Crise diplomatique sur fond de droits des femmes : l'Arabie saoudite expulse l'ambassadeur canadien

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© J-L Eyguesier, O. Marchi / TV5MONDE
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Le Canada s'est, une fois de plus, alarmé du sort de deux militantes des droits des femmes emprisonnées dans le pays, dont la soeur du blogueur Raef al Badaoui. Mais cette fois, la réplique est brutale. Riyad expulse l'ambassadeur canadien et gèle ses relations économiques. Les autorités canadiennes se disent sérieusement inquiètes de la situation. Explications. 

En 2012, Samar Badaoui était la récipiendaire du prix du courage féminin décerné par le département d'Etat américain. Cette Saoudienne militante des droits des femmes est connue aussi à travers la campagne qu'elle mène pour la libération de son frère, le blogueur Raef el Badaoui.

Mais depuis la semaine dernière, Samar Badaoui est de retour en prison avec une autre militante Nassima al Sadah, arrêtée par les autorités saoudiennes. 

Réaction canadienne, irritation saoudienne

C'est ici que la diplomatie canadienne entre en scène. Avec un tweet de l'ambassade à Riyad qui se dit gravement préoccupée et demande une libération immédiate.

Un tweet appuyé par un autre, celui de Chrystia Freeland, ministre des Affaires étrangères du Canada : 

Le régime saoudien a été irrité. Emmené par le dynamique Prince Mohammed ben Salmane, quelques mesures ont été prises pour améliorer l'image de l'Arabie saoudite à l'étranger. Mais les militants et militantes pour la démocratie et les droits des femmes n'ont pas vu leur situation s'améliorer.

L'avoir rappelé a déclenché une série de tweets courroucés où Riyad annonce une expulsion de Dennis Horak, l'ambassadeur canadien et le gel de toute relation commerciale. Son ambassadeur au Canada, à Ottawa, est aussi rappelé pour consultations.

tweet AS canada
L'Arabie saoudite indique sur le compte Twitter de son ministre des Affaires étrangères que  la position canadienne relève "d'une violation des procédures et lois du Royaume", l'accusant aussi d'ingérence. 
tweet série AS canada
Sur le compte Twitter du ministre des Affaires étrangères saoudien, il est annoncé le renvoi de l'ambassadeur canadien se trouvant à Riyad. 

Riyad a ensuite pris d'autres mesures : suspension des bourses universitaires pour ses ressortissants au Canada et tranfert des étudiants vers d'autres pays. Ma compagnie aérienne nationale Saudia Airlines a également annoncé la suspension des vols à destination et en provenance de Toronto. 

Inquiétude à Ottawa

Pour le moment Ottawa a réagi a minima, se déclarant inquiet de ces informations de presse. On attend encore une réaction du Premier ministre Justin Trudeau. 

"Nous sommes sérieusement inquiets de ces informations de presse et nous cherchons à en savoir plus sur la récente déclaration du royaume d'Arabie saoudite", a affirmé Marie-Pier Baril, porte-parole du ministère canadien des Affaires étrangères, dans un communiqué qui ajoute : "Le Canada défendra toujours la protection des droits humains, notamment des droits des femmes et de la liberté d'expression partout dans le monde."

Des propos repris dans la déclaration de la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland :

Freeland Déclaration Arabie saoudite
© Site du gouvernement du Canada

Raef al Badaoui 

Les relations entre les deux pays ne sont pas les plus chaleureuses depuis que la femme de Raef al Badaoui s'est réfugiée au Québec avec ses enfants, où elle mène la campagne pour la libération de son mari. 

Raef el Badaoui est derrière les barreaux depuis 2012, il a été condamné à 10 ans de prison plus 1000 coups de fouets. Sur son blog il défendait une libéralisation morale et religieuse en Arabie Saoudite. 

> A voire les explications de Thomas Juneau, professeur à l'école supérieure d'affaires publiques et internaitonales de l'université d'Ottawa :
 

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