Fil d'Ariane
Dix mots pour les dix ans de #Terriennes.
— TERRIENNES (@TERRIENNESTV5) December 8, 2021
On commence par A, comme #Afroféminisme.
L'écrivaine et militante féministe Ndèye Fatou Kane nous donne sa définition pic.twitter.com/xuhqZAR3PO
When we created #SayHerName, we did so to break through the silence around the killing of Black women + girls. Today & forever, we remember our sisters through song!
— Kimberlé Crenshaw (@sandylocks) September 24, 2021
I am so excited to share this song w/ you. Out now. Watch the powerful lyric video here: https://t.co/UCflyAfmv6 pic.twitter.com/bPsTK2OpAn
Depuis l'Afrique comment regarde-t-on cet afroféminisme ?
La ressemblance entre l'afroféminisme et les féminismes africains, c'est la lutte contre l'homogéinisation blanche. L'émergence des féminismes africains s'est faite en Afrique dans la décolonisation des savoirs. Les premières militantes féministes africains, et notamment au Sénégal, se sont rassemblées en luttant contre la mainmise de la France. C'est un peu une relation d'amour-haine entre le Sénégal et la France, si je puis dire ! Ces féministes se sont mises alors à mener des actions.
La seule convergence que je vois vraiment entre ces féministes et les afroféministes, c'est la lutte contre la blanchité.
Mais ce que je regrette un peu, c'est que rien de ce qui se passe sur le terrain de l'afroféminisme en France ne nous échappe au Sénégal, en revanche, dans l'autre sens, ce n'est pas la même chose. Il n'y a pas assez de main tendue, pas assez de sororité. Si je prends mon exemple, puisque je suis sénégalaise et que je réside en France, je me considère un peu comme un outsider mais dedans. Car je me sens solidaire des luttes antiracistes comme la marche pour Adama Traore. Mais ici je suis une femme noire tout court, je ne suis pas africaine, ni sénégalaise. Je ne peux pas vraiment exprimer ma spécifité de sénégalaise, je suis quelque peu englobée.
Ici, les afroféministes luttent contre le racisme, la précarité, mais elles ne prendront pas en compte dans leur lutte la cause des Africaines qui ont quitté l'Afrique pour venir en France. C'est peut-être là que le bât blesse, à mon avis.
Culture du viol
— Ndèye•Fatou•Kane™ (@EneffeKei) December 1, 2021
Domination masculine
Silenciation, arme de mysoginie massive
Merci @madmoizelle
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Leurs combats ne sont pas les mêmes ?
Non. Si je prends l'exemple du racisme, qui est la lutte qui est la plus répandue dans la sphère afroféministe, au Sénégal, on parlera plutôt de classisme. Moi je n'ai jamais expérimenté le racisme au Sénégal, c'est plutôt l'ethnicisme, le classisme, du point de vu de la catégorie socio-professionnelle. C'est en venant en France que pour la première fois j'ai découvert ma condition de noire. Au Sénégal, je n'y pensais pas.
Sur le continent, les filles ont de multiples luttes à mener, l'accès à l'éducation, la contraception, les mariages précoces etc... Cela n'entre pas dans l'afroféminisme ?
Non ! Aujourd'hui quand on parle d'afroféminismes ou de "blackfeminism", ces mouvements sont à l'intersection de plusieurs foyers d'oppressions, du point de vue du genre ou de l'origine. Au Sénégal, les luttes sont bien différentes. Nous avons la loi sur la criminilisation du viol, votée il y a 2 ans. Nous sommes maintenant en plein playdoyer pour la prise en compte de l'avortement médicalisé, la lutte contre les mariages précoces.
Si je dois encore citer Awa Thiam, son ouvrage est très prégnant car c'était la première fois qu'une Africaine se mettait en porte à faux avec ces coûtumes avilissantes pour les femmes en Afrique. Pour moi, toutes ces luttes-là ne trouvent pas de résonnance ici et je ne vois pas de sororité. Ce serait important que les afroféministes, je ne dirais pas qu'elles sortent de leur lucarne anti-raciste, car c'est important qu'elles se pensent aussi comme sujets dans cette France à majorité blanche, mais ce serait important qu'elles voient aussi ce qui se passe en Afrique en faisant des féministes africaines leurs alliées, cela créerait une caisse de résonnance internationale qui soit prise en compte vraiment.
Si on se donne rendez-vous dans 10 ans ?
Dans 10 ans, j'espère que l'afroféminisme étendra ses tentacules partout dans le monde ! Et particulièrement en Afrique, cela me tient à coeur, j'aimerais voir une réelle sororité entre les afroféministes et les féministes africaines. La plupart des afroféministes sont d'origine africaine, ont des parents qui viennent d'Afrique, ce serait bon de revoir les acquis historiques qui ont été menés notamment dans les luttes indépendantistes.