Pour la deuxième fois dans son histoire, le Chili élira une femme présidente. Et ce sera sans doute la même que la première… Ce 15 décembre 2013, deuxième tour de la présidentielle, la socialiste Michelle Bachelet, qui a déjà présidé le pays de 2006 à 2010, devrait l'emporter contre Evelyn Matthei, ministre du Travail du président conservateur sortant Sebastian Pinera. Ce duel féminin aura fasciné au delà des frontières chiliennes.
Les candidates Evelyn Matthei (de droite mais à gauche sur la photo) et la socialiste Michelle Bachelet sont toutes les deux filles de généraux.
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Les chances d'Evelyn Mattheï, la candidate de la droite sortante, de gagner face à Michelle Bachelet, la favorite des sondages depuis des mois, restaient bien faibles au lendemain du premier tour de la présidentielle chilienne, malgré la surprise des 25% de suffrages obtenus. Michelle Bachelet, ex présidente, à nouveau candidate du centre gauche, avec ses près de 47% de bulletins récoltés au le 17 novembre, est quasiment assurée d'être la prochaine présidente. Cependant si ces deux femmes s'affrontent, c'est avant tout sur deux visions politiques du Chili. la troisième femme en lice pour cette présidentielle, la couturière Roxana Miranda, s'est déclarée satisfaite du un peu plus de 1% d'électeurs qui ont eu l'audace de la suivre...
Une histoire commune et deux destins opposés Ce duel féminin semble donc sans surprise sur le plan politique mais fascine les Chiliens car, ironie de l'histoire, les deux candidates se connaissent depuis toutes petites et ont traversé l'histoire dans des positions diamétralement opposées. Filles de généraux, Michelle Bachelet et Evelyn Matthei ont grandi dans la même base militaire de Quintero. Leurs familles se connaissent très bien, même si politiquement tout les sépare. Quand le socialiste Salvador Allende est élu président du Chili en 1970, le général Bachelet se met au service de son gouvernement alors que le général Matthei part occuper un poste à l’étranger. Quand survient le coup d’Etat de septembre 1973, le général Bachelet est arrêté et torturé à l’Academia de guerra aerea (AGA) placée sous la haute direction du... général Matthei, rentré au pays. Avec un père qui monte en grade, Evelyn Matthei bénéficie alors des privilèges du système Pinochet tandis que Michelle Bachelet en découvre les geôles dont la terrible Villa Grimaldi, où elle a été détenue avec sa mère. Engagements différents en faveur des femmes Après le retour de la démocratie en 1988, Evelyn Matthei, devenue économiste, s’engage dans le parti de droite qui s’est distancié du régime Pinochet, Rénovation nationale, et travaille avec Sebastian Pinera. Mais un incident avec ce dernier la fait quitter ce parti et elle rejoint l'Union démocratique indépendante qui revendique l’héritage pinochétiste. A ce titre, elle s'inscrit dans la continuité de l'ultralibéralisme de Milton Friedman et ses Chicago boys. Michelle Bachelet, de son côté, s’engage au Parti socialiste et devient ministre de la Santé en 2000 puis ministre de la Défense. Elle y gagne une grande popularité qui lui permet de devenir la première femme présidente du Chili en 2006. Pour ce nouveau manda elle semble déterminée à réduire la place du secteur privé dans le système universitaire et à solder définitivement l'héritage de Pinochet. Les deux candidates semblaient se retrouver sur un point : elles souhaitaient légaliser la pratique de l'avortement thérapeutique (quand la santé de la mère est en jeu). Mais Evelyn Matthei a dû reculer face à la pression culturelle de cette droite dure, ancrée dans un pays qui refuse toute IVG même quand la vie d'une femme est en jeu.
Un premier tour au goût de victoire pour Michelle Bachelet