Fil d'Ariane
Le ministre des Affaires étrangères du Canada Chrystia Freeland a annoncé qu'elle discute avec le Mexique l'Union européenne et Japon sur la possibilité d'imposer des tarifs contre l'industrie automobile américaine.
— Ezints (@ezints) 19 juin 2018
Cette mère de trois enfants parle cinq langues : anglais, français, italien, russe et ukrainien. Elle a un diplôme en histoire et littérature ainsi qu'une maîtrise en études slaves. Élue une première fois sous la bannière libérale à Toronto en novembre 2013, elle est réélue en octobre 2015 et est tout d’abord nommée ministre du Commerce international.
C’est à ce titre qu’elle va mener les négociations entre le Canada et l’Union européenne pour le traité de libre-échange. On se souvient d’elle, les larmes aux yeux, épuisée après une nuit d’intenses discussions menées parce que le représentant de la Wallonie menaçait de faire capoter ces négociations à la dernière minute. Elle avait tenu, résisté et elle avait gagné sa cause.
Une répétition en quelque sorte, avant d’aller affronter la nouvelle administration américaine…
Nous devons réagir de manière calme et intelligente, mais nous devons rester fermes et toujours se souvenir de nos valeurs
Chrystia Freeland, ministre des Affaires étrangères du Canada
Depuis bientôt un an, la ministre Freeland consacre 80% de son temps aux renégociations de l’ALENA. Elle a passé plus de temps en mission à Washington qu’à Ottawa, multipliant les rencontres avec les Sénateurs, les députés, les gouverneurs américains afin de leur vanter les mérites du libre-échange entre le Canada et les États-Unis, afin de faire contrepoids aux décisions de l’administration Trump. C’est tellement intense qu’elle avoue en rêver la nuit ! « Une nuit à 3h30 du matin, j’ai dit à mon mari : j’ai une très bonne idée sur les règles d’origine des automobiles, il m’a répondu : mais dors, il est 3h et demi ! » raconte-t-elle en riant.
Jusqu’à maintenant, neuf chapitres pour renouveler cet accord ont été conclus, ce qui est déjà considérable a précisé la ministre lors d’une conférence au Conseil des relations internationales de Montréal. Mais il reste des sujets qui accrochent, et non les moindres : le mécanisme de gestion des conflits, que les Américains veulent éliminer car il a plus souvent qu’autrement été à leur désavantage au cours des dernières années. Ils aimeraient aussi renégocier l’accord tous les 5 ans, ce que refusent les Canadiens et les Mexicains.
Enfin il y a toute la question de la « gestion de l’offre » qui permet au Canada de protéger son marché agricole des produits américains et que bien sûr, Washington veut annuler, ce qui est hors de question pour Ottawa. « Nous sommes prêts à parler et à chercher des compromis, explique Chrystia Freeland, nous devons réagir de manière calme et intelligente, mais nous devons rester fermes et toujours se souvenir de nos valeurs ». La ministre prend soin de préciser que le Canada se prépare à tout, incluant le pire, soit le retrait des Américains de l’ALENA.
Les exportations considérables du Canada vers les États-Unis rendent son économie très dépendante de celle de son voisin du sud. Chrystia Freeland sait à quel point elle marche sur des œufs dans ces discussions difficiles, à la merci de quelques tweets intempestifs postés par le président américain. Son discours ferme, mais toujours dans les limites de la diplomatie, lui ont valu le titre de « diplomate de l’année » décerné par magazine américain Foreign Policy, prix qu’elle est allée chercher le 13 juin 2018 à Washington où elle a prononcé un discours qui a marqué (vidéo en anglais ci dessous). Un rappel à préserver la démocratie : "L'idée que la démocratie pourrait vaciller, ou être renversée dans des endroits où elle s'était auparavant épanouie, peut sembler farfelue. Mais d'autres grandes civilisations se sont élevées, puis sont tombées. C'est de l'orgueil de penser que nous serions résolument différents."
Chrystia Freeland spoke honestly & openly today en (parfait) français à @corim_mcfr à Montréal. We are so fortunate to have strong foreign affairs leadership representing Canada & international diplomacy. Merci @cafreeland pour un super conference aujourd'hui. pic.twitter.com/hlUuR3KYJA
— KATE ARTHUR (@KTAinMTL) 21 juin 2018
La politique étrangère du gouv. Trudeau est rempli de bonne volonté, mais truffé de faiblesses. Jocelyn Coulon du @CERIUdeM soulève de bonnes questions/critiques notamment sur la montée du populisme en Occident et dans les sociétés libérales. À lire ! https://t.co/Y4dris89MK
— Stéfanie Tougas (@StefTougas) 27 juin 2018