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Les femmes se retrouvent donc en première ligne. Que ce soit dans les rangs que composent les transfuges (ou défecteurs), ces personnes qui tentent et parfois réussissent à fuir le pays vers la Chine ou la voisine du sud, que parmi les nouveaux acteurs de l'économie parallèle dite "privée", la vaste majorité est composée par des femmes.
Pour celles qui se font prendre pendant leur tentative d'exil, la punition passe non seulement par la torture et la détention, mais systématiquement par le viol.
Des abus sexuels aussi dénoncés au quotidien, partout à travers la Corée-du-Nord où l'on peut retrouver ces petits marchés dits "privés" ou "libres", autorisés par le régime depuis plus d'une dizaine d'années. Ils sont à peu près 400 à travers le pays et permettent à près d'un million de commerçante de travailler, ou du moins de tenter de subvenir aux besoins de leur foyer. Une liberté sous surveillance qu'elles paient au prix cher.
La plupart des femmes interrogées par Human Rights Watch et qui travaillaient sur ces marchés expliquent que le seul moyen d'échapper à ces abus et de continuer à vendre leurs produits était soit d'avoir un père puissant et adoubé par le régime, soit de se marier avec un proche du pouvoir. Même punition pour les contrebandiers qui font transiter des marchandises à la frontière avec la Chine : ce commerce n'est rendu possible qu'à coups de pots-de-vin ou de faveurs sexuelles, dont profitent toute une chaîne d'hommes influents, "gérants d'entreprises publiques, militaires déployés sur les marchés ou dans les postes de contrôle routiers, policiers, magistrats, ou encore des contrôleurs à bord des trains", précise l'ONG.
D'autres témoignages confirment ces abus systématiques, par ceux-là même qui s'en sont rendus coupables. Exemple, celui de Goh Myun Chu, un ancien agent de haut rang de la police secrète ayant fait défection. Il rapporte que dans les années 2000, il avait l'habitude de rejoindre une fois par mois un petit groupe de collègues dans une chambre d’hôtel à Pyongyang. Une fois la fête bien avancée dans la nuit, ils choisissaient leurs actrices préférées dans les films qu’ils venaient de regarder, puis demandaient au personnel de l'hôtel de les faire venir. "Celles que nous avions sélectionnées étaient dans l’heure devant la porte de notre chambre. Aucune ne s’est jamais refusée à nous. A l’époque, je m’imaginais qu’elles étaient tout naturellement heureuses que nous les ayons choisies. Nous étions puissants, influents. On les payait. Et elles savaient que si elles nous plaisaient bien, alors celles qui avaient un problème ou voulaient une faveur pouvaient compter sur nous", raconte-t-il.
Dans cette société nord-coréenne, profondément hiérarchisée et patriarcale, les valeurs traditionnelles de déférence envers l'autorité sont prégnantes. Autrement dit, la peur de l'uniforme fait loi.
New @HRW video: “Offering your body to a police officer is so common, there’s nothing else you can do.”
— Kriti Sharma (@ks7s) November 1, 2018
In #NorthKorea, men with power sexually harass, rape and assault women, taking advantage of the climate of fear. pic.twitter.com/un9QtCcUSB
En Corée du Nord, un viol n'est considéré comme tel qu'en cas d'utilisation de la violence, lit-on dans ce rapport d'HRW.
"La violence sexuelle en Corée du Nord est un secret de polichinelle, largement toléré et non traité", déclare Kenneth Roth, directeur général de HRW. "Les Nord-Coréennes diraient probablement Me Too si elles pensaient pouvoir obtenir justice mais la dictature de Kim Jong Un les réduit au silence", ajoute-t-il.
North Korea could stop the rape and sexual abuse of women tomorrow if it chose to. Ending rape doesn't mean anything as radical as regime change. It's doable if Kim Jong Un simply decides no longer to accept it. @HRW report: https://t.co/8mz78pdV9V pic.twitter.com/NzpYPzK7zb
— Kenneth Roth (@KenRoth) November 1, 2018
Neuf hommes seulement ont été condamnés pour viol en Corée du Nord en 2009, sept en 2011 et cinq personnes en 2015, d'après des données officielles fournies à l'ONU par Pyongyang.
"Alors que les officiels nord-coréens semblent penser que des chiffres si ridiculement bas démontrent que leur pays est un paradis libre de toute violence, ces statistiques sont surtout une condamnation sans appel de leur incapacité totale à s’attaquer à la violence sexuelle dans le pays", s’alarme l’ONG.
Les autorités nord-coréennes expliquent qu'elles garantissent "des droits de l'Homme authentiques". Pour "le dirigeant suprême" nord-coréen, l'Occident n'a tout simplement pas le droit d'imposer ses normes au reste du monde. Pourquoi se mêler en effet des affaires d'un pays qui a subi dans les années 1990 une famine faisant de 900 000 à 2 millions de morts, et qui retient dans des camps entre 80 000 à 120 000 prisonnier.e.s politiques ...