Trentenaire au joli visage un peu enfantin, longs cheveux blonds et silhouette féminine, Marie-Alice ne s'arrête pas à l'image plutôt masculine du rugby, un cliché sur lequel seuls "ceux qui ne connaissent pas le rugby peuvent s'attarder". Les réactions sont plutôt positives, témoigne la joueuse, à l'exception de quelques réflexions un peu "macho", venant de certains hommes, mais aussi de femmes qui collent aux joueuses une étiquette masculine. "Le premier mouvement de surprise passé, on me demande plutôt pourquoi j'ai choisi un sport si peu reconnu," explique Marie-Alice. Si elle a choisi le rugby, ce n'est pas pour être reconnue, mais parce que cette discipline regroupait tout ce qu'elle recherchait dans un sport : "Le combat, qui me permettait d'extérioriser une certaine agressivité, la vitesse, une intelligence tactique du jeu et le collectif."
Le public des championnes, c'est tout d'abord la famille, et puis les supporters des clubs masculins, attirés par les bons résultats des équipes féminines qui leur sont rattachées. De plus en plus, ce sont aussi les curieux, sensibilisés par la presse et la retransmission des rencontres féminines à la télévision. Car s'il reste peu médiatisé, le rugby féminin fait d'énormes progrès. "Voici encore quatre ans, lors de la dernière Coupe du monde, nous avions à peine le quart de la couverture médiatique d'aujourd'hui. Bien sûr, il en faut encore beaucoup plus pour faire évoluer le rugby féminin, car sans visibilité, rien ne bouge, à commencer par les sponsors et les finances." Or pour être médiatisé, il faut des résultats. Et leur
Grand Chelem au Tournoi des Six Nations en février et mars dernier n'est pas étranger à l'engouement suscité par les Bleues.
Très soudées, liées par une solidarité renforcée par la victoire, les Bleues sont animées, sans complexe, par une féroce envie de gagner. Face aux Néo-Zélandaises, quatre fois championnes, elles sont, aux yeux des autres nations, les vraies favorites de cette Coupe du monde. "Elles jouent à domicile, poussées par leur public, et sont déjà classées premières au niveau européen après leur Grand Chelem. Individuellement, elles sont peut-être inférieures aux Néo-Zélandaises, mais collectivement, elles montrent une confiance que j'avais rarement vu dans leurs yeux," assure leur ancienne capitaine.