Aujourd’hui partout dans les pays de l’Union européenne, des coups de boutoir sont portés contre ce qui paraissait aller de soi en matière d’émancipation humaine : le droit à l’avortement est mis à mal institutionnellement, comme en Espagne, ou pratiquement, comme en Italie et en France par des refus de plus en plus fréquents du personnel médical d’y procéder - et les féministes proposent de l'inscrire dans la
Charte européenne des droits fondamentaux, comme cela été initialement prévu par ses rédacteurs ; malgré une journée internationale de l’égalité au travail, malgré des incitations ministérielles en France ou ailleurs pour pénaliser les entreprises inégalitaires, les élus européens ont voté contre des dispositifs supra nationaux destinés à enrayer les disparités entre les hommes et les femmes… Sans oublier ces déferlantes de mauvaise foi haineuse, en France, en Pologne ou ailleurs, contre les tentatives de mise à mal des stéréotypes sexués afin de diminuer le machisme conscient ou inconscient à l’œuvre dans toutes les sphères de la vie sociale ou éducative. Les « Féministes pour une Europe Solidaire », résolument à gauche, affirment que leurs listes ne sont pas « communautaires », que se battre contre les discriminations sexuelles est une tête de pont pour faire avancer les droits de tous, en particulier dans le champ social : « Les listes féministes exigeront une autre politique économique que celle basée sur l’austérité budgétaire, dont les conséquences sociales sont dramatiques », affichent-elle déjà dans leur pré-programme. Convaincues que les politiques de rigueur imposées par la Commission européenne pèsent d’abord sur les femmes, et donc, à travers elles, fragilisent tous les salariés, elles espèrent que leurs voix et leurs voies permettront au projet européen d’aller vers une émancipation citoyenne. Pourtant, l’exemple grec montre que, dans ce pays soumis aux drastiques règles de Bruxelles, les femmes ont mieux résisté à la crise économique et sociale que les hommes…