Fil d'Ariane
Le documentaire Le Sentier des Absents sort en France à l'occasion de la Journée mondiale de sensibilisation au deuil périnatal. Au fil du chemin parcouru par trois femmes pour se relever, surmonter la culpabilité et entretenir le souvenir d’un enfant qui n’a eu d’existence qu’en elles, Eugénie Zvonkine ouvre une porte sur l'univers tendre et profondément émouvant, celui du deuil périnatal par celles qui l’ont vécu.
Scène du film.
Juliette, Kamila et Ikram sont de jeunes femmes aux vécus et aux tempéraments très différents. Pourtant, elles sont liées par un même traumatisme de mère : la perte d’un enfant pendant la grossesse ou à la naissance. Une souffrance qu’elles partagent avec Eugénie, réalisatrice du film Le sentier des absents.
Pour toutes les quatre, en 2016, la date d’un accouchement a été celui de la mort d’un enfant. A la suite de leur traumatisme, elles se sont rencontrées au groupe de parole de la docteure Marie-José Soubieux . "Un coup de foudre amical", se souvient Eugénie Zvonkine, réalisatrice, chercheuse et enseignante en cinéma.
Quelques mois seulement après la perte de leur bébé, toutes ressentent le besoin de raconter et de partager cet épisode traumatique de leur vie dans ce qu'il a de si particulier dans une société où la maternité maîtrisée est associée à une injonction de bonheur. Et surtout, elles veulent exprimer cette souffrance qui, hier encore, ne se disait pas.
Je ne pouvais pas du tout regarder les images et il a fallu un long temps pour y revenir et puis encore un long temps pour que le film prenne forme. Eugénie Zvonkine, réalisatrice
Alors elles vont parler à Eugénie Zvonkine qui les suit, chacune, dans leurs parcours de deuils. Des parcours psychologiques, mais aussi géographiques, à la recherche de bébés que personne, sauf elles, n'a jamais connus. Ces voyages constitueront la trame du documentaire Le Sentier des Absents. Mais pour la réalisatrice qui, elle aussi, a vécu cette perte, la douleur est, à l’époque, trop vive encore pour mener à bien le film dans la foulée. "Je ne pouvais pas du tout regarder les images et il a fallu un long temps pour y revenir et puis encore un long temps pour que le film prenne forme", explique-t-elle.
Le Sentier des Absents sort en France le 16 octobre 2024, au lendemain de la Journée mondiale de sensibilisation au deuil périnatal.
Le deuil périnatal survient après le décès d’un bébé, soit in utero à partir de cinq mois de grossesse, soit à la naissance ou dans les jours qui suivent, jusqu’à une semaine de vie. Cela recouvre une multitude de réalités : interruption médicale de grossesse, mort foetale in utero, décès du bébé pendant l’accouchement, décès post-natal...
On compte actuellement environ 7000 décès de bébés par an en France, 1000 en Belgique, 600 en Suisse, 3200 au Canada.
Terriennes : Qui sont les femmes qui pavent le sentier des absents ?
Eugénie Zvonkine : Ce sont trois femmes qui ont des tempéraments très différents, mais qui toutes les trois, sont incroyablement belles et fortes. Il y a Juliette, avec qui on traverse Paris pour aller jusqu’aux Diaconesse (maternité située à Paris, ndlr), où elle a accouché de tous ses enfants. Elle nous emmène ensuite sur le lieu de la sépulture de sa fille, dans un paysage de montagne français. Puis il y a Ikram, avec qui je retourne à Oujda, au Maroc, puisque c'est de là qu'elle vient, et c'est là que sont enterrées sa sœur, qu'elle a perdue un peu avant sa fille, et sa fille. Enfin il y a Kamila, d'origine algérienne, qui vit en France, et avec qui on découvre Saint-Soline qui, à l'époque était un endroit totalement méconnu et qu'elle avait trouvé par hasard sur Google à la recherche de signes de sa fille disparue. Depuis, Sainte-Soline a défrayé la chronique (pour les manifestations anti-bassines, ndlr) et c'est un lieu que tout le monde connaît, maintenant, mais à l'époque, nous découvrons un village très, très paisible.
