Fil d'Ariane
Voir cette publication sur InstagramMiss America 2019 Nia Franklin . . Roses by @passionroses . #missamerica
Une publication partagée par Miss America (@missamerica) le 9 Sept. 2018 à 10 :30 PDT
Originaire de Winston-Salem, en Caroline du Nord, Nia Franklin détient une maîtrise en composition musicale à la UNC School of the Arts. Après avoir été acceptée au programme Kenan Fellow au Lincoln Center Education à Manhattan, elle habite désormais New York où elle exerce ses talents de chanteuse lyrique.
Il a fallu beaucoup de persévérance pour arriver ici.
Nia Franklin
"Il a fallu beaucoup de persévérance pour arriver ici", a également commenté la nouvelle Miss America peu après victoire. Au cours de la compétition, la jeune femme a aussi longuement décrit comment la musique l’a aidée à trouver son identité de femme noire. "J'ai grandi dans une école à prédominance caucasienne et il n'y avait que cinq pour cent de minorités, et je me sentais tellement déplacée à cause de la couleur de ma peau", a-t-elle expliqué, "Mais en grandissant, j'ai découvert mon amour pour les arts et, grâce à la musique, cela m'a aidée à me sentir positive et à savoir qui j'étais."
Cette élection intervient au terme d'une année passée sous le signe de la controverse pour l'organisation de Miss America. Son ancien PDG, Sam Haskell, avait dû démissionner après la publication dans la presse de mails dans lesquels il tenait des propos sexistes sur des participantes. D'autres membres de la direction l'avaient suivi dans sa chute.
Le comité, désormais repris en main par une ex-miss, connue pour ses positions féministes et pro-MeToo, se cherche une nouvelle identité pour ne pas dire "virginité" : apposant à son nom de Miss America le "numériquement correct" 2.0, et allant même jusqu'à oser se mettre à dos ses vieux fans en abandonnant le traditionnel défilé en bikini. (Révolution à minima : cette année, les participantes ont caché le bas de leur maillot deux pièces par un paréo courtement noué sur la hanche, ndlr)
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Nia Franklin n'est pas la première jeune femme africaine-américaine à recevoir ce sacre. Mais le chemin a été long pour les candidates dites "différentes", qu'elles aient la peau plus foncée ou qu'elles ne correspondent pas aux normes ethniques ou religieuses de l'Amérique blanche conservatrice.
Un article du Monde du mois d'août 2018 rappelle qu'en 1945, "lorsque, pour la première et unique fois de son histoire, une finaliste juive, Bess Myerson, remporte le concours, il lui est fortement conseillé par les organisateurs de changer son nom de famille au profit d’un pseudonyme à la sonorité plus américaine. La jeune fille s’y oppose fermement." Le journaliste explique que lorsqu'elle effectua sa tournée à travers le pays, la jeune miss avait dû détourner son regard face aux panneaux "Interdit aux juifs" collés sur les portes des hôtels ou des country clubs de l'Amérique sudiste où elle devait remplir sa tâche d'ambassadrice.
Je voulais que cette manifestation mette un terme à ce complexe vieux comme le monde où des millions de femmes noires finissent par se persuader que leur physique ne correspond pas aux standards de beauté.
J. Morris Anderson
Depuis Miss America 1983, le contexte est bien différent, entre-temps les Etats-Unis ont eu un président noir, même si les changements espérés par les défenseurs des droits humains en faveur de la population africaine-américaine n'ont été que limités (pour ne pas dire nuls...). Discriminations, violences policières, et ce n'est pas une surprise, les femmes toujours en première ligne.
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Voir cette publication sur InstagramUne publication partagée par Tracee Ellis Ross (@traceeellisross) le 8 Août 2018 à 4 :14 PDT
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— Serena Williams (@serenawilliams) 16 août 2018
(Rien de moi en ce moment n'est parfait mais je suis parfaitement Serena)
Alors véritable choix politique ou phénomène de mode ? Mouvement de fond dans le sillage de "Black lives matter" ou simple écume de surface ? La championne de tennis Serena Williams, qui a fait la Une du Time magazine en août 2018, reste encore et toujours la cible d'attaques sexistes (et racistes), comme elle l'a encore dénoncé lors de la finale du tournoi de l'US Open, lors d'un violent clash avec l'arbitre. "Je me bats ici pour les droits des femmes et pour l'égalité des femmes et pour toutes sortes de choses. Pour moi !", a-t-elle déclaré lors de la conférence de presse d'après match.
Australian cartoonist, Mark Knight under fire for Serena Williams sketch. He is accused of being racist and sexist. #USOpen pic.twitter.com/K3JYfdU9yY
— Katlego Maseng (@KatlegoMaseng1) September 11, 2018
Et pour ajouter à la polémique, le dessin d'un caricaturiste australien décrivant à sa façon la colère de Serena sur le cours a depuis créé un immense "badbuzz", sur la planète twitter, reléguant il faut bien le dire aux oubliettes la performance de la gagnante du tournoi, Naomi Osaka, une jeune métisse nippo-haïtienne, à peine âgée de 20 ans.
De quoi rester sur ses gardes, donc. Espérons que ce #blackgirlmagic ne sera pas qu'un tour de magie, apparaître pour (re-)disparaître.
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