Back to top
Le prix Nobel d’économie 2023 a été attribué à Claudia Goldin, 77 ans, de la prestigieuse université d’Harvard, aux États-Unis. L’enseignante est récompensée pour ses travaux sur la place des femmes dans le marché du travail.
Le prix Nobel d’économie a été attribué à l’Américaine Claudia Goldin, 77 ans, pour son travail autour de la situation des femmes sur le marché du travail.
"Je me suis toujours considérée comme un détective ! Le détective croit toujours qu’il existe un moyen de trouver la réponse et c’est ainsi que j’ai toujours fait des recherches."
Voilà la première réaction de la professeure américaine Claudia Goldin, de la prestigieuse université d’Harvard, aux États-Unis, lorsqu'elle a appris qu'elle était récompensée du Prix Nobel d'économie pour ses travaux sur les femmes dans le marché du travail. Cette économiste américaine "a donné un aperçu nouveau et souvent surprenant du rôle historique et contemporain des femmes sur le marché du travail", précise l'académie.
Claudia Goldin est née à New York en 1946. Elle a fréquenté le Bronx High School of Science et l'Université Cornelle. Elle a terminé son doctorat en économie l'Université de Chicago en 1972.
En 1990, Claudia Goldin est devenue la première femme titulaire au département d'économie de l'université d'Harvard. Elle est codirectrice du groupe d’étude sur le genre dans l’économie du Bureau national de recherche économique (NBER) et a été directrice du programme de développement de l’économie américaine du NBER de 1989 à 2017.
Elle a consacré la grande partie de sa carrière aux femmes dans le monde du travail, et signé de nombreux ouvrages sur ses recherches comme Comprendre l'écart entre les sexes : une histoire économique des femmes américaines (New York: Oxford University Press, 1990) et Carrière et famille : le parcours d’un siècle des femmes vers l’équité (Princeton Public Library) publié en 2021.
Aujourd’hui, il y a plus de femmes diplômées d’université que jamais auparavant, et davantage de femmes souhaitent avoir une carrière et une famille, mais les défis persistent au travail et à la maison. Claudia Goldin
"Il y a un siècle, il était évident qu’une femme titulaire d’un diplôme universitaire devait choisir entre avoir une carrière et fonder une famille. Aujourd’hui, il y a plus de femmes diplômées d’université que jamais auparavant, et davantage de femmes souhaitent avoir une carrière et une famille, mais les défis persistent au travail et à la maison.", écrit l'universitaire dans son dernier livre.
"Les lois anti-discrimination et les managers impliqués pour plus d'égalité, bien que précieux, ne suffisent pas. Cet ouvrage explique pourquoi nous devons apporter des changements fondamentaux à notre façon de travailler et comment nous devons valoriser les soins si nous voulons un jour atteindre l'égalité des sexes et l'équité dans les couples", lit-on également dans le résumé.
Le site du Prix Nobel publie sur son compte X ces quelques précisions sur les travaux de la lauréate : "Claudia Goldin, a montré que la participation des femmes au marché du travail n'a pas suivi une tendance à la hausse sur une période de 200 ans, mais forme plutôt une courbe en forme de U. La participation des femmes mariées a diminué avec la transition d’une société agraire à une société industrielle au début du XIXe siècle, mais a ensuite commencé à augmenter avec la croissance du secteur des services au début du XXe siècle. Goldin a expliqué cette tendance comme le résultat d’un changement structurel et de l’évolution des normes sociales concernant les responsabilités des femmes à l’égard du foyer et de la famille".
Historiquement, une grande partie de l’écart de rémunération entre hommes et femmes pourrait s’expliquer par des différences en matière d’éducation et de choix professionnels. Toutefois, la lauréate des sciences économiques de cette année, Claudia Goldin, a montré que l’essentiel de cette différence de revenus se situe désormais entre les hommes et les femmes exerçant la même profession et qu’elle survient en grande partie à la naissance du premier enfant.
Dans un entretien avec le Financial Times, rappelle la newsletter féministe Les Glorieuses, Claudia Goldin affirmait "En ce qui concerne l’écart salarial entre hommes et femmes, il ne fait aucun doute qu’il existe une discrimination, qu’il y a des managers partiaux. Il y a des gens méchants dans tous les coins de rue. Nous pouvons en parler éternellement. Il y en a partout et nous devrions nous en débarrasser. Mais même si nous le faisions, même si nous étions capables de le faire, ce qui est assez difficile, et nous consacrerions beaucoup de ressources à essayer de le faire, nous serions toujours confrontés à cet autre problème, qui est systémique".
Cette reconnaissance représente une distinction certaine pour la lutte pour l’égalité et un pas certain de plus vers l’égalité salariale. Les Glorieuses
Les Glorieuses se réjouissent de ce prix Nobel : "Cette reconnaissance représente une distinction certaine pour la lutte pour l’égalité et un pas certain de plus vers l’égalité salariale".
Et d'évoquer l’expression de "greedy work ", (travail cupide, traduction). Ce terme désigne "un travail qui rémunère de manière disproportionnée quelqu'un qui travaille un plus grand nombre d'heures (un homme par exemple) qu’une personne qui a moins de contrôle sur ces heures (une femme par exemple). Les femmes - du fait des attentes sociétales qui leur sont imposées - ont moins de flexibilité dans le monde du travail et leur salaire en pâtit". Citant le travail de Claire Cain Miller pour le New York Times, Claudia Goldin a repris cette expression pour évoquer les freins qui persistent encore aujourd’hui pour endiguer les inégalités salariales.
Instauré en 1969, le Nobel d'économie n'avait jusqu'à aujourd'hui récompensé que deux femmes : Elinor Ostrom, en 2009, bien que celle-ci ne fût pas une économiste mais une professeure de sciences politiques, et Esther Duflo en 2019.
Lire aussi dans Terriennes :