
La vie de Christiane Desroches-Noblecourt est une histoire de combats, liés à son amour débordant pour l’Égypte ancienne. Une passion née au moment de la découverte de la tombe de Toutankhamon. Les images fascinent la fillette, alors âgée de neuf ans, qui décide de se consacrer à l’Égypte et à son patrimoine. Fille d’avocat, née à Paris en 1913, elle ne ménage pas ses efforts pour devenir la première femme égyptologue, dans les années 1950. Elle obtient deux doctorats et intègre la prestigieuse École du Caire, ou Institut français d’archéologie orientale. Malgré son cursus impressionnant, elle doit affronter la réticence du milieu de l’égyptologie, composé d’hommes. Sur cette période, Christiane Desroches-Noblecourt confie au Monde : « Quand j’ai été nommée, il y a eu une sorte de cabale contre moi, les autres membres voulaient me faire virer : « C’est une gamine ! Elle mourra sur les chantiers ! » Résultat, ils ont tous été malades et c’est moi qui les ai soignés ! » Pendant la Seconde guerre mondiale, une nouvelle épreuve l’attend. Résistante, elle est arrêtée par la Milice à Moulins en décembre 1940, avant d’être libérée deux jours plus tard. Au cours de cette période, elle rencontre André Noblecourt, qu’elle épouse en 1942.

LES TEMPLES D'ABU SIMBEL SAUVÉS PIERRE PAR PIERRE Dix ans plus tard débute le combat qui la rend mondialement célèbre. Lorsqu’elle apprend que la barrage d’Assouan va submerger la Nubie, Christiane Desroches-Noblecourt convainc Nasser en personne et le directeur général de l’Unesco que les temples peuvent être sauvés. Son fort caractère et son abnégation lui permettent de s’imposer. Cinquante pays participent à l’effort pour déplacer, souvent pierre par pierre, une vingtaine de temples, dont ceux d’Abou Simbel, de Philae et D’Amada. Une lutte vaillamment remportée mais suivie aussitôt d’une autre : en pleine crise de Suez, elle se démène contre la dispersion de la bibliothèque de l’Institut français d’archéologie orientale. Ses relations lui permettent à nouveau de parvenir à ses fins. Auteure d’une trentaine de livres, Christiane Desroches-Noblecourt a joué un rôle majeur dans la diffusion du savoir sur l’Égypte antique. À la fin des années 1960, elle organise au Louvre deux expositions au succès retentissant. « Toutankhamon » et « Ramsès II » attirent près de 2,5 millions de visiteurs. Deux des nombreuses réussites de la grande dame de l’archéologie.
Retour sur le parcours de Christiane Desroches-Noblecourt
Reportage de France Télevisions réalisé en 2003, à l'occasion des 90 ans de l'égyptologue