Le destin historique d’un grand homme se dessine-t-il dès l’enfance ? Dans son dernier ouvrage, l'historienne Sabine Melchior-Bonnet montre que derrière tout héros, qu’il soit grandiose ou maudit, il y a bien… une mère.
C’est dans les relations entre mère et fils que se joue aussi l’Histoire. Voilà ce que semble démontrer l'ouvrage de Sabine Melchior-Bonnet,
Les grands hommes et leur mère (Editions Odile Jacob ).
Cette historienne du 17ème siècle, n'en est pas à son coup d'essai en matière d'histoire des femmes, ou d'Histoire selon les femmes. On doit à cette membre du Collège de France et de la Société Internationale pour l'Etude des Femmes de l'Ancien Régime, entre autres, une histoire de l'adultère, une autre du mariage (Ed Robert Laffont), ce qui va, finalement, assez bien ensemble, ou encore
du miroir (ed Imago).
Cette fois, c'est donc à la figure de la mère, son influence, sa présence que Sabine Melchior-Bonnet dédie son dernier livre. Une question intéressante en ces temps d'élections en France (mais aussi ailleurs) où brillent presque exclusivement des hommes. Que seraient devenus Néron, François Ier, Louis XIII, Louis XIV, Napoléon, mais aussi Churchill, Staline, Hitler, sans leur mère ?
"Les mères ont eu un rôle énorme dans l'histoire de ces destinées hors-normes, car souvent les pères étaient absents, sur le front à la guerre, au travail", explique l'historienne.
"Tu aurais mieux fait d’être prêtre", voila les mots de Katarina, à son fils Staline, alors qu'il avait déjà éliminé une partie de sa famille. Elle avait inscrit son fils au séminaire, il y a passé 5 ans, mais ne s’est pas présenté à l’examen. Il préférait alors lire Victor Hugo, qui passait pour un révolutionnaire à l'époque.
Clara, mère d'Adolf Hitler pensait qu'il deviendrait un grand artiste! Sabine Melchior-Bonnet
Impossible évidemment de ne pas se pencher sur Clara Hitler, la mère d’Adolf Hitler. Une mère qui encourage son petit Adolf à faire de l’aquarelle, car elle pensait qu’il serait un grand artiste.
Mais une mère n’est pas toujours responsable de ce que va devenir son fils, tient à préciser l’auteure. Dans le cas de Néron, sa mère Aggrippine a cherché à faire du mieux possible pour son fils. Mais elle aimait tellement le pouvoir, qu’elle l’a pris pour lui, dans la Rome antique, les femmes n'avaient pas accès aux postes les plus élevés.
Il n’y a pas que des "monstres" à être répertoriés dans cet ouvrage. Dans le cas de St Augustin, c'est sa mère, Monique qui l’a poussé sur cette voie "alors qu’enfant, il ne songeait qu’à s’amuser".
Sabine Melchior-Bonnet est historienne, spécialiste de l’histoire des sensibilités, département de ce que l'on réunit sous l'expression Histoire des mentalités. Elle travaille au Collège de France auprès des professeurs Jean Delumeau et Daniel Roche. Outre les ouvrages cités plus haut, elle a publié également "Une histoire de la frivolité" (ed Armand Colin), un "Art de vivre au temps de Diane de Poitiers" (ed Nil), ou "La vie devant elles, une histoire de la femme de 50 ans" (ed de la Martinière).