La France rattrape son retard en doublant la durée de son congé paternité, il passe à 28 jours dont une semaine obligatoire. Près d'une centaine de pays dans le monde n'en sont toujours pas dotés. Des champions scandinaves ou de la plus surprenante Corée du Sud, avec 54 jours, quels sont les pays les plus généreux en matière de congés paternité ?
Pays nordiques, les pionniers, encore...
Les pionniers et aussi champions en la matière sont les pays scandinaves. La Norvège est le premier pays au monde à avoir instauré le congé paternité, le 1er avril 1993. Depuis 2005, le quota paternel norvégien a été modifié à plusieurs reprises. Les parents peuvent se répartir les semaines et choisir de percevoir 100% de leur salaire sur 49 semaines ou 80% de leur rémunération pendant 59 semaines. Dix semaines reviennent à la mère et dix semaines au père, et le reste est partagé entre les deux parents. Les Finlandais bénéficient de 54 jours et l’Islande compte près de deux mois de congé paternité payé. La Suède possède également un système avantageux. Les pères sont autorisés à prendre 48 jours de congé, et autant pour les mères, payés à hauteur de 80 % du salaire. Les deux parents peuvent transférer leurs congés entre eux avec deux mois minimum pour chacun.
L'Europe, en marche divisée
Selon un rapport publié en mai 2019 par la Caisse d’allocations familiales, les pays de la zone euro accordent, en moyenne, 1,4 semaine de congé paternité. Ce congé est à prendre dans les mois suivant la naissance de l’enfant, à la différence du congé parental. Ce dernier se distingue du congé paternité : il peut être pris des années après la naissance, jusqu’au troisième anniversaire de l'enfant. Et ce aussi bien par le père que la mère. Il est généralement plus long, mais souvent moins bien rémunéré.
L'Espagne se classe en tête. Les pères y ont droit depuis 2019 à 8 semaines payées intégralement, qui passeront à 16 semaines en 2021, soit autant que les mères. Viennent ensuite le Portugal (5 semaines de congé) et la Lituanie (4 semaines). La Belgique et le Luxembourg arrivent derrière avec dix jours. L'Italie (7 jours) et la Grèce (2 jours) font figure de mauvais élèves.
La Slovénie et la Lituanie proposent quatre semaines, le Royaume-Uni, l’Irlande, la Bulgarie ou le Danemark, la Pologne ou encore l’Estonie, quatorze jours, selon
les données du Parlement européen remontant à mars 2019. Mais les taux d’indemnisation diffèrent : 100% pour la Pologne et l’Estonie, 78% pour la Bulgarie, 53% pour le Danemark et seulement 20% pour les Britanniques.
En Allemagne, il n’existe pas de congé paternité. À la naissance de leur enfant, les pères (comme les mères, qui bénéficient en sus d’un congé maternité de quatorze semaines en tout) peuvent faire le choix de prendre un congé parental (
Elterngeld, littéralement “argent pour parents”). Ce congé parental est d’une durée maximale de douze mois pour un seul parent. Il peut être prolongé de deux mois supplémentaires si les deux parents souhaitent en bénéficier. Les mois de congé sont alors partageables entre les deux parents, de manière simultanée ou alternée.
Depuis septembre 2019, les pères autrichiens ont droit à un mois de congé paternité. Il suffit aux futurs pères de faire la demande auprès de la sécurité sociale qui les indemnisera 700 € pour le mois. Ce droit s’applique également aux couples homosexuels adoptants, aux familles d’accueil ou encore aux lesbiennes dont la partenaire vient d’accoucher.
Pour la Commission européenne, "introduire le droit au congé de paternité dans tous les pays de l’UE devrait […] inciter les hommes à assumer une part plus égale des responsabilités familiales". Le constat est que les inégalités professionnelles liées à la naissance handicapent souvent les femmes : en France, les pères ne représentent aujourd’hui que 3,5 % des utilisateurs de congés parentaux. Cela devrait changer avec la récente annonce du président français Emmanuel Macron. Répondant à une attente des associations, le congé paternité va passer de 14 à 28 jours le 1er juillet 2021.
Une semaine de congé obligatoire en France
"Nous allons porter le congé paternité à un mois, un mois au sein duquel il y aura sept jours obligatoires pour chaque jeune papa", déclarait le président français Emmanuel Macron en septembre 2020.
Le congé paternité - ou du second parent - de 28 jours, dont une semaine obligatoire, entre en vigueur le 1er juillet 2021. Cette réforme du congé double la durée pour un père - ou le second parent - d'un enfant à naître ou adopté, à 25 jours plus 3 jours de naissance contre 11 plus 3 actuellement. Dans le cas d'une naissance multiple, sept jours de congés sont ajoutés, soit 32 contre 18 actuellement.
Niveau rémunération: les trois jours du congé de naissance restent à la charge de l'employeur, et les jours restants seront indemnisés par la Sécurité sociale, pour un budget de 500 millions d'euros par an.
Les entreprises ne respectant pas cette obligation s'exposeraient à une amende 7 500 euros.
L'objectif est d'inciter davantage de pères à profiter du congé de paternité, notamment ceux qui ont un statut précaire. 67% des pères ont recours au congé de paternité, un chiffre qui n'a que très peu évolué depuis sa mise en œuvre et qui dissimule de fortes inégalités sociales : 80% des salariés en CDI y ont recours, mais moins de 60% de ceux qui sont en CDD.
Et ailleurs ?
Au Japon, le système de congé parental offre 12 mois à chaque membre du couple, payés à 67% du salaire durant les 180 premiers jours, puis 50% ensuite. Dans les faits, rares sont ceux qui acceptent de quitter, provisoirement leur travail - en 2017 ils étaient 5%.
Avec 54 jours, la Corée du Sud propose l'un des plus généreux congés paternité de la planète, un moyen pour elle de tenter d'enrayer le déclin rapide de son taux de fécondité. Mais là non plus, comme au Japon, les papas ne se bousculent pas. Certains freins persistent et dissuadent la majorité des pères de franchir le pas.
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Aux États-Unis, il n’existe ni congé paternité ni congé maternité. La loi garantit seulement le droit à une femme ou un homme de s’absenter pour "raisons familiales" jusqu’à douze semaines non payées, et de retrouver son poste au retour.
Au total dans le monde, 92 pays ne sont toujours pas dotés d'un congé pour les nouveaux papas.