Manuels scolaires : une « extrême invisibilité de femmes »
Ce dictionnaire avait été lancé parce que « partout, les femmes sont très peu représentées. Elles sont privées de richesses et de reconnaissance » insiste Antoinette Fouque. La contribution des femmes à l’humanité est peu, voire pas, évoquée dans l’enseignement. Tous les domaines sont concernés. En Arts plastiques,
l’artiste Orlan avait pointé du doigt la faible présence d’œuvres produites par des femmes dans les « 100 Chefs-d’œuvre du XX° siècle » répertoriés par le Centre Georges Pompidou. Seules six femmes y figurent, dont quatre décédées.
La minorisation des femmes est une « tendance mondiale », explique Béatrice Didier. Pour la France, le cas est sans appel. Les femmes sont quasiment absentes des manuels scolaires destinés aux lycéens, supports de l’éducation et de la culture générale des jeunes dans l’Hexagone.
La dernière étude sur la représentation des femmes dans les manuels scolaires de français, publiée ce mois de novembre 2013, par le Centre Hubertine Auclert, un organisme spécialisé dans l’expertise et l’information sur l’égalité hommes-femmes, le prouve bien. Il parle d’une « extrême invisibilité de femmes ». Et pour cause, seules 6,1% de femmes sont citées parmi les noms de personnes réelles mentionnées dans les ouvrages passés au crible du centre. Ironie pointée par les chercheurs : ces livrets scolaires sont écrits en majorité par des femmes.
En philosophie, le constat est encore plus alarmant, leur présence dans les livres est quasi nulle : 0,7% de femmes philosophes y seraient citées. Ces deux dernières années, ce centre francilien avait publié
deux études semblables, cette fois-ci sur les manuels scolaires d’Histoire et de Mathématiques où les proportions ne sont pas plus enviables : 3,2 % de femmes citées. Depuis ces études, il n'y a eu presque aucune amélioration. La parité n’est toujours pas respectée dans ces livres. Et pour celles qui sont évoquées par coup de chance, l’étude précise que les textes les accompagnant véhiculent des clichés à leur égard.
Pourquoi une telle absence ? L’Éducation nationale français, qui est chargée d’établir les programmes scolaires via son
Conseil supérieur des programmes installé en octobre dernier, a été contactée par Terriennes. Notre question est restée lettre morte. Le ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, avait pourtant initié cette réforme pour infléchir l’évaluation des élèves, la formation des professeurs et des programmes. Sur ce dernier point, la page de présentation de ce nouvel organisme, publiée sur le site internet du ministère n’évoque aucun projet de parité dans le contenu des enseignements destinés aux enfants, de la maternelle au lycée. Seule l’égalité des sexes est respectée dans la composition des membres du conseil : 9 femmes et 9 hommes.