Juliette, Ikram et Kamila, les femmes du film Le sentier des absents.
Elles sont très différentes, et pourtant, elles ont en commun la perte d'un bébé...
Elles ont en commun le deuil périnatal, ce deuil très spécifique qui est la perte d'un enfant en cours ou en toute fin de grossesse. En fait, ce qui a fait que ça a été elles et pas d'autres, c'est parce que, justement, elles sont très différentes et qu'elles se complètent en s'exprimant extrêmement bien, mais de manières différentes. Elles trouvent vraiment des mots très justes à poser sur ce vécu très difficile et très douloureux.
Il y a une trajectoire commune, où chaque histoire, toute différente qu'elle est des autres, fait résonance, fait écho aux autres. Eugénie Zvonkine
Et pourtant, il y a un certain nombre de points communs dans ce deuil périnatal quand on le vit en tant que mère. Il y a une trajectoire commune, où chaque histoire, toute différente qu'elle est des autres, fait résonance, fait écho aux autres. D'une certaine manière, chacune parle un peu pour les autres.
Il y a Juliette, Kamila et Ikram, et puis il y a vous...
Si le film est venu, c'est parce que je l'ai vécu moi-même, j'ai perdu un bébé en cours de grossesse, et j'ai rencontré ces trois femmes dans un groupe de parole. C'est aussi une histoire de coup de foudre amical pour ces trois femmes-là, parce que je me suis sentie une vraie proximité d'âme tout de suite avec elles. Ma trajectoire à moi, c'est le film, c'est le fait de faire ces trois voyages avec elles pour leurs bébés. Le voyage pour mon bébé perdu, c'est le film. Une autre manière d'en parler.
Ce film vous a-t-il aidé toutes les quatre à faire le deuil ?
Filmer était la seule chose qui avait du sens pour moi. Le film est né de cette nécessité, de cette urgence de créer un espace-temps pour ces bébés perdus, de cheminer et de créer un espace cinématographique où ces enfants pouvaient exister, où ces paroles pouvaient exister. C'est un deuil encore très tabou et ce sont des paroles qui ne sont pas beaucoup entendues, pas beaucoup tolérées dans la société.
C'est un deuil autour de beaucoup de projections et de désirs inassouvis, dont celui de vivre avec cet enfant qui n'aura pas vécu, de toutes les expériences qu'on n'aura pas connues. Eugénie Zvonkine
Je crois que l'on ne finit jamais de faire son deuil. Je crois qu'on apprend à vivre avec et à cheminer avec, d'où le titre du film, Le sentier des absents, puisque que l'on ne va pas de l'avant en oubliant ces enfants, en faisant comme si ce deuil était réglé et qu'il n'existait plus, mais plutôt on avance avec. On ne peut pas juste tourner la page, on vit avec.
Comment vivre avec un deuil sans souvenir ?
C'est là la difficulté particulière de ce deuil. C'est un deuil autour de beaucoup de projections et de désirs inassouvis, dont celui de vivre avec cet enfant qui n'aura pas vécu, de toutes les expériences qu'on n'aura pas connues.
Le film crée un espace-temps pour ces enfants et avec eux. Comme si on avait quand même vécu quelque chose, même si ce n'est pas ce que l'on espérait ou ce que l'on pensait vivre. Eugénie Zvonkine
Ikram en parle très bien dans le film, qui a perdu sa soeur peu de temps avant de perdre sa fille. Et elle compare, très justement le deuil d'un bébé qui n'a pas pas vécu et celui d'une personne qui a vécu. C'est aussi extrêmement douloureux, mais l'on a des souvenirs auxquels se raccrocher. Dans un deuil périnatal, il y a beaucoup de regrets, beaucoup de choses qu'on aurait voulu vivre et qu'on n'a pas pu vivre. C'est un deuil très spécifique.
