Back to top
Juste avant la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le gouvernement annonce de nouveaux outils pour lutter contre ce fléau, dont le site "Mémo de Vie". Ce "confident numérique" doit permettre aux victimes de violences, notamment conjugales, de sécuriser en toute discrétion photos et autres témoignages des agressions subies.
"Mémo de Vie" est une plateforme numérique inédite qui permet à une victime de violences, à commencer par des violences conjugales, de créer un compte sécurisé derrière lequel elle peut tenir un journal, évaluer son sentiment de danger, mais aussi conserver des photos, des enregistrements sonores ou des documents officiels et médicaux en toute confidentialité et discrétion. "Quand ça m'est arrivé, j'avais des photos dans mon téléphone, mais je n'ai pas pu les garder, car il fouillait dedans et il était tombé dessus", témoigne ainsi Stéphanie, 49 ans, l'une des accompagnatrices du projet et ancienne victime de violences conjugales.
"Il faut garder des traces. Même si ce qui est inscrit dans 'Mémo de Vie' ne constitue pas une preuve, dans une enquête, ça permet de confronter le mis en cause aux éléments", explique la porte-parole de France Victimes, Olivia Mons.
"Mémo de vie permet aux victimes de conserver des traces quand elles se sentent agressées. La reconnaissance de la responsabilité de l’agresseur pourra ainsi être démontrée", @MLeMenFV- Présidente de @FranceVictimes
— Make.org (@Make_org) November 23, 2020
En direct https://t.co/yJEEJiJN7Q#StopVFF pic.twitter.com/qVuc7cgGe5
"Mémo de vie" doit aussi servir à rappeler à la victime elle-même, en temps d'accalmie, ce qu'elle risque face à un homme violent : "C'est aussi une béquille mémorielle, car on sait que les traumatismes peuvent créer des troubles de la mémoire," explique Olivia Mons. Le dispositif peut ainsi permettre de gagner des mois, voire des années de déni : "Ça peut aussi aider à la prise de conscience, d'archiver et de pouvoir relire," souligne la porte-parole de France Victimes.
Afin d'assurer la sécurité de ses utilisateurs, "Mémo de Vie" propose un bouton "Vite, je quitte" qui permet de basculer précipitamment, sans avoir à réfléchir, vers le site de Météo-France si la personne qui le consulte se sent menacée ou observée. Le site centralise aussi des contacts d'associations et des ressources juridiques visant à informer la victime de ses droits.
Lancé sous l'égide du ministre de la Justice, Eric Dupont-Moretti, d'Elisabeth Moreno, ministre déléguée à l'Egalité entre les Hommes et les Femmes, et de Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté, "Mémo de Vie"sera déployé à plus grande échelle au premier semestre 2021 avec, pour objectif, d'aider, à terme, 20 000 victimes par an.
Elaboré par la fédération France Victimes, cet outil de lutte contre les violences faites aux femmes est le fruit d'une réflexion et d'une consultation citoyenne menée auprès de 400 000 participants via la plateforme citoyenne make.org. En trois ans de travail consultatif, quelque 4 300 propositions ont été formulées par des citoyens, des associations, d'anciennes victimes et des entreprises. 17 idées ont émergé, dont les plus pertinentes ont été converties en dispositifs concrets.
@memodevie est l'une des 4 initiatives décisives du plan d'action #StopVFF. L'objectif ? Accompagner chaque année 20000 femmes victimes de violences, pour les aider, grâce à une plateforme numérique, à sortir de l'isolement, sécuriser des documents, s'informer, appeler à l'aide pic.twitter.com/eogdH3hFtB
— Make.org (@Make_org) November 23, 2020
"Mémo de vie" est l'une des quatre actions formulées pour accompagner les quelque 20 000 femmes victimes chaque année de violences conjugales. Elle a fait l'objet d'une démonstration en Facebook live ce 23 novembre, avant la présentation de trois autres pistes majeures dégagées pour lutter contre les violences faites aux femmes :
La sensibilisation dès le plus jeune âge s'est imposée comme une étape essentielle de la lutte contre les violences domestiques. Pour déconstruire les stéréotypes sexistes auprès des enfants et lutter contre le sexisme ordinaire, de petits dessins-animées appelés Chouette pas chouette, dédiés au 4-6 ans, expliquent le respect de la différence. Ils seront diffusés à la télévision, de France Télé à Gulli, en passant par M6. Des livrets pédagogiques seront également distribués aux enseignants.
