Covid-19 : le Québec fait face à la recrudescence des violences familiales et conjugales

Confiné depuis le 15 mars, le Québec fait face à une recrudescence des violences conjugales liée à la promiscuité, et parce que les femmes ont plus de mal à appeler à l'aide. Reportage de nos partenaires de Radio-Canada.
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famille violence
Affiches de la campagne de "sensibilisation pour que ça change" contre les violences conjugales et familiales.
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Le 25 mars, après dix jours de confinement, la police de Montréal répond à l'appel de détresse d'une femme à Anjou, un quartier de Montréal. Son conjoint l'a poignardé. Le lendemain, il sera accusé de tentative de meurtre. Voyez le reportage de Sophie Langlois, avec nos partenaires de Radio-Canada : 
 

Si les groupes qui aident les victimes de violence conjugale craignent une hausse des féminicides. C'est à cause de la prosmicuité induite par la cohabitation forcée, mais aussi parce que le confinement peut empêcher ces femmes d'appeler à l'aide : "Si elle appelle la police alors que le conjoint est dans la maison, il y a un risque accru d'homicide, explique Manon Monastesse, directrice de la Fédération des maisons d'hébergement. Comme les femmes sont avec leur conjoint violent 24 heures 24, il peut vraiment les contrôler dans tous leurs déplacements. Si elles utilisent leur portable ou Internet, ils sont toujours là pour surveiller... Certaines femmes appellent en plein milieu de la nuit en murmurant, cachée dans la salle de bain."

Les femmes plus isolées que jamais

Les femmes sont plus isolées que jamais, elles n'ont plus accès aux travailleurs sociaux ou aux groupes d'entraide. Il faut avoir peur de mourir ou avoir un courage fou pour sortir d'un foyer violent, en pleine pandémie. "La crainte avec la mise en quarantaine c'est que toutes ces démarches qui amènent la décision, si difficile, de sortir et de partir, toutes ces petites étapes, actuellement, ne sont pas possibles…" 
Pis, qu'on apprenne, alors qu'on aurait pu prévenir de telles situations, que ça aille tout de suite à l'homicide", dit Sabrina Lemeltier.

Sabrina Lemeltier est directrice générale de la Maison La Dauphinelle, une maison d'hébergement à Montréal qui affiche complet, comme presque toutes les ressources dans la région métropolitaine.  Alors où peuvent donc aller les femmes qui réussissent à fuir un conjoint violent, ou celles qui sont hébergées, mais qui contractent le COVID-19 ?

Car Sabrina Lemeltier ne saurait que faire si elle devait venir en aide à une femme atteinte du Covid-19 :"On fait tout pour que cela n'arrive pas, parce qu'au moment ou on se parle, je ne sais pas ce que je ferais. J'appellerais la santé publique et je crierais à l'aide", explique Manon Monastesse, directrice de la Fédération des maisons d'hébergement.
 

Ce conjoint va exposer les enfants à la violence qu'il exerce envers la mère. Alors les enfants voient, 24 heures sur 24, leur mère se faire violenter"

Sabrina Lemeltier, directrice générale d'une maison d'hébergement 

Les enfants en première ligne

Le besoin d'hébergement temporaire est criant à Montréal. Car malgré la difficulté à demander de l'aide, les appels à SOS violence conjugale ont grimpé de 20% depuis la mi-mars. Des mères réagissent quand l'homme devient violent avec les enfants. Et avec le confinement, cela arrive plus souvent. "Ce conjoint-là va exiger des enfants des choses qu'on exigerait pas d'un enfant habituellement. Et surtout, il va les exposer à la violence qu'il exerce envers la mère, alors les enfants voient, 24 heures sur 24, leur mère se faire violenter", explique Sabrina Lemeltier.

Depuis le début du mois d'avril, des femmes et des familles sont hébergées dans des hôtels, faute de place dans les maisons d'hébergement. Les femmes qui pourraient quitter ces maisons ne peuvent le faire, car pour elles aussi, les recherches de logements et d'emplois sont suspendues, jusqu'à nouvel ordre...