Alors que 64,1% des Françaises travaillent, les Allemandes ne sont que 40%, principalement en raison du manque de crèches. Une nouvelle mesure, sous forme d'allocation pour la garde privée d'enfant, fait débat.
Alors que la compétitivité de l'économie allemande fait des envieux dans le reste de l'Europe, Berlin se demande comment le pays va pouvoir maintenir cet avantage encore longtemps. La réponse des spécialistes est claire : il faudrait que les femmes participent plus au marché de l'emploi.
Or le taux de participation des Allemandes est faible, comparé à celui des femmes d'autres pays développés. Ainsi, alors que 64,1% des Françaises ont un emploi, les Allemandes ne sont que 40% à partir travailler tous les matins. La raison principale ? Le manque de crèches pour leurs enfants en bas âge.
Pourtant, l'Allemagne a fait des efforts ces cinq dernières années afin de favoriser le retour à l'emploi des femmes qui ont eu des enfants : amélioration du système des allocations familiales, allongement de la journée scolaire dans l'après-midi, réduction des avantages consentis aux mères, qui ne reçoivent une allocation maternité que pendant un an au lieu de trois. Avec pour conséquence une amélioration de la participation des femmes au marché de l'emploi, puisqu'elle n'était que de 32% il y a dix ans.
Crèches ou allocations ?
Mais un nouveau projet de loi, allouant une somme de l'ordre de 160 euros pour garder, ou faire garder, ses enfants de façon privée, fait débat. Le gouvernement a beau s'être engagé à créer quelque 750 000 places supplémentaires d'ici 2013 dans les crèches, les kindergarten manquent cruellement, forçant ainsi les femmes à rester chez elles. Mais au lieu d'une allocation pour une garde privée, ne vaudrait-il pas mieux utiliser l'enveloppe budgétaire prévue à cette fin pour construire des crèches publiques ?
C'est ce que proposent ceux qui s'opposent aux mesures privées. Car selon eux, une allocation telle que celle qui est proposée ne ferait qu'inciter certaines femmes - en particulier celles qui, faute de qualifications, n'obtiendraient qu'un salaire modeste sur le marché du travail - à rester chez elles au lieu de travailler à l'extérieur, puisqu'elles seraient de fait payées pour s'occuper de leurs enfants. Qui a raison, qui a tort ? Le débat fait rage actuellement en Allemagne. Quant aux discussions au Parlement, elles devraient débuter le mois prochain.
Lysiane J.Baudu
Ancienne grand reporter à La Tribune, Lysiane J. Baudu a rencontré, pendant ses 20 ans de journalisme international, des femmes du monde entier.
Ces "rencontres" feront l'objet de billets, qui lui permettront de faire partager ses impressions, ses analyses, son ressenti au contact de ces femmes, dont l'action professionnelle fait sens pour toutes les autres, de même que pour la société.