Le cinéma permet-il de créer des souvenirs qui n'ont pas existé ?
Je crois que le cinéma a ce talent particulier de faire exister l'absence, c'est-à-dire que le cinéma est un art qui donne à voir et à sentir l'absence de façon tout à fait unique. C'est peut-être pour cela qu'il fallait que ce soit un film qui crée un espace-temps pour ces enfants et avec eux. C'est comme si l'on avait quand même vécu quelque chose, même si ce n'est pas ce que l'on espérait ou ce que l'on pensait vivre.
Autrefois, ces enfants étaient des anges. Et maintenant, qui sont-ils ?
Nous sommes très heureux de vivre à une époque où la médecine permet qu'il y ait beaucoup moins de deuils autour de la périnatalité. Mais à la fin du 19e, début du 20e siècle, alors que les décès d'enfants très jeunes étaient beaucoup plus fréquents, il y avait les photos des enfants morts-nés dans les albums de famille, par exemple, ce qui, aujourd'hui, semble totalement inimaginable.
Et puis la religion jouait aussi probablement un rôle, parce que l'on savait que dire ou que faire de cet enfant : "voilà, il est au ciel, c'est un ange". D'ailleurs, ce type de discours existe encore : quand Ikram est au Maroc, on lui dit "ton enfant est un ange". Mais c'est sûr que c'est beaucoup plus difficile aujourd'hui.
C'est donc notre société qui a fait du deuil périnatal un tabou ?
Ces décès sont devenus beaucoup plus tabous depuis que la maternité est maîtrisée. Personne n'a envie d'entendre parler d'histoires où cette maîtrise dysfonctionne, où il y a perte malgré tout.
Je sais qu'elle n'est pas là, je sais qu'elle n'est pas au ciel. Elle est plutôt dans ma tête. Kamila
La religion ayant beaucoup reculé, que faire ? Que faire de ce petit être qui n'a pas vécu et qui n'a existé que dans le ventre de la maman qui, en général, l'a senti bouger, qui en a accouché, alors que son existence, par ailleurs, est très théorique pour beaucoup d'autres gens ? Je n'ai pas de réponse, je pense que chaque parent endeuillé donne sa propre réponse. Mais je pourrais citer Kamila, qui s'adresse à sa fille juste après la crémation : elle dit très joliment, elle qui n'est pas croyante : "Je sais qu'elle n'est pas là, je sais qu'elle n'est pas au ciel. Elle est plutôt dans ma tête et je m'adresse quand même à elle." Pour les gens qui ne seraient pas croyants, c'est un fantôme dans la tête. Pour ceux qui sont croyants, c'est peut-être un ange au ciel. Chacun trouve une place pour cet enfant, mais en tout cas, il faut lui en trouver une.
Détail de La Madone Sixtine de Raphaël (1513-1514)
Vous êtes d'origine russe, comment vit-on le deuil périnatal dans d'autres pays ?
En France, il y a encore beaucoup à faire pour bien accompagner les parents endeuillés, mais je pense qu'on est beaucoup mieux que dans beaucoup d'autres endroits dans le monde. Je ne peux pas généraliser, et je ne me suis pas non plus spécifiquement documentée sur la Russie, mais les rares histoires que je connais sont assez violentes. Car quand le personnel médical n'est pas formé à accompagner le deuil périnatal, cela donne lieu souvent à des situations extrêmement traumatisantes. Je connais quelqu'un à qui l'on a mis dans les bras son bébé décédé en lui disant "la morgue est à l'autre bout de la ville, allez-y, débrouillez-vous".
Eugénie Zvonkine est née en 1979 en ex-URSS, qu’elle a quitté en 1991 pour s’installer en France avec sa famille. Elle a porté plusieurs casquettes dans le milieu du cinéma : critique, programmatrice, traductrice. Elle est aujourd’hui professeure en études cinématographiques à l’université Paris 8 et l’auteur de plusieurs livres sur le cinéma.
