En Ouganda, les forêts recouvraient 40% du territoire il y a quarante ans ; il n’en reste que la moitié aujourd’hui. En 2002, une grande entreprise de sucre,
Kakira, a abattu 1250 hectares de la forêt de Butamira (à l’est de Kampala, la capitale) pour étendre ses plantations. La compagnie de sucre avait promis, face aux contestations de la communauté vivant près de cette forêt, de créer des emplois. Mais le seul travail offert fut le désherbage occasionnel de la plantation.
Une des femmes témoigne dans le rapport CARE des conséquences au quotidien, de la perte de cette forêt : « J’étais habituée à couper des bûches pour le chauffage et les vendre. Cela permettait de bien vivre, assez en tout cas pour payer les frais de scolarité des enfants. Nous ramassions aussi des herbes de la forêt pour les médicaments et nous répandions différentes cultures, ce qui permettait d’avoir assez de nourriture pour toute la communauté. Désormais, il n’y a plus de forêts, mais nous les femmes avons toujours la responsabilité de nourrir nos familles. Même si nous sommes prêtes à travailler, c’est presque impossible de nourrir nos familles. Les femmes de Butamira dépendaient de l’eau, du bois, du miel, des champignons et des autres ressources de la forêt. »
Un nouveau texte "Genre et climat", est en cours d’élaboration en vue de la prochaine Conférence environnementale à Paris en 2015, à laquelle tiennent particulièrement les autorités françaises, pour prendre davantage en compte ces inégalités et le rôle de leaders que peuvent jouer les femmes dans les décisions climatiques. Mais les questions environnementales liées au féminin ne sont pas nouvelles. Elles ont émergé dès les années 70 avec l’éco-féminisme.
Femmes et écologie
Le terme éco-féminisme apparaît pour la première fois chez la femme de lettres
Françoise d’Eaubonne, dans son livre « le féminisme ou la mort » en 1974. Ce mouvement mêle les pensées féministes et écologistes. Il soutient que le comportement de domination et d’oppression sur les femmes est le même que le comportement de contrôle et de pouvoir exercé par les hommes sur la nature. « Le drame écologique découle directement de l’origine du système patriarcal », expliquait Françoise d’Eaubonne, désignant les hommes comme responsables de la crise environnementale.
Une idée également développée par la philosophe
Karen J. Warren, dans "Le pouvoir et la promesse de l’éco-féminisme". Elle y explique que les femmes sont souvent associées à la nature et au physique, tandis que les hommes sont associés à l’humain et au domaine du mental, des valeurs considérées comme supérieures. Les hommes auraient donc été ainsi désignés, par cette construction culturelle, pour dominer les femmes. Ainsi, ils adopteraient plus souvent une attitude de domination et de conquête de la nature, alors que les femmes montreraient plus de respect et de soin pour elle. Elle insiste donc sur le fait qu’une éthique environnementale responsable doit englober le féminisme.