On la présente comme la Pina Bausch coréenne. Pour le moment, c’est un elfe en gros jupon rouge, crâne rasé. Difficile, à première vue, de se prononcer : homme, femme, moine bouddhiste ? Elle sillonne le fond de scène, dans une danse de l’ours bizarrement enlevée. Et disparaît.
Ainsi commence, au
théâtre de la Colline de Paris,
Dancing Grandmothers de Eun-Me Ahn, une pièce en trois actes. Avec son précédent spectacle,
la Princesse Bari, la Sud-Coréenne a plu à tous. A
Télérama, au
Monde, au
Figaro. Aux unes et aussi aux autres. Elle danse et fait danser. Des jeunes, des vieilles (et des vieux), le public. Son énergie est communicative, sa joie aussi. C’est d’ailleurs son mantra qui s’affiche en intermède. "
La gaieté appelle le bonheur, la danse appelle le bonheur". Vous êtes priés de la croire.
Manie dansante Car à l’heure où le spectacle commence (pour de vrai), vous allez être scotché à votre siège pour vingt minutes torrentielles. Musique tonitruante, mouvement ininterrompu, énergie pure. Imaginez une rave-party survoltée, une
"manie dansante", ancêtre de la rave, une danse de Saint-Guy ultra-communicative.
Imaginez une petite dizaine de garçons et filles, lancés sur la scène comme des boulets, tour à tour et sans souci de genre vêtus de vêtements multicolores : jupes, collants, doudounes, paillettes, cheveux longs ou courts.
"Je choisis jusqu'à la couleur des culottes de mes interprètes," avoue la chorégraphe. Imaginez devoir rester immobile sur votre siège tandis que leurs jeunesse-vitesse-trajectoire vous invitent à les rejoindre pour une transe collective.