Sur l'ensemble des 88 États et gouvernements membres de plein droit, membres associés et observateurs de l’Organisation internationale de la francophonie, combien ont une femme à leur tête ? Sans suspense, le déséquilibre est flagrant. Au total, treize femmes se retrouvent aux plus hautes fonctions : cinq sont présidentes, deux vice-présidentes et six Premières ministres.
C'est une femme qui dirige l'Organisation internationale de la francophonie depuis quatre ans. Louise Mushikiwabo est la deuxième femme à occuper ces hautes fonctions, la première étant Michaelle Jean. L'Organisation internationale de la francophonie a donc "montré la voie", et elle garde le cap, en mettant les femmes au coeur du 18e sommet de la francophonie qui se tient à Djerba, en Tunisie, les 19 et 20 novembre 2022. Au total, une vingtaine de femmes, dont les deux présidentes du Kosovo et de la Moldavie, ambassadeurs, ministres, ou secrétaires générales - sur 84 personnalités au total- ont fait le déplacement à Djerba pour participer au sommet.
Aujourd'hui, 140 millions de femmes vivent en zone francophone ; en 2050, elles seront 350 millions. Mais combien sont-elles aujourd'hui aux postes de pouvoir ?
Sept femmes dirigeantes parmi les 54 membres de plein droit de l'OIF
Belgique : ancienne Première ministre (d'octobre 2019 à octobre 2020), aujourd'hui v
ice-Première ministre et ministre des Affaires étrangères, Sophie Wilmès.
France : Trente ans après Edith Cresson,
Elisabeth Borne perce le plafond de verre de Matignon et prend les commandes du gouvernement français. Une nomination au fauteuil de
Première ministre qu'elle a tenu à dédier
"à toutes les petites filles, à qui je dis 'allez au bout de vos rêves'".Gabon : Rose Christiane Ossouka Raponda, née le 30 juin 1963 à Franceville, est une femme politique gabonaise, membre du Parti démocratique gabonais. Elle est nommée
Première ministre en juillet 2020.
Comment voit-elle la situation des femmes au Gabon ? Dans cette vidéo, elle répond aux questions de Matthieu Vendrely, rédacteur en chef à TV5monde.
Grèce :
Ekateríni Sakellaropoúlou, ou Katerína Sakellaropoúlou, née le 30 mai 1956 à Thessalonique, est une juge et femme d'État grecque.
D'abord présidente du Conseil d'État entre 2018 et 2020, elle est élue
présidente de la République hellénique en 2020. Après avoir été la première femme à la tête de la plus haute cour de justice, Ekaterini Sakellaropoulou est la première femme présidente de la Grèce dans un pays encore fortement marqué par le patriarcat.
Présentée comme la candidate de "l’unité" et du "progrès" par le chef du gouvernement conservateur, elle a été élue dès le premier tour du scrutin, pour un mandat de cinq ans, sur proposition du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis. Elle ne représente aucun parti politique. Militante féministe, sa nomination devrait bousculer les habitudes dans ce pays dont le gouvernement ne compte que deux femmes.
Moldavie : Maia Sandu, née le 24 mai 1972 à Risipeni, est une femme d'État moldave,
présidente de la république depuis le 24 décembre 2020.
Elle a été élue pour son programme contre la corruption. Aujourd'hui, elle n'a de cesse de vouloir protéger son pays contre le pouvoir de Moscou. Pro-européenne convaincue, elle a officiellement fait une demande d'adhésion de la Moldavie à l'Union européenne.
Ancienne économiste à la Banque mondiale, aux États-Unis, où elle a fait une partie de ses études, Maia Sandu
a été ministre de l’Éducation entre 2012 et 2015.
Présidente, elle a choisi une femme comme Première ministre : Natalia Gavrilița, 44 ans, économiste, en poste depuis le 6 août 2021. Elle aussi est une fervente pro-européenne et anti-corruption. "
Ce gouvernement ne va pas voler", a-t-elle déclaré, promettant de "
nettoyer les structures d’État des (fonctionnaires) corrompus", de réformer la justice et de lutter contre la pauvreté.
Togo : Victoire Tomegah Dogbé, née le 23 décembre 1959 à Lomé, dans la région maritime, est une femme politique togolaise. Elle est
Première ministre depuis septembre 2020, après avoir été ministre du Développement à la base, de l'Artisanat, de la Jeunesse et de l'Emploi des jeunes.
Victoire Tomegah Dogbé, titulaire d'une maitrise en sciences économiques et gestion, commence sa carrière au sein de l'industrie togolaise des plastiques. Elle a été responsable du réseau Shell au Togo.
Sur le terrain diplomatique, elle fait ses armes au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) au Togo, Congo-Brazzaville, Burkina Faso et Bénin.
