Fil d'Ariane
Nous sommes, avec ces 14 intrigues d’une efficacité rare, aux antipodes de la psychologie bon marché ou des propos doctes qu’a pu susciter le sujet.
Marc Bressant est-il un féministe qui s’ignore… ou qui ne s’ignore pas ?
Les principaux personnages féminins qui traversent ses récits sont plus sympathiques et subtils les uns que les autres. Des femmes libres, qu’elles soient nos strictes contemporaines ou qu’elles surgissent des salons du 19ème siècle. Des femmes qui vont au bout de leur désir ou qui y renoncent en toute lucidité. Des femmes au bagage intellectuel solide ou au cœur simple. Des femmes dont on dirait distraitement qu’elles sont quelque peu fêlées, comme cette petite Anglaise décidée à bénéficier des gènes d’un poète éminemment célèbre, et qui se soucie peu du courroux qu’elle va susciter chez ce grand séducteur, une fois le « forfait » accompli.
D’autres parfaitement « cérébrées », la quarantaine épanouie, qui s’en vont rouler sur les chemins de campagne en écoutant Barbara, rouvrent la maison familiale de leur enfance et transcendent en toute lucidité leurs envies de maternité. Ailleurs, les confidences d’une femme de bonne famille aux méthodes de séduction aussi magnifiques que particulièrement insolites, se racontant à une amie médusée par tant d’audace.
On ne parle bien de Byzance qu’au lit !
Marc Bressant - Désir d'enfant
La force du propos de Marc Bressant tient aussi dans son envie de faire parler et mouvoir plusieurs hommes qui n’hésitent pas à narrer leur désir d’enfant, ou leur renoncement assumé.
Le plus irrésistible d’entre eux est ce vieux général nostalgique des conversations magnifiques qui l’ont fait grandir, autrefois, sous les draps d’une fille de joie, et qui donne à un auditoire au visage cramoisi la plus jolie et la plus tendre leçon de choses qu’on puisse imaginer.
Impossible, sous peine de déflorer et de gâcher la fête, d’en dire davantage sur ce recueil de nouvelles, genre éminemment judicieux au regard du propos. Car voilà bien une lecture digne de vous surprendre à chaque nouveau « lever de rideau » et de vous apporter un plaisir gourmand. En plus de donner à regarder avec amusement comment Marc Bressant agence, dans ses récits, les particularités des nationalités très variées de ses personnages et de leurs accents.
Comme si cet écrivain, qui a bien roulé sa bosse professionnelle et qui a présidé autrefois aux destinées de TV5MONDE (sous son vrai nom de Patrick Imhaus), avait ici une nouvelle fois chaussé ses bottes de sept lieues pour s’en aller vaquer aux quatre coins du monde et nous inventer une humanité agissante en proie aux plus douces interrogations existentielles.