Autant de petites phrases, de comportements qui favorisent la "culture du viol" en France, une expression forgée pour dénoncer les agressions en série parmi les élites, également très employée dans les Universités américaines ou canadiennes (voir définition en encadré plus bas), et que Marlène Schiappa, fémme politique, écrivaine, chroniqueuse, également fondatrice de l’association “Maman travaille" entend pourfendre dans son ouvrage "Où sont les violeurs?". Entretien avec une battante qui entend ne céder sur rien.

Pourquoi ce titre ?
"En France, il est très compliqué d'obtenir des chiffres, on connaît les plaintes déposées auprès de la police, mais on sait aussi que pour les victimes de viol, majoritairement au sein du cercle familial, il est très très difficile d'en parler et d'aller jusqu'au commissariat", nous explique la militante féministe, également adjointe à la mairie du Mans.
Le terme viol est communément associé à l'acte sexuel ?
"Avant d’être un rapport sexuel, le viol est un rapport de domination sociale On le voit lors des viols de guerre, on viol pour jeter l’opprobre sur les familles des victimes… On se sert du viol pour humilier, avilir. Et cela n’a pas de caractère sexuel, (comme pour le cas du viol de Théo en France.)"
Qu'est-ce-que la culture du viol ?
"La culture du viol, ce n’est pas une formule que l’on a l’habitude d’entendre en France. Aux Etats-Unis, dans la pays anglo-saxons , on connait ça sous le terme « rapeculture », c’est tout à fait théorisé. (...) La culture du viol c’est tout ce qui contribue dans notre société, dans l’imaginaire collectif à minimiser, à excuser voir parfois à promouvoir ou à érotiser des rapports sexuels sans consentement."
Le violeur de parking, un mythe ?
"Comme on a peu de chiffres, on se base sur les plaintes déposées, mais quand il s’agit d’un viol commis au sein du cercle familial, par un mari, un père, un frère, les victimes ont beaucoup de mal à porter plainte. On se base donc aussi sur les appels reçus par les plate-formes téléphoniques d’aide aux victimes de viol. Ils’avère que dans la très grande majorité, les viols sont commis dans la proximité familiale, du domicile… Et non dans un endroit public, ou dans un parking comme on veut bien le croire."
Vous dites dans le livre « On apprend aux filles à ne pas être violées, on n’apprend pas aux garçons à ne pas violer » ?
"Oui, on pourrait le dire aussi simplement que cela, pourquoi ne pas apprendre aux enfants que leur corps leur appartient, que l’on peut refuser et dire non."
Les pays francophones ne sont pas tous égaux face à cette culture du viol ?
"Il y a une différence dans les pays francophones assez marquante. Au Canada, comme un expert canadien me l’expliquait, le consensus social tacite au Québec, indique qu’une femme peut sans problème sortir à trois heures du matin dans la rue, en France, si une femme se fait agresser la nuit dans la rue, on lui demandera « mais pourquoi étais-tu dehors à 3 h du matin ?"
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Moins responsable si la victime est sexy
Selon une étude réalisée entre le 25 novembre et 2 décembre 2015 avec l'institut IPSOS sur les représentations du viol et des violences sexuelles chez les Français, pour 27% des Français, l'auteur d'un viol est moins responsable si la victime portait une tenue sexy.Je suis ordinaire from Chloé Fontaine on Vimeo.

Ce qu’on appelle la culture du viol, c’est l’ensemble des choses auxquelles on croit en ce qui concerne le viol, et qui contribuent à alimenter une tolérance en faveur du viol : à première vue on a l’impression que tout le monde trouve que le viol est un crime très grave et que personne ne le tolère, mais en réalité c’est faux : si on gratte un peu la surface, on s’aperçoit très vite qu’à cause de ces choses auxquelles on croit, le viol est toléré, banalisé et minimisé. Cela a des conséquences graves, fréquentes et très réelles. Cela nous concerne toutes et tous. Même si on a tendance à croire que cela n’a rien à voir avec nous. (...) La culture du viol est une notion compliquée, parce qu’il nous est difficile d’admettre que le viol est minimisé, toléré, voire cautionné dans notre société. Mais c’est le cas, et c’est étroitement lié à un fonctionnement global qui repose sur le sexisme, et sur le patriarcat.