Mes condoléances à la famille de Marie-Claire Kirkland-Casgrain. Elle a tracé le chemin aux femmes en politique.https://t.co/qwVnShA4YS
— Philippe Couillard (@phcouillard) 24 mars 2016
La « première femme » de beaucoup de choses
Claire Kirkland-Casgrain a été la première femme élue à l’Assemblée nationale, la première femme ministre et la première femme juge du Québec. Une pionnière donc que cette jeune avocate née au Massachusetts en 1924 et qui passera une partie de sa carrière à défendre les intérêts des femmes.
Elle se fait élire sous la bannière libérale en décembre 1961 et devient ainsi la première femme à faire son entrée dans l’hémicycle masculin du parlement québécois. Elle y restera 12 ans.
Lors de son investiture, les journaux se posent des questions en apparence annecdotiques, en réalité emblématiques du pouvoir jusque là exclusivement décliné au masculin : portera-t-elle ou non un chapeau en Chambre ? Les femmes qui assistent aux débats dans les galeries doivent en effet porter un couvre-chef. Qu’en est-il pour une députée? Seule femme parmi 95 députés, Kirkland constate aussi qu’il n’y a pas de toilettes pour dames dans l’hôtel du Parlement, ce qui l’oblige à emprunter celles des hommes. « C’est un oubli de l’architecte », lui répond-on... comme si Eugène-Étienne Taché, le bâtisseur, avait pu prévoir l’élection d’une femme quand il dessina l’édifice... en 1876.

Elle a tour à tour occupé les postes de ministre des Transports et des Communications, ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et ministre des Affaires culturelles.
On lui doit la création du Conseil du statut de la femme…mais aussi de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec, école de référence en la matière.
Claire Kirkland-Casgrain a changé le visage de la condition féminine au Québec. Nous avons perdu une grande dame. https://t.co/yk0bAwbQ17
— AnneFrance Goldwater (@AFGoldwater) 24 mars 2016
Elle a aussi fait adopter en 1964 la loi qui autorise les femmes mariées à signer des contrats, mettant ainsi fin à l’incapacité juridique d’une femme qui l’empêchait de signer un bail ou d’ouvrir un compte en banque si son mari ne signait pas à sa place. Une hérésie quand on y pense… Après son élection, Claire Kirkland-Casgrain avait dû demander à son mari de signer le bail de l’appartement qu’elle voulait louer à Québec. Une expérience qui l’avait marquée : « ayant pratiqué le droit pendant 10 ans, j’avais vu l’injustice dont étaient victimes certaines femmes mariées quand le mari tirait avantage du fait que son épouse était 'incapable' devant la loi » avait-elle alors déclaré…
Quand elle quitte la politique, cette mère de trois enfants devient la première femme à être nommée juge à la Cour provinciale en 1973. Elle prend sa retraite en 1991.
Un déluge d’hommages à l’annonce de son décès
Quelle carrière phénoménale et combien de barrières cette femme a réussi à faire tomber ! Les hommages se sont succédé pour lui honorer sa mémoire et cette vie exceptionnelle.
Sur Twitter, le premier ministre Justin Trudeau s’est dit attristé par son décès. « Merci d’avoir pavé la voie aux femmes » a écrit la ministre québécoise de l’Économie Dominique Anglade également sur twitter.
Claire Kirkland-Casgrain (1924-2016), merci d'avoir pavé la voie... #Assnat #Polqc pic.twitter.com/WiYjS9IhTV
— Dominique Anglade (@DomAnglade) 24 mars 2016
Le Conseil du statut de la femme, qui lui doit donc sa création, a loué « Une figure inspirante pour celles et ceux qui travaillent pour une réelle égalité… La parité dans les lieux de pouvoir n’est malheureusement toujours pas une réalité ici. Nous avons donc encore besoin de nous inspirer de son courage et de sa ténacité pour y arriver ».
Décès de M-C Kirkland-Casgrain: une pionnière, un modèle & une femme d'exception => https://t.co/6hhCYgXmeV #UMQ pic.twitter.com/HcC8lM9m6b
— UMQ (@UMQuebec) 24 mars 2016
Lise Thériault, ministre québécoise de la Condition féminine, a parlé d’un « véritable symbole pour l’histoire des femmes au Québec. En tant que femmes, nous lui sommes donc énormément reconnaissantes. Son apport précieux à la cause de l’égalité entre les femmes et les hommes restera gravé dans notre mémoire collective ».
Marie-Claire Kirkland, femme exceptionnelle et symbole puissant de l’accès des femmes à la politique et de l'#'égalité #polqc
— J. Miville-Dechêne (@mivillej) 24 mars 2016
« Toutes les Québécoises et les Québécois lui doivent beaucoup » a déclaré Pierre Karl Péladeau, le chef du Parti Québécois, le principal parti d’opposition au Québec.
« Elle fut la première à briser le plafond de verre pour toutes les femmes en politique » a renchéri François Legault, le chef du troisième parti politique du Québec, la Coalition Avenir Québec.
Nous lui devons effectivement et indéniablement beaucoup. Merci madame et bon voyage…