Coscénariste de Le Martinet (2007) d’Abai Kulbay, elle a réalisé des courts-métrages autoproduits et un documentaire sur la Nouvelle vague kazakhe, Souvenir de vague (2017). Le Sentier des absents est son premier film.
Pour ma part, j'ai eu la chance d'accoucher à Necker, qui est l'hôpital parisien des enfants malades, où l'on sait très bien accompagner ce genre de situation. Malheureusement, ce n'est pas le cas partout aujourd'hui, en France. Il y a des médecins, des spécialistes qui œuvrent à former les gens pour accompagner correctement ce deuil périnatal, mais c'est très variable.
La législation sur le décès périnatal a pas mal évolué ces derniers temps. Le sentier des absents est-il le premier film à aborder ce sujet ?
C'est un sujet qui est en pleine évolution, en pleine ouverture. Un certain nombre de livres sont sortis sur le sujet, des livres de spécialistes et des livres de témoignages. Quelques films aussi abordent cette question-là, mais pas de façon aussi frontale. Parce que, pour moi, c'est vraiment le cœur du film.
La législation évolue progressivement avec le droit qui a été acquis aux parents d'avoir un état civil pour l'enfant, c'est-à-dire d'avoir un acte de naissance pour l'enfant mort-né, à partir des trois mois de grossesse – parce qu'avant, il y a le droit à l'avortement pour lequel on s'est battu et sur lequel on ne peut pas revenir.
Mais jusqu'à très récemment, les parents ne pouvaient pas donner un nom de famille à l'enfant. Dans son acte de naissance, par exemple, ma fille Marie (née et décédée en 2016, ndlr) n'a pas de nom de famille. Ce nom de famille qui manque, tout à coup, devient énorme, plus que si l'on avait d'autres choses auxquelles se raccrocher. Cela fait partie des petites choses vécues comme autant de petites ou de grandes violences symboliques par les parents endeuillés, parce que cet enfant a du mal à être reconnu dans la société. Et comme on n'a pas vécu ensemble, ou très peu, à part ce vécu in utero, on s'accroche à tous les signes objectivables de cette existence, dont les papiers administratifs et toutes les traces tangibles de l'existence de l'enfant.
Depuis janvier 1993 : l'"acte d'enfant sans vie" permet de déclarer un enfant décédé s'il est né au terme de 4 mois et demi de grossesse ou si son poids de naissance est d’au moins 500 grammes (en-deça, c'est un avortement ou une fausse couche).
Depuis juin 2009 : il devient possible de déclarer un enfant décédé à l’état civil quels que soient son terme et son poids (mais après 15 semaines d’aménorrhée pour respecter le délai de l'IVG). Les parents peuvent organiser eux-mêmes les obsèques de leur bébé ou le confier à l’hôpital.
Depuis novembre 2021, les enfants morts in utero peuvent figurer à part entière sur le livret de famille – ils ne pouvaient auparavant être déclarés que par leur prénom.
Comment l'entourage accueille-t-il un deuil périnatal ?
Souvent assez mal, pas par mauvaise volonté, mais parce que les gens ne savent pas quoi dire, alors ils disent beaucoup de choses très maladroites, sans du tout vouloir être blessants. Je cite quelques-unes de ces expressions dans le film, comme "Tu en feras un autre", "Il faut aller de l'avant", "Il faut tourner la page", "C'est mieux comme ça"... Des choses que les gens pensent être rassurantes, mais qui sont autant de violences, alors qu'il suffit d'écouter le parent endeuillé et de lui dire "Vas-y, dis-moi ce que toi tu as envie de me dire. S tu veux parler de cet enfant, parles-en."
C'est un deuil qui fait peur, un deuil anormal. Eugénie Zvonkine
C'est vrai que ce n'est pas du tout évident, parce que c'est un deuil qui fait peur, un deuil anormal. Il y a quelque chose de profondément illogique, terrible, à voir la mort, au lieu de la naissance, de cet l'enfant que l'on désire faire naître, qui doit nous succéder et nous survivre. Pour les parents endeuillés, c'est très difficile de vivre dans le monde, dans la société, surtout dans les premiers temps qui succèdent à la perte.
