Nous devons nous assurer que les hommes ne se sentent pas trop machos pour s’inquiéter des germes.
C'est avec cette citation que débute l'
article publié le 17 mars 2020 sur le site du New York Times. Elle est signée Rosie Frasso, directrice du programme de santé publique à l'Université de Thomas Jefferson.
"Il y a des choses que nous soupçonnons depuis longtemps sur la façon dont les hommes et les femmes abordent l'hygiène dans le passé -poursuit-elle-
Traditionnellement, les femmes étaient plus engagées dans la préparation des repas et le nettoyage de la maison et étaient plus susceptibles de changer les couches. Je suppose que ces rôles ont incité les femmes à penser différemment au lavage des mains."Par le passé, d'autres enquêtes scientifiques dressent le même constat : en matière d'hygiène, les femmes sont plus concernées, nous apprend l'article qui s'appuie sur plusieurs études. En 2018, dans
un sondage Ipsos, 91% des femmes déclarent que se laver les mains après être allé aux toilettes est "très important", contre 84% chez les hommes. 74% de femmes trouvent qu'il est "crucial" de le faire après avoir pris les transports en commun, contre 66%. Huit ans auparavant, u
ne étude de l'American Cleaning Institute et de l'American Microbiology Society dressait ce constat : les hommes sont moins susceptibles de se laver les mains même après avoir caressé un animal, manipulé de la nourriture, toussé ou éternué. Un bon point cependant, sur la prise de conscience d'une hygiène au quotidien, femmes-hommes confondus : 85% des personnes interrogées déclaraient se laver les mains après avoir utilisé des toilettes publiques en 2010, contre 77% en 2007.
Après tout,
"les normes sociales changent les comportements. (...) Il faudra du temps aux experts pour effectuer de nouvelles études. Entre-temps, nous nous retrouvons avec des preuves contradictoires, pour la plupart anecdotiques, sur la façon dont le coronavirus modifie ces tendances", ajoute l'universitaire américaine.
Hygiène et charge mentale Pour Manoë Jacquet, coordinatrice de Femmes et santé en Belgique, "On se rend compte que dans les maternités, l'un des principaux gestes qui a sauvé beaucoup de femmes, c'est notamment le lavage des mains entre les accouchements. Aujourd'hui encore, il y a une prise en charge de l'hygiène plus grande chez les femmes. Même si actuellement, on est dans une société assez hygiénique, avec de nouveaux enjeux, alors comment les parents vivent ces normes là ? Est-ce que cette question est toujours centrale ? Qui prend en charge cette question ?"
"Les études montrent que ce sont encore les femmes qui s'en chargent. Prenons l'exemple du nettoyage de la table, on y pose beaucoup de choses, j'aimerais bien savoir qui se charge de ce petit geste du quotidien ? Selon les statistiques c'est encore les femmes, même si ça s'améliore au niveau de la répartition des temps des tâches ménagères, ça augmente un peu pour les hommes, mais pas encore assez. Et quand on externalise la prise en charge de ces tâches, là aussi ce sont d'autres femmes qui viennent à domicile pour le ménage. Même chose pour les femmes au statut précaire, comme les migrantes, ce sont les femmes qui prennent en charge l'hygiène des familles.", ajoute la sociologue.
Retrouvez notre article :
>"La charge mentale portée par les femmes, une évidence quotidienne Sur Slate.fr, un article fait référence à l'historienne Nancy Tomes et à son ouvrage The Gospel of Germs - Men, Women, and the Microbe in American Life. Elle y décrit "l'immense pression que les femmes ont subi après l'apparition de la nouvelle théorie des microbes". "La fin du XIXe siècle a été une époque éprouvante pour les femmes chargée d'éviter que les membres de leur famille ne tombe malade", ajoute l'historienne. Elle évoque le rôle de "mères modèles (...) qui devaient apprendre à chacun à se laver les mains, faire en sorte que les hommes cessent de cracher, et empêcher tout le monde d'embrasser les bébés".
Se laver les mains, la bonne pratique pour tou.te.s
La ville de New York a lancé une campagne d'affichage médiatique, dans les rues et sur internet, pour inciter la population à endiguer la propagation du virus en multipliant ce geste simple du quotidien. L'affiche est en bleu et s'adresse à tou.te.s.
"Nos conseils ne diffèrent pas entre les sexes", a déclaré Michael Lanza, attaché de presse adjoint du département au
NYT.
Partout dans le monde, personnalités et anonymes se mobilisent et se font les ambassadeurs et ambassadrices de l'hygiène manuel à adopter.
Ainsi un challenge a été lancé sur les réseaux sociaux avec le hashtag
#DéfiMainsSaines.
Là encore, ce sont des femmes qui jouent les "modèles", et s'illustrent bien plus promptes à montrer l'exemple, à commencer par la secrétaire générale de l'OIF, Louise Mushikiwabo, qui a posté cette petite vidéo de démonstration sur son compte twitter.
Tout comme la chanteuse Gloria Gaynor, dans un autre style !