Trois millions de petites filles sont excisées chaque année dans le monde - rejoignant les 140 millions de femmes qui le sont déjà -, principalement en Afrique et en Asie, mais aussi au sein des diasporas qui pratiquent ce rite initiatique – en France, on estime à plus de 50 000 le nombre de femmes excisées. Trace d’une tradition copte, voire pharaonique en Egypte, par exemple, de certaines convictions animistes ou encore de crédos chamanistes, les pratiquants y voient des vertus de transmission identitaire. Portée par des superstitions et des croyances, aucune des grandes religions ne la prévoit dans ses textes fondateurs (bible, évangiles, coran ou torah, par exemple). Les conséquences de cette amputation du clitoris sont effrayantes pour les femmes : risques de septicémie, de stérilité, abolition du plaisir sexuel.
Le poids des motsLe 28 novembre 2012, les États Membres des Nations Unies
ont adopté la première résolution appelant à mettre fin à aux mutilations génitales féminines – outre l’excision, il s’agit de mettre fin aussi à l’infibulation (excision suivie de la couture des lèvres du vagin) et à l’introcision (élargissement du vagin pratiquée par les descendants de peuples anciens d’Australie ou d’Amérique latine). Du coup, la Journée internationale contre les mutilations génitales féminines de chaque 6 février s’est transformée pour 2013 en Journée internationale de la tolérance zéro pour la mutilation génitale féminine, afin d’exiger l’abandon définitif de ces pratiques. Le mot abandon est préféré à ceux de suppression ou d’interdiction tout comme celui de signalement à celui de dénonciation. Il s’agit avant tout de convaincre, même si les chemins pour y arriver peuvent prendre des directions différentes.
Le 1er février 2013 à Paris, plusieurs témoins, actrices et acteurs de ce combat, lançaient un projet francophone pour parvenir à la fin de cette mutilation, avec d’abord un site
excisionparlonsen.org, puis un colloque international à l’horizon 2014. Devant la presse et des associations, étaient réunies Khady Koita, Sister Fa, Martha Diomandé et
Christine Beynis, quatre Africaines venues témoigner de leur propre mutilation et de leur combat pour que cela s’arrête, Linda Weil-Curiel, avocate française qui a milité et obtenu la pénalisation de l’excision en France – une démarche mal comprise avant de devenir modèle en Europe, Gilles Bon-Maury du
ministère des droits des femmes et les initiateurs, comme
Tostan France, de cette nouvelle et ambitieuse entreprise.