J'ai aussi fait ce film film pour leur laisser toute la place de cette parole, non censurée, non médiée, parce que, souvent, les parents se sentent obligés de préserver leur entourage pour ne pas trop choquer. Au début du film, Juliette nous emmène dans un long monologue, dans le récit de son accouchement, qui propose une sorte de contrat aux spectateurs : c'est à prendre, à laisser, mais si vous voulez vraiment comprendre, il faut écouter, il faut accompagner cette traversée du désert.
Que se passe-t-il pour qu'un enfant naisse sans vie ?
Il y a autant de cas que de grossesses arrêtées. Il y a des pathologies, des maladies. Il y a des interruptions médicales de grossesse, quant le corps médical vous dit que c'est la bonne solution, parce que sinon, l'enfant va souffrir énormément, ou qu'il n'est pas viable. Et il y a évidemment les morts foetales, comme pour Juliette et Kamila, qui, très souvent, restent inexpliquées.
Mais que l'on sache ce qui s'est passé ou pas ne change pas grand-chose au vécu des parents. Premièrement, les mamans se sentent toujours extrêmement coupables, parce qu'elles ont toujours l'impression que c'est leur corps qui a mal fait quelque chose, parce que la maternité doit être épanouissante et que l'on se demande pourquoi les autres arrivent à faire des enfants en pleine santé et pas nous. Et puis il y a la violence de la perte, qu'elle survienne par surprise, comme pour Juliette et Kamila, ou programmée, comme je l'ai vécue – on vous explique que vous allez devoir passer par là et que votre enfant va mourir : un rendez-vous avec la mort.
Comment votre film est-il accueilli ?
J'ai l'impression qu'il bénéficie d'un vrai regard bienveillant, et d'un vrai désir de comprendre et d'une sensibilité des spectateurs et des critiques. J'ai eu des retours de personnes qui se reconnaissent dans le film et qui m'ont beaucoup touchée. Une pédopsychiatre qui avait accompagné une maman en deuil périnatal, dont l'un des jumeaux était décédé in utero, m'a expliqué qu'elle n'arrivait pas du tout à lui parler de son bébé mort. "Je pense que je l'aurais mieux accompagnée si j'avais vu votre film à l'époque, que j'aurais mieux su lui parler ». Mon film n'est absolument pas didactique, ni une sorte de mode d'emploi, mais cela m'a rendu très heureuse de savoir qu'il pouvait aider à faire comprendre quelque chose de cette expérience, à faire que peut-être d'autres personnes seront accueillies avec un peu plus de chaleur et de compréhension.
C'est comme si on avait perdu un morceau de nous-mêmes. Ikram
J'ai aussi eu un très beau retour d'un grand monsieur du cinéma, un grand programmeur, qui m'a dit qu'en tant qu'homme, il avait l'impression d'avoir mieux compris ce que c'était que d'être femme. C'est vrai que c'est une expérience éminemment féminine, dont Ikram dit très bien dans le film que c'est comme si on avait perdu un morceau de nous-mêmes.
Vincent, le mari de Juliette – c'est le papa qu'on voit à l'écran – avait très peur de voir le film après tant d'années. Il m'a dit avoir été très heureux d'être bouleversé, parce que c'est comme s'il y avait maintenant un lieu pour ces enfants, un lieu pour se reconnecter à eux, à l'émotion de l'époque. On pleure, on est bouleversé, mais ce ne sont pas des mauvaises larmes, au contraire. Nous, on a besoin de savoir que ces enfants ne sont pas oubliés, c'est même une obsession pour des parents qui vivent le deuil périnatal et qui se disent : "Si moi, je ne prends pas cette mémoire à bras le corps, personne ne va le faire". Le sentier des absents, c'est cet espace-là, et pas seulement pour ceux et celles que j'ai filmés, mais aussi pour tous ceux qui l'ont vécu.
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