"Charge mentale des femmes" : les illusions perdues de la dessinatrice Emma sur les médias

En mai dernier, la dessinatrice française Emma publiait sur sa page Facebook une bande dessinée sur "la charge mentale". Partagée dans le monde entier, elle a vite alimenté les discussions et envahi les médias. L'auteure reproche à certains de se contenter de donner des conseils aux femmes pour alléger cette charge sans appeler par exemple à plus d'égalité. 
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La faute des femmes Emma
Dans une nouvelle BD, la dessinatrice Emma lance "un coup de gueule" contre certains médias qui, plutôt que de prôner l'égalité, ont livré des conseils aux femmes pour réduire le poids de cette contrainte domestique. 
©Emma
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"La faute aux femmes"... Encore ?! C'est ainsi que la dessinatrice Emma a titré son "coup de gueule" en BD qu'elle a publié sur sa page Facebook début septembre 2017.


L'auteure y exprime sa désillusion et sa colère quant à la manière dont certains médias ont traité la question de "la charge mentale". Sujet qu'elle a mis en lumière dans ses planches publiées elles aussi sur Facebook en mai dernier, sous le titre "Fallait demander"

Petit rappel

 "La charge mentale", c'est tout ce travail d'organisation domestique invisible qui incombe encore - en plus des autres tâches ménagères - largement aux femmes dans les couples hétérosexuels. 

> Lire notre article sur la BD d'Emma > : "La charge mentale portée par les femmes, une évidence quotidienne"

Sa BD avait reçu un succès international inattendu pour Emma, ingénieure informaticienne de 36 ans, qui a ensuite publié son album Un autre regard (Editions Florent Massot).

Désillusions d'Emma

Pendant tout l'été, l'auteure a lu les articles qui traitaient de la charge mentale. « Allait-on enfin proposer des solutions politiques pour nous décharger de notre 2ème journée ? Les médias allaient-ils encourager l’allongement du congé paternité ? La formation à l’égalité dès la petite enfance ? », s'interroge-t-elle. 

Désillusions et désespoir d'Emma quand elle découvre que certains articles proposent en fait de donner des conseils aux femmes  - et uniquement à elles- pour alléger leur charge mentale. Exemples : « accepter de prendre du temps pour soi, lâcher prise, fredonner en cas de panique » ou encore « ne faites pas l’erreur de vous occuper de tout à la naissance du bébé ». 

« Il m’a quand même semblé que parmi ces lumineux conseils, il manquait quelque chose, souligne Emma. Vous savez, ce truc qui constitue l’autre moitié d’un couple hétéro ? Ouais, voilà ! Les hommes ! » En vain, elle n’a trouvé aucun conseil à destination des hommes pour « prendre leur part de la charge mentale ». 

« Tout ça m’a fait de la peine c’est sûr, mais c’est pas pour autant que je vais baisser les bras », concède Emma après avoir fait ce constat.  

Une autre parole des hommes

D'autres donnent tout de même à entendre une parole alternative. C’est le cas de Daron, un nouveau magazine français consacré à tous les pères qu’ils soient en couple, en solo, hétéros ou gays.

A revoir l’interview de son directeur de publication Hugo Gaspard, invité en juillet de TV5MONDE : 

Et à la lecture de certains commentaires sur sa page Facebook nous avons pu constater que sa BD sur la charge mentale aura bien fait réfléchir nombre de couples, femmes ET hommes.

Avec ma femme, nous avons mis un mot sur un sentiment d'injustice qu'elle ressentait et n'arrivait pas à m'exprimer et ce mot c'est "charge mentale"
Un lecteur d'Emma

Un exemple avec ce témoignage de Grégory Wajs : « si ta BD n'a peut-être pas eu l'impact que tu souhaitais dans les médias, elle en a eu et c'est indiscutable, dans les foyers. Avec ma femme, nous avons mis un mot sur un sentiment d'injustice qu'elle ressentait et n'arrivait pas à m'exprimer et ce mot c'est "charge mentale". Depuis, plutôt que de "l'aider", je prends à ma charge certaines tâches et la libère de ce poids. De son côté, elle fait aussi l'effort de se dire que pour telle tâche, c'est moi qui suis responsable et qu'il ne faut pas qu'elle l'ai en tête. Merci donc pour ta BD qui a eu un impact certain sur notre couple et probablement sur d'autres comme nous. »