L’arrestation
Dans un climat de dénonciations anti-communistes qui cible TV Cultura, Vladimir Herzog est convoqué par la Doi-Codi, l’organe de répression politique de la dictature. Depuis quelques jours, un journaliste et deux députés dénoncent régulièrement l’infiltration de communistes étrangers tapis dans l’ombre les caméras de TV Cultura. « Lorsqu’il a été arrêté, une dizaines d’autres journalistes dont le directeur de TV Cultura avaient été interrogés. Ils disaient qu’il ressortirait dans 24 heures », se souvient Clarice. Le lendemain, on lui annonce le « suicide » de Vladimir Herzog dans les locaux de l’organe de répression. Plusieurs journalistes emprisonnés le même jour, témoigneront avoir entendu les cris de leur collègue soumis à de violents chocs électriques.
La nouvelle de la mort de Vladimir Herzog suscite une onde d’émotion. Des rues sont barrées pour empêcher les étudiants d’assister à l’enterrement. Huit jours plus tard, une célébration oecuménique donnée par Dom Paulo, l’archevêque de Sao Paulo, réunit des milliers de personnes, une première depuis les manifestations de 1968 durement réprimées. Pour se blanchir, les tortionnaires ont pris soin de maquiller le meurtre en suicide, commettant une mise en scène une macabre, en photographiant le corps de la victime pendu à la poignée d’une fenêtre. « Je n’ai jamais cru à la thèse du suicide, cela ne tenait pas la route. Avant l’enterrement, la personne qui lavait les corps, nous a tout de suite fait part des traces de tortures », témoigne Clarice Herzog.
Fille d’ingénieur et couturière, Clarice s’engage alors dans une quête obstinée de vérité. Elle tente immédiatement de réunir les preuves de l’homicide. Pour cela, il lui faut trois médecins pour attester des traces de torture. Elle n’en trouvera qu’un, car « tous les autres étaient morts de peur ». Alors qu’elle s’apprête à attaquer l’Etat brésilien, le syndicat de journalistes qui lui fournit un avocat, jette l’éponge face aux menaces du pouvoir.
Les coups de fil d’insultes et de menaces – souvent antisémites – se multiplient à son domicile. Une voiture de police surveille les allers et venues en bas de chez elle. « Mais en réalité a dictature n’a jamais osé me menacer directement. La mort de Vladimir Herzog avait fait trop de bruit, il y avait même eu des articles dans le Washington Post. Je crois que j’étais peut être même plus en sécurité que mes voisins », veut croire Clarice Herzog, avec l’insouciance de ceux qui ont dû braver bien des dangers.