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Claudia Lopez : femme, lesbienne et nouvelle maire de Bogota

Dans une Colombie connue pour être un pays traditionnellement machiste, l'élection d'une femme à la mairie de sa capitale, Bogota, fait figure de révolution. Combattante anti-corruption, lesbienne assumée, et oratrice de talent, cette femme, c'est Claudia Lopez, 49 ans, candidate de centre gauche soutenue par le Parti vert.
 

"Aujourd'hui, Bogota a voté non seulement pour que la ville change dans les quatre années à venir, mais aussi pour que cette génération change notre société (...) La capitale a voté pour que nous nous libérions du machisme, du racisme, du classisme, de l'homophobie et de la xénophobie". Premières phrases de Claudia Lopez, tout juste élue maire de Bogota, sous les ovations de ses partisans.

La capitale a voté pour que nous nous libérions du machisme, du racisme, du classisme, de l'homophobie et de la xénophobie.
Claudia Lopez, maire de Bogota

Dans une Colombie profondément ancrée dans ses racines catholiques et traditionnellement dirigée par des hommes des élites libérale et conservatrice, peu aurait sans doute  parié il y a encore quelques années sur la victoire d'une femme, et qui plus est,une femme qui n'a jamais caché son homosexualité. Cette ex-sénatrice de l'opposition de gauche inflige en outre le premier camouflet politique à la droite conservatrice au pouvoir depuis à peine un peu plus d'un an en Colombie. Choisie par 35,21% des électeurs.trices, elle devance de trois petits mais précieux points son principal adversaire, le libéral Carlos Fernando Galan (32,48%).

Du caractère et des origines modestes

"Je suis une femme. Je suis candidate d’un parti de centre gauche. Je suis lesbienne et cela ne devrait pas importer dans le débat public […] mais en Colombie, ce n’est pas sans importance", déclarait-elle peu avant l'élection. Largement en tête des intentions de vote durant la campagne, sa côte s'était peu à peu effritée, mais elle restait placée devant ses adversaires.

Je suis lesbienne et cela ne devrait pas importer dans le débat public […] mais en Colombie, ce n’est pas sans importance.
Claudia Lopez

Pour Yann Basset, analyste de l'université du Rosario, c'est "le vote indépendant, éloigné des partis traditionnels" qui l'a emporté dimanche. Selon lui, Claudia Lopez est le "symbole d'une grande ville, moderne, cosmopolite, ouverte".

(MERCI BOGOTÁ! Nous avons fait cette campagne du fond de l'âme, avec conviction, avec une grande équipe, convaincus que nous pouvons nous unir et écrire l'histoire! J'ai appris, j'ai grandi, j'ai apprécié, j'ai parcouru toutes les rues, j'ai embrassé des milliers d'hommes et de femmes, garçons et filles, des jeunes dont nous honorerons la confiance!)


Née le 9 mars 1970 à Bogota, fille d’institutrice, celle qui est devenue docteure en sciences politiques revendique ses origines modestes. Homosexuelle assumée, elle vit avec sa compagne, Angelica Lozano, sénatrice du Parti vert. 

Diplômée en finance, gouvernement et relations internationales, elle est titulaire d'une maîtrise en administration publique et en politique urbaine à l'université de Columbia à New York. En 2013, elle a commencé un doctorat en sciences politiques à Chicago qu’elle a soutenu cette année. .

Consultante auprès de l'ONU, elle collabore avec plusieurs médias colombiens, tels que l'émission populaire Hora 20 de Caracol radio, le portail La Sillà Vacia, et le site web du magazine Semana. C'est sur ce site qu'elle publie une série de reportages qui vont lui donner une certaine notoriété. Elle y dénonce des anomalies dans les processus électoraux régionaux. Ces reportages ont contribué à la série d'événements qui ont conduit à la découverte du scandale des parapolitiques en 2006. Parmi les politiciens mis en cause, le gouverneur d'Antioquia, Luis Alfredo Ramos. Dans son enquête, Claudia Lopez l'accusait d'avoir obtenu des votes grâce à l'aide de groupes paramilitaires d’extrême droite.
 

claudia et angelica
Claudia Lopez, à gauche, et la sénatrice Angelica Lozano, promotrices d'un référendum national visant à lutter contre la corruption, s'adressent à leurs partisans après la fermeture des bureaux de vote à Bogota, en Colombie, dimanche 26 août 2018. Près de 11,7 millions de Colombiens ont voté, mais le référendum était tout juste en deçà du seuil de participation requis pour faire avancer les mesures visant à améliorer la transparence et à durcir les sanctions applicables aux criminels en col blanc.
 
©AP Photo / Ivan Valencia

Egalement éditorialiste pour le journal El Tiempo, elle en est licenciée en octobre 2009 à la suite d'une chronique dans laquelle elle critiquait la couverture de certaines informations par le journal. Son départ forcé suscite alors la controverse et alimente le débat sur la liberté d'expression et de la presse en Colombie. Ses positions contre la corruption lui valurent d'être menacée de mort et d'être contrainte à l'exil.

En 2014, Claudia López devient sénatrice pour le parti de l'Alliance verte. En 2016, elle se déclare comme pré-candidate à l'élection présidentielle de 2018, toujours au sein du parti vert. Elle sera finalement candidate pour le mandat de vice-présidente, aux côtés du centriste Sergio Fajardo. En août de la même année, elle milite aux côtés de sa compagne en faveur du référendum visant à renforcer la lutte anti-corruption, qui n'a pu être validé (de très peu) en raison d'une participation insuffisante.

Dans son livre ¡Adiós A Las Farc! ¿Y ahora qué? publié en 2016, elle présente sa vision sur la façon de mettre fin au conflit armé avec les FARC (Force armées révolutionnaires de Colombie, ndlr). Bien que favorable au processus de paix, Claudia Lopez a refusé toute alliance avec le parti Farc, en raison du passé violent des ex-guérilleros.

"Véhémente dans les débats, et parfois téméraire dans ses accusations, Claudia s’est gagnée une réputation de femme agressive. (...) Son caractère trempé fait craindre à certains une dérive autoritaire. Aux yeux de ses partisans, il est un gage de succès", écrit le quotidien Le Monde.

Comme pour symboliser cette nouvelle ère, c'est le 1er janvier prochain, à l'aube de la nouvelle année que la première "mayor" de Bogota prendra ses fonctions.

(Concernant la maire nouvellement élue de Bogotá @ClaudiaLopez, il faut saluer ses origines modestes et qu’elle n’appartient pas à l’élite politique, mais il convient également de souligner qu’elle est ouvertement LESBIENNE dans une région ouvertement machiste comme l’Amérique latine, c’est une victoire absolue.)
 
vote colombie
Une religieuse recherche son bureau de vote lors des élections locales et régionales à Bogota, en Colombie, le dimanche 27 octobre 2019. Les Colombiens se sont rendus aux urnes dimanche pour choisir leurs maires, leurs gouverneurs et leurs représentants locaux et régionaux.
 
©AP Photo / Ivan Valencia