"Chouette, pas chouette". Fille ou garçon, c'est plus chouette quand on se respecte. 16 vidéos d'animation pour apprendre aux 4-6 ans à repérer et déconstruire les stéréotypes sexistes. Diffusion à la TV en janvier. Le #CLEMI proposera un kit pédagogique.https://t.co/vKMPczgqLy pic.twitter.com/W2uSbCh2aG
— CLEMI (@LeCLEMI) November 23, 2020
Troisième piste : "Comprendre pour mieux agir", soit renforcer la sensibilisation des policiers pour mieux prendre en charge les victimes. Il s'agit d'une formation complémentaire de celle qui existe déjà, mais elle se tiendra à distance, sous forme de programme numérique.
“La Direction centrale du recrutement et de la formation de la Police nationale lance aujourd’hui, en partenariat avec @Make_org et le CFCV, un nouveau mooc de sensibilisation appelé Comprendre pour mieux agir”, @MarleneSchiappa - Ministre déléguée #Citoyenneté#StopVFF pic.twitter.com/7ZJ5OX0k9I
— Make.org (@Make_org) November 23, 2020
Enfin, pour aider les femmes victimes de violences conjugales, le dispositif "Abri d'urgence" vise à ce que chaque année, 10 000 femmes puissent trouver un abri d'urgence grâce à des nuitées d'hôtel. De fait, selon le dernier rapport de la Fondation des femmes, la lutte contre les violences conjugales souffre d'un "manque criant de financements", qui rend difficile la création de nouvelles places d'hébergement pour les victimes et l'"éviction" des hommes violents. Dans ce rapport intitulé Où est l'argent pour protéger les femmes victimes de violences ?, la Fondation des femmes souligne qu'il manque au minimum 32 millions d'euros au budget 2021 de l'Etat pour héberger et accompagner les victimes, en particulier dans des structures spécialisées. Cette somme permettrait de créer 2000 places d'hébergement supplémentaires, en plus des 1000 annoncées en 2021.
De son côté, l'observatoire régional des violences faites aux femmes du centre Hubertine Auclert pour l'égalité entre les femmes et les hommes arrive à des conclusions similaires dans son dernier rapport, publié cette semaine. Il s'appuie en plusieurs points sur la pertinence du modèle espagnol en matière de lutte contre les violences faites aux femmes. Le centre Hubertine Auclert préconise des pistes concrètes inspirées de ce pays souvent montré en exemple en matière de lutte contre les violences conjugales et les féminicides, depuis qu'il s'est saisi de la question en 2004.
Dans le rapport comparatif #LutteViolencesFranceEspagne du @CentreHubertine publié aujourd'hui, 10 préconisations concrètes pour s'inspirer du modèle espagnol dans nos politiques de lutte contre les violences faites aux femmes. À retrouver ici : https://t.co/jAqZ83cHiT pic.twitter.com/Yx5vghSmU9
— Femmes-Hommes IDF (@CentreHubertine) November 23, 2020
#LeSaviezVous #25Novembre #ViolencesFaitesAuxFemmes #PasUneDePlus
— CentreActionLaïque (@ActionLaique) November 25, 2020
En Europe, l’Espagne fait figure de modèle dans la lutte contre les violences à l’égard des femmes. pic.twitter.com/CKZoFBWyGq
A lire aussi dans Terriennes :
► Violences conjugales : la France convoque un "Grenelle", les associations mettent la pression
► Coronavirus, confinement et violences conjugales : un dispositif d'accompagnement dans les centres commerciaux en France
► Violences conjugales en France : la crainte d'un effet décompensation post-confinement
► Qu'est-ce qu'un féminicide : définition et origines
► Stop aux féminicides : en France, collectifs féministes et familles de victimes se mobilisent
► Féminicides : une victime tous les deux jours et demi en France
► #NousToutes : deuxième grande marche contre les violences faites aux femmes