Fil d'Ariane
Le comité d’experts de la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat a été mis en place il y a un an pour élaborer une stratégie afin d’augmenter le nombre de femmes chefs d’entreprise au Canada. Elles représentent actuellement 16% des entrepreneurs canadiens et l’objectif, c’est qu'elles atteignent 35%.
Sauf que cette crise économique qui se profile risque bien de réduire à néant tous les efforts menés ces dernières décennies en la matière : c’est ce que craint Danièle Henkel, co-présidente de ce comité et femme d’affaires bien connue au Québec.
« Bien sûr, les femmes entrepreneuses ne seront pas les seules touchées par cette crise mais elles risquent de l’être plus que les hommes entrepreneurs, parce que la majorité d’entre elles sont à la tête de PME et ont des entreprises dans le secteur des services de détails, du tourisme, de la restauration, de l’hôtellerie et des commerces comme des salons de coiffure, de beauté etc. » explique Danièle Henkel.
Retrouvez le dossier de l'info >CORONAVIRUS : UNE ÉPIDÉMIE MONDIALE
Les chiffres parlent d’eux-mêmes pour illustrer cette réalité : dans 51% des cas, les femmes sont les seules employées de leur propre entreprise, 46% ont des entreprises avec plus de 20 employés et seulement 4% sont à la tête de compagnies employant entre 100 et 500 personnes. Et dernier chiffre et non le moindre : en moyenne, pour une situation comparable, une femme entrepreneuse a un salaire inférieur de 58% à celui d’un homme entrepreneur : on est donc à des années lumières de l’équité salariale, même dans le domaine de l’entrepreneuriat.
L’épidémie du COVID-19 va frapper de plein fouet ces entrepreneuses qui vont aussi devoir gérer la fermeture des crèches et des écoles, donc les enfants à la maison ou alors prendre soin d’un proche atteint par le virus.
[ARTICLE @JdeMontreal] | Tout perdre en une semaine
— DanieleHenkel.tv (@danielehenkeltv) March 23, 2020
« Nous n’avons pas encore vu tous les revers de la crise, nous en sommes seulement au début. » #coronavirus #COVID19 #économie #Québechttps://t.co/BkmktWoEkO
« Tout cela va rendre encore plus difficile la gestion de l’entreprise dans ces circonstances, ces femmes n’ont pas de coussins pour faire face à la situation » fait valoir Danièle Henkel, qui dit recevoir depuis plusieurs jours beaucoup de témoignages de détresse de ces entrepreneuses.
Le comité suggère donc aux gouvernements québécois et canadien de prendre des mesures spécifiques pour leur venir en aide. Huit interventions ont ainsi été ciblées :
1- Offrir des prêts à 0% d’intérêt pour obtenir des liquidités à court terme, via la BDC, la Banque de développement du Canada, et EDC, Exportation et Développement Canada.
2- Offrir des délais de remboursement de prêts et de dette pour les six prochains mois au moins.
3- Accorder un congé fiscal, comme retarder la perception des taxes fédérales et provinciales et des charges sociales, pour les six prochains mois.
4- Offrir des crédits d’impôt ou des subventions aux cheffes d’entreprises qui doivent travailler de la maison parce qu’elles doivent prendre soin d’un proche ou simplement garder les enfants – les crèches et les écoles sont fermées d’un bout à l’autre du Canada –
5- Investir dans les programmes à l’enfance et aux aînés pour les aidantes naturelles.
6- Geler le paiement des loyers pour les entreprises qui se retrouvent dans les secteurs qui sont le plus touchés par la crise, les loisirs, les voyages, le tourisme.
7- Offrir un meilleur accès aux PME gérées par des femmes aux contrats gouvernementaux d’approvisionnement : « Seulement 1% des femmes entrepreneuses ont accès à ces contrats d’approvisionnement auprès des gouvernements, il faut permettre à ces entreprises gérées par des femmes de pouvoir soumissionner pour y avoir davantage accès » suggère Danièle Henkel.
8- Prioriser la santé mentale pour venir en aide aux femmes entrepreneuses, surtout celles qui se lancent en affaire ou qui sont à la tête de très petites entreprises.« Pour moi c’est une priorité, cette question de la santé mentale » précise Danièle Henkel.
La femme d’affaires lance un cri d’alarme : « J’agite le drapeau rouge, parce qu’aujourd’hui, 50% de notre économie, ce sont des femmes, alors il faut se demander : qu’est-ce qu’on peut faire en tant que société, en tant que gouvernements pour prendre en compte cette réalité et venir en aide à ces femmes ? Il faut agir rapidement pour leur donner de l’oxygène et agir maintenant ».
Crise de la COVID-19 --> Recommandations aux gouvernements pour aider les femmes entrepreneures. SVP, aidez-nous en partageant!https://t.co/0SyKg9A7as#femmesentrepreneures #entrepreneuriat #crisecovid19 #économiequébec
— DanieleHenkel.tv (@danielehenkeltv) March 20, 2020