Coronavirus, confinement et violences conjugales : un dispositif d'accompagnement dans les centres commerciaux en France

En France, des points d'accompagnement éphémères sont en place depuis le 30 mars dans des centres commerciaux pour accueillir les femmes victimes de violences conjugales. Le 114 leur est également accessible par SMS. Un dispositif qui, selon Marlène Schiappa, la secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes, a permis de mettre à l'abri une soixantaine de femmes en deux semaines.
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schiappa AP
Marlène Schiappa annonce la création de points éphémères dans les centres commerciaux pour venir en aide aux femmes victimes de violences pendant le confinement instauré pour lutter contre l'épidémie de coronavirus. Ici, lors de la conclusion du Grenelle sur les violences conjugales, à Pari, le 25 novembre 2019.
©Stephane de Sakutin, Pool via AP
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La secrétaire d'État à l'Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, a annoncé l'installation de "points d'accompagnement éphémères" dans des centres commerciaux pour accueillir des femmes victimes de violences en temps de confinement où les déplacements sont limités. De fait, les signalements de violence ont augmenté de près de 33% depuis le début du confinement. 
 
En allant faire les courses, ces femmes trouveront une oreille attentive et un accès à leurs droits d'une manière innovante et efficace.
Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes
Créés "en partenariat avec des associations locales, les services de l'État et Unibail-Rodamco-Westfield, gestionnaire de centres commerciaux", ces "points d'accompagnement éphémères" seront installés dans des locaux "permettant la confidentialité mais assez vastes pour accueillir les femmes en respectant les mesures barrières", a détaillé Marlène Schiappa.
 
Dans un premier temps, pour la région parisienne, les centres concernés sont So Ouest à Levallois-Perret, les 4 Temps à la Défense, Carré Sénart à Lieusaint, le Forum des Halles à Paris, ou les Ulis, et, dans le Nord, V2 à Valenciennes.  "Dans un deuxième temps, Dijon, Rennes, Lyon… là où il y a un hypermarché ouvert", a précisé la secrétaire d'Etat à l'Egalite femmes-hommes, affirmant viser "une vingtaine de points dans les prochaines semaines".  "En allant faire les courses, ces femmes trouveront une oreille attentive et un accès à leurs droits d'une manière innovante et efficace", a-t-elle ajouté.
 
schiappa capture

Le 114 accessible aux victimes de violences

La mobilisation du gouvernemet continue ce 31 mars : Christophe Castaner annonce que dès le 1er avril, le 114, numéro d'urgence destiné aux personnes sourdes et malentendantes, serait accessible aux femmes victimes de violences conjugales pendant le confinement. 

Un million d'euros pour les associations

Marlène Schiappa a annoncé un "fonds spécial financé par l'État d'un million d'euros pour aider les associations de terrain à s'adapter à la période". "Jusqu'à 20.000 nuitées d'hôtel", seront également financées "pour que les femmes puissent fuir l'homme violent".

Ces indicateurs tendent à nous faire penser qu'il y aurait une recrudescence des violences conjugales pendant cette période de confinement.
Marlène Schiappa, sur Europe Un

Selon la secrétaire d'Etat, deux féminicides ont été signalés depuis le début du confinement, le 17 mars. "Le confinement est une épreuve collective qui vient percuter l'histoire familiale et personnelle de chaque personne, la situation peut dégénérer à tout moment quand on vit avec une personne violente", a-t-elle rappelé.
 

"Nous observons qu'il y a +32% de signalements de violences conjugales en zone gendarmerie en une semaine et +36% dans la zone de la préfecture de police de Paris en une semaine également", a-t-elle déclaré à l'antenne d'Europe 1, dimanche 29 mars. "Ces indicateurs tendent à nous faire penser qu'il y aurait une recrudescence des violences conjugales pendant cette période de confinement",  a-t-elle ajouté. 

Si les violences conjugales sont en hausse, le 3919 reçoit moins d'appels. Sans doute parce que les victimes ont plus de mal à téléphoner en présence de leur agresseur à plein temps au domicile.

"Masque 19"

Depuis le 26 mars, une directive du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner permet également aux victimes de se signaler discrètement en pharmacie, lors d’une des sorties autorisées. En prononçant discrètement le code « masque 19 », la victime se signale ainsi au pharmacien. Ce dernier doit comprendre que sa cliente est en danger à la maison et il doit appeler le « 17 », police secours. Un système inspiré du modèle espagnol. Lire notre article >"MASCARILLA-19" : l'Espagne met en place un dispositif de signalement des violences pendant le confinement


Le quotidien régional L'Est républicain rapporte que ce dimanche 29 mars dans une pharmacie de Nancy, une femme s’est présentée au comptoir de l’officine afin de signaler qu’elle n’osait plus regagner l’appartement conjugal car son compagnon l’aurait menacé avec un couteau de cuisine. La jeune femme aurait également fait part de violences antérieures. La police est immédiatement intervenue au domicile du conjoint suspect et ce dernier a été placé en garde à vue.