Fil d'Ariane
Mona Seif, sa mère Laila, sa tante Ahdaf et Rabab al-Mahdi, militantes politiques et intellectuelles, ont été interpellées mercredi 18 mars 2020 par la police alors qu'elles manifestaient pacifiquement, pancartes à la main, devant le siège du gouvernement égyptien, dans le centre du Caire.
Les médias égyptiens ont annoncé ce jeudi que les quatre militantes avaient été libérées de leur garde à vue en échange d'une caution, et après avoir comparu devant le parquet de Qasr al-Nil. "Elles sont accusées d'avoir appelé à une manifestation illégale dans le but de bloquer la circulation et de publier de fausses nouvelles et des rumeurs dans l'intention de semer la panique en se tenant en public avec des pancartes portant des informations erronées sur la négligence dans les prisons au milieu de l'épidémie de COVID-19", indique le communiqué publié dans la presse.
"Nous demandons à l'Etat de prendre des mesures sérieuses au sujet du coronavirus en prison", lançait Mona Seif dans une retransmission en direct sur Facebook peu avant son arrestation. Selon elle, les prisons égyptiennes peuvent devenir "à tout moment" des nids d'infection au coronavirus.
Contacté par l'AFP au sujet de ces arrestations, le ministère de l'Intérieur n'a pas répondu.
L'association de défense des écrivains PEN (Comité des écrivains en prison) a condamné l'arrestation des quatre femmes. "L'emprisonnement d'écrivains qui disent la vérité au gouvernement est un acte autoritaire", a dit dans un tweet Salil Tripathi, directeur du Comité des écrivains en prison au sein de cette association.
Mona Seif est la soeur d'Alaa Abdel Fattah, blogueur et militant arrêté en septembre dernier après de rares manifestations réclamant le départ du président Abdel Fattah al-Sissi.
Elle a pris la parole ces dernières semaines sur les réseaux sociaux pour dénoncer les conditions de détention en Egypte et la probabilité importante, selon elle, que les prisonniers soient infectés au coronavirus.
Plus tôt dans la semaine, Laila Soueif a écrit une lettre au ministre de la Justice pour lui demander de libérer des détenus. "La seule façon d'empêcher les centres de détention de devenir des lieux de propagation de la pandémie et de mettre en danger la population du pays entier est de relâcher autant de prisonniers que possible", dit-elle dans ce texte.
Ahdaf Soueif, soeur de Laila Soueif, est une romancière reconnue. Rabab al-Mahdi enseigne les Sciences politiques à l'Université américaine du Caire.
Les organisations de défense des droits humains dénoncent régulièrement la surpopulation et le manque d'hygiène dans les prisons égyptiennes. Human Rights Watch (HRW) a estimé cette semaine qu'un "désastre" épidémiologique pourrait être évité si les autorités égyptiennes relâchent des détenus.
Une pétition a été lancée sur internet pour appeller les autorités égyptiennes à répondre à l'appel lancé par les défenseur.e.s des droits humains.
L'Egypte, pays de 100 millions d'habitants, a officiellement rapporté à ce jour 196 cas de nouveau coronavirus et six décès.