"Gina, allez me chercher un café !" - les clichés ont la peau dure
Employées chez Armand, Shamsell Abdill et Gina Candan, quant à elles, opèrent comme maîtres d’œuvre sur un chantier public dans le Bronx. Quelques années après, Gina n’en revient toujours pas d’avoir été prise pour la secrétaire à qui l’on demande un café en pleine réunion de chantier. « Passionnée » par son métier, Shamsell, elle, est convaincue, qu’elle n’aurait pas mis aussi longtemps à atteindre ce poste si elle avait été un homme. « Nous devons constamment nous battre et défendre nos décisions », déplore-t-elle, un brin résignée. Elle sait aussi qu’elle doit « éviter les grands sourires et les tapes sur l’épaule », histoire de gérer au mieux les égo masculins.
Déterminée à lutter contre ce type de stéréotypes, la Fondation
Non-traditional employment for Women (NEW) a pris les choses en main. Electricienne, menuisière, cheffe de chantier… Dans la caserne désaffectée qu’elle a investie à Manhattan, elle forme désormais à ces métiers pas moins de 500 femmes par an. Durant les sessions de six semaines, des femmes de tous âges et de toutes origines s’exercent à charger et décharger des porter des poids de trente kilos, font des maths à haute dose, s’initient à la menuiserie et à l’électricité, tout en apprenant à résister au harcèlement sexuel. Afin, comme
Elise Harris, de prendre « un nouveau départ ». A 43 ans, elle a décidé de quitter le journalisme pour devenir conductrice d’engin. « Les gens autour de moi sont surpris d’une telle reconversion. Ils ne voient pas le côté intellectuel de ces métiers. Ils ont tort de les déprécier. »