D'après un reportage diffusé sur une chaîne locale, des tests de virginité sont pratiqués sur demande à l'Institut national de médecine légale en Géorgie. Ce qui a provoqué la colère des féministes.
Une image du reportage diffusée sur la chaîne locale montrant le matériel servant à faire les tests de virginité.
3 minutes de lecture
Les manifestantes dénonçant les tests de virginité, le 30 juillet dernier.
« Je ne suis pas un hymen ! » « Mon corps m'appartient ! », scandait une poignée de féministes géorgiennes mardi 30 juillet devant l'Institut national de la médecine légale à Tiblissi. Dans ce centre public, un nouveau service a été mis en place : le dépistage de la virginité féminine. C'est un reportage diffusé sur la chaîne nationale Imedi TV qui a rélevé le scandale. Selon les journalistes, il est désormais possible de soumettre avant le mariage la future épouse à un test de virginité en toute légalité et pour un coût de 175 lari (environ 80 euros). Contrairement à ce qui se passe en Egypte ou en Algérie , ces tests ne sont pas des outils d'humiliation au service des forces de l'ordre. Mais cela reste « absolument humiliant pour la femme », dénonce une des manifestantes. Dans cet ancien pays soviétique où l'Eglise orthodoxe est devenue une puissante institution, les pouvoirs publics n'ont jamais été préoccupés par l'égalité entre les sexes. Mais là, c'est encore pire, déplore Tata Tsopurashivi, membre des Féministes indépendantes. « La Géorgie est peut-être un pays patriarcal, mais qu’un Etat encourage la discrimination des femmes est inacceptable. Obliger un être humain à obtenir un certificat confirmant sa virginité, c’est un traitement abusif. Cela veut dire qu’on ne fait pas confiance à une femme, qu’elle est devenue la cible de pressions psychologiques et de violences.» Pour l'heure, l'Institut de médecine légale affirme ne pas livrer de document officiel attestant la virginité. Ce que les manifestantes ont bien du mal à croire. « Bien qu'ils le prétendent le contraire, ils travaillent avec des individus qui sont des clients, il est donc logique qu'ils délivrent ce genre de document après un tel test », analyse la militante Etuna Nogaidely.
Réveil du féminisme géorgien Malgré tout, cette affaire a pour effet positif de relancer le féminisme en Géorgie. L'année dernière, une autre affaire avait provoqué la colère des militantes. Un jeu télévisuel (diffusée là encore sur Imedi TV) baptisé La Logique des femmes. Les règles ? Le joueur masculin devait saisir la logique de sa coéquipière en devinant les réponses qu'elles avait données à une série de questions. Un jeu profondément misogyne nourri de préjugés sur les capacités intellectuelles des femmes. Ce qui a valu à la chaîne une belle manifestation féministe aux pieds de ses locaux. Couvrant l'événement, la radio britannique BBC s'était alors interrogée : Les féministes débarquent en Géorgie ?