Le Docteur Mukwege est colauréat du Nobel de la Paix avec l'activiste kurde Nadia Murad. Tous deux ont reçu leur prix, ce 10 décembre 2018. L'occasion pour chacun d'entre eux de livrer un discours important.
Le médecin congolais a appelé la planète à cesser d'ignorer les victimes de violences sexuelles en temps de conflit. "Ce ne sont pas seulement les auteurs de violences qui sont responsables de leurs crimes,mais aussi ceux qui choisissent de détourner le regard", a affirmé le gynécologue de 63 ans à la tribune. "S'il faut faire la guerre, c'est la guerre contre l'indifférence qui ronge nos sociétés aujourd'hui."
“Je pense aux survivantes de la violence sexuelle partout dans le monde“
Il y a quatre ans, c'est sur le plateau de TV5MONDE que le Docteur Mukwege réagissait au prix Sakharov qui lui était remis :
Humilité et action
L'homme qui aimait les femmes
Dans cette région, en proie à une guerre de territoires, sans merci, les exactions se succèdent aux exactions, et les femmes en sont les premières victimes.
La journaliste Chouchou Namegabe Nabintu, qui a fondé l'Association des femmes des médias du Sud-Kivu décrit ainsi les ravages de ce conflit inter-ethniques, et le viol comme stratégie de conquête : "Il ne s'agit pas de soldats qui assouvissent leur pulsion sexuelle. C'est autre chose qui se passe. C'est une stratégie militaire pour contrôler la région. Après le viol, ils font des choses atroces. Ils coulent du plastique sur les vagins, ils y introduisent des objets, ils tirent dans les vagins, ils brûlent... Ce sont des histoires inimaginables. Et comme nous sommes dans une culture de l'impunité, les civils copient les hommes armés et se mettent eux aussi à violer. Le corps des femme est devenu un instrument de jeu."
Plus de 200 000 viols ont été perpétrés depuis 1996.

Indestructible
52 femmes, personnalités du monde entier, dont des figures de la politique française, ont signé une pétition en août 2013, appelant à la création d'un Tribunal pénal international pour juger ceux qui ont bafoué les droits humains dans l'est de la République démocratique du Congo en particulier ceux qui ont fait du viol une arme de guerre. Un appel resté sans réponse jusque-là. Une démarche en écho à la première "Marche mondiale des femmes", passée par Kinshasa.
Habitué des "nominations" et des récompenses, il a reçu de multiples prix pour son engagement - prix Olof Palme, prix des Droits de l'homme des Nations Unies, prix prix français des Droits de l'homme, et le dernier en date, le le prix "Right Livelihood", considéré comme un "Nobel alternatif", en septembre 2013.