Des mots contre les maux, arme tranquille des Tunisiennes pour les libertés
« Un enfant qui lit est un adulte qui pense ! », le slogan a été lancé par l’Union des associations humanitaires tunisiennes le 18 avril 2013. Depuis la révolution, les Tunisiens manifestent en permanence et à propos de tout, preuve d'une société bien vivante. Cette fois, l’action veut promouvoir la lecture dans les écoles. Une cinquantaine de Tunisiens s’étaient rassemblés devant le Théâtre municipal de Tunis, sur l’avenue Habib Bourguiba, lieu de la contestation depuis la révolution. La plupart des manifestants étaient… des femmes. Sans doute pas par hasard...
“Ainsi parlait Zarathoustra“, de Friedrich Nietzsche, et en anglais, au programme de cette lecture publique
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En plein après-midi, sous un soleil printanier, l’avenue Bourguiba, à Tunis, fait à nouveau parler d’elle. C’est devant le Théâtre municipal de Tunis qu’une foule se rassemble. « L’Avenue en mode lire ». Il s’agit d’un premier événement dans la campagne de sensibilisation de l’Union des associations humanitaires tunisiennes. L’objectif de l’action est simple : récolter des livres afin d’offrir une bibliothèque à toutes les écoles tunisiennes. Mais pour l’heure, on distribue des livres, on s’installe sur les marches du théâtre et la lecture débute. Certains sont venus en famille ou entre amis. Mais tous ont leur livre de prédilection dans les mains. Peu importe si on lit de gauche à droite, en français, les lignes de Baudelaire, ou de droite à gauche, en arabe, les écrits du grand sociologue tunisien Ibn Khaldoun. Ce qui compte, c’est d’être ensemble pour dévorer les écrits des plus grands auteurs, quelles que soient leurs origines.
Et aussi les Fleurs du mal, recueil de poèmes de Baudelaire, en français cette fois
Après observation de la foule, il apparaît que la plupart des activistes présents sont des femmes, en particulier des étudiantes. Mais il y a aussi des mères de famille, des intellectuelles… Toutes sont venues soutenir l’association. « La lecture forge l’esprit de l’Homme. C’est indéniable et historique ! » lance une lectrice. Il s’agit de la deuxième édition de cette action. Pour l’Union des associations humanitaires tunisiennes, « les jeunes ont besoin d’entrer en contact avec des auteurs de toutes les cultures pour construire une nouvelle Tunisie démocratique. La jeunesse, c’est l’avenir ».
"Un pays sans culture est réduit à rien" - 20"
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Le Théâtre municipal de Tunis, lieu du hapenning, sur l'avenue Bourguiba
Une passante s’arrête devant le rassemblement, curieuse de savoir ce qu’il se passe. Elle est professeure de littérature dans une école de Tunis. C’est avec surprise qu’elle constate autant d’intérêt de la part de jeunes et moins jeunes pour les livres. Les journalistes locaux, eux, n’ont pas été surpris, ils sont bien présents. Les photographes immortalisent la scène pendant que les télévisions enchainent les interviews.
"La fraicheur de la jeunesse, réponse à l'obscurantisme" - 26"
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L’obscurantisme qui grimpe dans ce pays inquiète une partie de la population. Les femmes présentes à cette action sont formelles, l’éducation et la culture sont pour elles les meilleures armes pour combattre cette mouvance extrémiste. « Un enfant qui lit est un adulte qui pense ». Ces femmes souhaitent une Tunisie libre de penser et de s’exprimer. Mais avant de construire le pays, il faut construire l’esprit. Et pour ces manifestantes, cela n’est possible que par la lecture ! Entre cliché et réalité Au même moment, dans une rue perpendiculaire une horde de supporters hurle bruyamment à la gloire d’un club de foot local. Le contraste est saisissant entre les lectrices paisibles et les fans excités. Un cliché, certes mais qui reflète la dualité du pays : musulmans/laïcs, conservateurs/progressistes, hommes/femmes… Force est de constater que les quelques hommes qui s'étaient arrêtés devant le rassemblement de lecture ont immédiatement obliqué pour rejoindre le groupe des supporters. Sport ou lecture ? La plupart des Tunisiens ont fait leur choix. Pas de panique pour la nouvelle Tunisie ! Les femmes seront toujours là pour penser.