Contraception menacée, mortalité infantile en hausse : les autres conséquences des restrictions de l'IVG aux Etats-Unis

Une mortalité infantile en hausse de 12% au Texas... Des pilules contraceptives de plus en plus rares dans certains Etats... Voilà ce que l'on pourrait présenter comme les "dégâts collatéraux" des restrictions ou interdictions d'avorter aux Etats-Unis, selon deux études américaines.

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Pilules contraceptives USA

Dans les Etats où une interdiction d'avorter a été adoptée, on observe une baisse significative du nombre de pilules contraceptives et de pilules du lendemain dispensées par les pharmacies.

©Photo AP/Rich Pedroncelli
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La pilule, prise chaque jour oralement, est la méthode de contraception hormonale la plus courante aux Etats-Unis. La pilule du lendemain est, elle, une contraception d'urgence prise rapidement après un rapport sexuel lorsqu'une autre contraception était défectueuse (préservatif déchiré...) ou manquante.

Manif IVG santé

Rassemblement devant la Cour suprême alors que les juges entendent les plaidoiries sur la loi fédérale "sur le traitement médical d'urgence et le travail actif (EMTALA)" qui pourrait remplacer la loi de l'Idaho interdisant la plupart des avortements, le 24 avril 2024 à Washington. 

©Joy Asico-Smith/AP Images pour le National Women's Law Center

Or une étude, publiée dans la revue Jama, montre que dans les Etats où une interdiction d'avorter a été adoptée, on observe une baisse significative du nombre de pilules contraceptives et de pilules du lendemain dispensées par les pharmacies. Les chercheurs ont analysé plus de 143 millions de prescriptions entre mars 2021 et octobre 2023. La baisse observée peut s'expliquer selon eux par la fermeture de cliniques de planning familial dans ces Etats, où se pratiquaient des avortements, qui prescrivaient aussi des moyens de contraception.

Des efforts pour protéger l'accès à la contraception orale, notamment la contraception d'urgence, sont nécessaires, surtout dans les Etats où l'avortement est le plus restreint. Extrait étude pour la revue Jama

Concernant la pilule du lendemain spécifiquement, une confusion sur sa légalité dans ces Etats peut aussi jouer, selon l'étude. Elle note que l'Agence américaine des médicaments (FDA) a récemment modifié l'étiquette de l'une d'elle pour souligner qu'il ne s'agissait pas d'une interruption de grossesse. D'autres politiques visant à restreindre la contraception (en autorisant par exemple un pharmacien à ne pas la dispenser en raison de croyances religieuses personnelles) ont aussi pu jouer.

Compte-tenu de l'importance de la contraception pour "prévenir le besoin d'avorter, des efforts pour augmenter et protéger l'accès à la contraception orale, notamment la contraception d'urgence, sont nécessaires, surtout dans les Etats où l'avortement est le plus restreint", concluent les chercheurs.

Pilule abortive USA

Boîte de pilules de mifépristone présentée lors des manifestations anti-avortement et pro-avortement devant la Cour suprême à Washington, le 26 mars 2024. 

©Photo AP/Amanda Andrade-Rhoades

Mortalité infantile en hausse au Texas

Une autre étude, publiée dans la même revue, a elle étudié les conséquences de restrictions à l'avortement sur la mortalité infantile. Elle s'est concentrée sur une loi entrée en vigueur en septembre 2021 au Texas, et ayant limité l'avortement à environ six semaines de grossesse, sans exception pour les maladies congénitales.

femme enceinte Louisiane

Echographie au Hope Medical Group for Women à Shreveport, en Louisiane, le 6 juillet 2022. 

©Photo AP/Ted Jackson

Selon les chercheurs, les tendances observées dans son sillage peuvent donner de précieuses indications sur les possibles répercussions des restrictions adoptées par la suite, après la décision de la Cour suprême.

Ces résultats suggèrent que les politiques restrictives en matière d'avortement peuvent avoir d'importantes conséquences inattendues en termes de santé infantile, de traumatismes familiaux et de coûts médicaux. Alison Gemmill, autrice principale de l'étude

En analysant les certificats de décès, les chercheurs ont observé une hausse de 12,9% du nombre de décès de bébés de moins de 12 mois au Texas entre 2021 et 2022, contre 1,8% en considérant tous les autres Etats. Les chercheurs ont également observé, toujours entre 2021 et 2022, une augmentation de 22,9% au Texas des décès de nourrissons liés à des maladies congénitales - la principale cause de mortalité infantile.

"Ces résultats suggèrent que les politiques restrictives en matière d'avortement peuvent avoir d'importantes conséquences inattendues en termes de santé infantile, de traumatismes familiaux et de coûts médicaux", a commenté dans un communiqué Alison Gemmill, autrice principale de l'étude.

Le Texas interdit depuis complètement l'avortement, sauf en cas de danger pour la vie de la mère. La peur de poursuites conduit toutefois certains médecins texans à refuser d'intervenir même en cas de graves complications.

Biden pro choice

Kaitlyn Joshua aux côtés du président Joe Biden. Elle témoigne de sa lutte pour recevoir des soins médicaux lors d'une fausse couche en Louisiane dans le cadre de la campagne pour la liberté reproductive au Hillsborough Community College, le 23 avril 2024, à Tampa, en Floride.

©AP Photo/Phelan M. Ebenhack

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