Fil d'Ariane
Les femmes sont plus isolées que jamais, elles n'ont plus accès aux travailleurs sociaux ou aux groupes d'entraide. Il faut avoir peur de mourir ou avoir un courage fou pour sortir d'un foyer violent, en pleine pandémie. "La crainte avec la mise en quarantaine c'est que toutes ces démarches qui amènent la décision, si difficile, de sortir et de partir, toutes ces petites étapes, actuellement, ne sont pas possibles…"
Pis, qu'on apprenne, alors qu'on aurait pu prévenir de telles situations, que ça aille tout de suite à l'homicide", dit Sabrina Lemeltier.
Sabrina Lemeltier est directrice générale de la Maison La Dauphinelle, une maison d'hébergement à Montréal qui affiche complet, comme presque toutes les ressources dans la région métropolitaine. Alors où peuvent donc aller les femmes qui réussissent à fuir un conjoint violent, ou celles qui sont hébergées, mais qui contractent le COVID-19 ?
Car Sabrina Lemeltier ne saurait que faire si elle devait venir en aide à une femme atteinte du Covid-19 :"On fait tout pour que cela n'arrive pas, parce qu'au moment ou on se parle, je ne sais pas ce que je ferais. J'appellerais la santé publique et je crierais à l'aide", explique Manon Monastesse, directrice de la Fédération des maisons d'hébergement.
Ce conjoint va exposer les enfants à la violence qu'il exerce envers la mère. Alors les enfants voient, 24 heures sur 24, leur mère se faire violenter"
Sabrina Lemeltier, directrice générale d'une maison d'hébergement
Le besoin d'hébergement temporaire est criant à Montréal. Car malgré la difficulté à demander de l'aide, les appels à SOS violence conjugale ont grimpé de 20% depuis la mi-mars. Des mères réagissent quand l'homme devient violent avec les enfants. Et avec le confinement, cela arrive plus souvent. "Ce conjoint-là va exiger des enfants des choses qu'on exigerait pas d'un enfant habituellement. Et surtout, il va les exposer à la violence qu'il exerce envers la mère, alors les enfants voient, 24 heures sur 24, leur mère se faire violenter", explique Sabrina Lemeltier.
Depuis le début du mois d'avril, des femmes et des familles sont hébergées dans des hôtels, faute de place dans les maisons d'hébergement. Les femmes qui pourraient quitter ces maisons ne peuvent le faire, car pour elles aussi, les recherches de logements et d'emplois sont suspendues, jusqu'à nouvel ordre...
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