Victoire Tomegah Dogbé est membre du parti présidentiel UNIR ; à ce titre elle a coordonné la campagne présidentielle dans plusieurs de quartiers de Lomé.
Tunisie : depuis septembre 2021, la Tunisie a une Première ministre. Najla Bouden est la première femme cheffe de gouvernement du monde arabe.
Universitaire et scientifique de formation, elle a 64 ans, le même âge que le président tunisien Kais Saied qui l'a nommée cheffe du gouvernement.
Et parmi les sept pays membres associés de l'OIF ?
Kosovo : À 39 ans,
Vjosa Osmani devient la première présidente de l'histoire du Kosovo. Cette juriste anti-corruption est particulièrement populaire chez les jeunes et les femmes qui voient en elle une source d'inspiration contre le patriarcat. Son élection confirme la montée en puissance des femmes sur la scène politique de ce petit pays des Balkans, où six ministres sur quinze sont des femmes.
Cinq femmes à des postes de pouvoir parmi les 27 pays observateurs de l'OIF
Argentine : Cristina Fernández de Kirchner, vice-présidente argentine fait face, depuis 2013, à plusieurs accusations et inculpations pour délits financiers sans avoir été jamais condamnée à ce jour.
Estonie : Kaja Kallas, née le 18 juin 1977 à Tallinn, est une avocate et femme d'État estonienne membre du Parti de la réforme d'Estonie. Elle est
Première ministre depuis le 26 janvier 2021. Elle est députée au Riigikogu entre 2011 et 2014, puis députée européenne jusqu'en 2018.
[Traduction : L'Estonie et la Finlande sont plus que des voisins – nous sommes des amis proches. Aujourd'hui, nos gouvernements ont organisé un séminaire commun pour discuter de la façon dont nos deux petits pays pourraient travailler ensemble à l'avenir pour être plus grands dans le monde.]
Géorgie : Salomé Nino Zourabichvili est née en France, à Paris. Ancienne diplomate, elle est la
présidente de la Géorgie depuis 2018 et la première femme à être élue à la tête de ce pays.
[Le pouvoir et la créativité des femmes (traduction)]
Lituanie : l'actuelle Première ministre est, depuis le novembre 2020, l'indépendante de centre droit Ingrida Simonyte. Diplômée d'un master des finances à l'université de Vilnius, elle a effectué toute sa carrière au sein de l'administration du ministère des Finances, après avoir été directrice des impôts pendant cinq ans.
Slovaquie : Zuzana Čaputová, née Strapáková le 21 juin 1973 à Bratislava, est une femme d'État slovaque. Après des études de droit, elle devient avocate spécialisée dans les questions de protection de l'environnement et travaille dans des organisations non gouvernementales. Membre du parti social-libéral pro-européen Slovaquie progressiste, dont elle est l'une des fondatrices, mère de deux enfants, divorcée, elle est
présidente de la République depuis 2019, la première femme à ce poste. "La gouvernance des femmes est meilleure que celle des hommes, il faut avoir le courage de le dire."
Trois questions à Madina Tall, porte-parole du parlement des jeunes francophones.
Terriennes : 13 femmes dirigeantes au sein de la totalité des pays membres ou observateurs de l'OIF, 88, comment dire, c'est peu ...
Madina Tall : "Ce n'est pas beaucoup, c'est sûr ! Et surtout, ce n'est pas représentatif du tout du potentiel et des capacités des femmes. Quand on pense que la plupart des femmes, par exemple en Afrique, sont intellectuelles, élitistes et qu'elles agissent dans des domaines variés comme l'entrepreneuriat, le développement, le climat".
Au sein du parlement des jeunes francophones, appliquez-vous la parité ?
"Oui bien sûr, le premier préalable à la participation des candidats au parlement des jeunes, c'est une fille/un garçon. C'est sans compromis et c'est très clair au sein de l'APF". Souvent, on entend dire que, pour pouvoir nommer des femmes à des postes de haute responsabilité, il faut d'abord en trouver... Qu'en pensez-vous ?
"C'est une phrase qui me choque, et qui n'est pas du tout réaliste. Les femmes, elles sont là, ce n'est pas un problème de compétences, mais cela est dû à l'ordre de notre société qui veut que l'homme ait une place prédominante par rapport aux femmes. Aujourd'hui, on n'est plus du tout dans cette mouvance. Les femmes s'affirment de plus en plus, décident de s'engager et de faire en sorte d'accéder à des postes de pouvoir. Il s'agit d'offrir un meilleur environnement pour que les femmes aient une place et obtiennent des postes à responsabilité".
"Quand une femme arrive au pouvoir, ça change des choses, car elle aura à coeur de fémininiser les instances, ainsi qu'à les rajeunir. La gouvernance des femmes est meilleure que celle des hommes, il faut avoir le courage de le dire".