Vide juridique
Beaucoup finissent par se suicider. La défenestration est le moyen le plus utilisé par ces dernières qui sont souvent enfermées à domicile par leurs employeurs. Selon HRW, le taux de mortalité de femmes de ménages a fortement augmenté au Liban. En cause : une législation qui ne leur prévoit aucune protection. Exclues du droit du travail libanais, les femmes de ménage étrangères sont soumises à des
règles d'immigration restrictives basées sur le parrainage individuel par l'employeur. Un vide juridique qui profite aux patrons peu scrupuleux.
"L'absence d’une protection juridique des droits des travailleuses domestiques au Liban, ainsi que les politiques restrictives en matière de visas, contribuent à leur isolement, aux mauvais traitements qu’elles subissent, à leur endettement et à leur incapacité à échapper aux abus", avait souligné Nadim Houry, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch dans un
communiqué de l'organisation publié en 2012.
Problème aussi dans le système pénal du Liban. Lorsque des plaintes sont enregistrées, le traitement des dossiers est long : 24 mois en moyenne et les peines contre les agresseurs souvent légères. "Le gouvernement libanais devrait faire d'une réforme du système de parrainage sa priorité et adopter une nouvelle loi sur le travail domestique qui soit conforme aux critères internationaux dans ce domaine", avait indiqué Nadim Houry.
Promesses politiques
Suite aux nombreux scandales de violences commises sur des domestiques étrangères, le gouvernement libanais avait promis à plusieurs reprises un changement de législation. Le pays avait aussi voté en faveur de la Convention internationale n°189 de l'Organisation internationale du travail (
OIT) sur le travail décent pour les travailleurs domestiques en 2011. La même année, le ministre du Travail, Boutros Harb, avait proposé un texte qui règlementait les conditions d'emplois de ces femmes puis rapidement abandonné en raison d'un changement de gouvernement. En 2010, le Conseil des ministre avait approuvé un
projet de loi contre les violences à l'égard des femmes qui concernait aussi les femmes de ménage. Mais le cas de ces employés de maison africaines montre que les promesses tardent à s'appliquer.
Dernier recours possible : les ambassades des pays d'origines. Longtemps critiqués pour leur inaction, plusieurs pays fournisseurs de main d’œuvre ont commencé à réagir. Les autorités malgaches, sri-lankaise et philippines rapatrient leurs ressortissants ou les incitent à ne pas accepter d'emplois venant du Liban. Le dernier en date : l’Éthiopie a interdit en octobre 2013 aux hommes et aux femmes de migrer vers le Moyen-Orient en raison des nombreuses informations sur des violences généralisées à leur égard dans cette région.