice suisse, a confirmé ce dernier.

Caster Semenya toujours en lutte

La Sud-africaine Caster Semenya participe à une série du 5 000 mètres féminin aux Championnats du monde d'athlétisme, le mercredi 20 juillet 2022, à Eugene, Oregon(Etats-Unis).

©AP Photo/Ashley Landis

La Cour européenne des droits de l'homme lui donne raison

La Sud-Africaine de 32 ans a porté l'affaire devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), laquelle lui a donnée raison. L'arrêt rendu en juillet n'invalide toutefois pas le règlement de World Athletics et n'ouvre pas directement la voie à son retour sur 800 m sans traitement.

Les autorités helvètes ont en outre obtenu la saisine de la Grande chambre de la CEDH, sorte d'instance d'appel dont les décisions sont définitives.

Nous devons décider ce qui est bon pour nous. Ce n'est pas à un autre sexe de décider ce à quoi nous devons ressembler. Caster Semenya

Cette bataille judiciaire, "c'est la raison pour laquelle nous nous battons pour le sport féminin", estime Caster Semenya. "L'importance du sport féminin n'est pas prise au sérieux et nous devons prendre notre corps en main. Nous devons décider ce qui est bon pour nous. Ce n'est pas à un autre sexe de décider ce à quoi nous devons ressembler".

J'étais peut-être une jeune fille d'une zone rurale, mais mes parents m'ont dit de me valoriser et de ne jamais me considérer comme inférieure aux autres. Caster Semenya, The race of myself

"J'étais peut-être une jeune fille d'une zone rurale, mais mes parents m'ont dit de me valoriser et de ne jamais me considérer comme inférieure aux autres, quelles que soient mes origines ou les circonstances", confie l'athlète dans une autobiographie The race to be myself. Memoirs publiée en octobre dernier.

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