Frustrations et status-quo Dilma Rousseff a découvert il y a peu, avec stupéfaction semble-t-il, qu'une partie importante du corps électoral était avide de nouveautés politiques et prête à essayer une forme de rupture. Celle offerte par Marina Silva. La présidente du Brésil peine à calmer le mécontentement, et sa concurrente, Marina Silva, s'en sert. De plus, le parti de Dilma Rousseff, le Parti des travailleurs est devenu une sorte d'institution vieillissante qui domine la politique brésilienne depuis 20 ans, avec son lot de scandales et de luttes intestines. Le dernier en date, il y a trois semaines,
le scandale Petrobras, est une bombe politique. Des pots-de-vin ont été versés à 40 politiciens dont des membres du gouvernement et du Parti des travailleurs. C'est dans ce contexte que Dilma Rousseff peut s'inquiéter — à juste titre — de sa réélection. Deborah Berlink est interrogative sur l'issue du scrutin et s'étonne d'ancien soutiens de Lula, comme l'ex ministre et star de la musique Gilberto Gil qui soutient Marina Silva : "Même si les sondages donnent Dilma gagnante aujourd'hui, il y a eu beaucoup de rebondissements, de débats, cette élection est vraiment intéressante,", estime-t-elle. A contrario, pour se défendre, la présidente du Brésil rappelle qu'elle a sorti 50 millions de Brésiliens de la pauvreté au cours de son mandat, et qu'une classe populaire aux faibles revenus a rejoint désormais la classe moyenne. Mais c'est peut-être là que se situe la faiblesse de Dilma Rousseff, comme le note la journaliste d'O Globo : "Les derniers sondages indiquent que les électeurs de Dilma sont surtout issus des classes les plus défavorisées, pas plus que cinq fois le salaire minimum [qui est très faible au Brésil, ndlr], et qui n'ont pas fait d'études au delà du secondaire, et sont majoritairement des catholiques. A l'opposé, ceux qui votent Marina, sont les classe moyennes plus éduquées, qui s'inquiètent des mauvais résultats macro-économiques". Ce qui signifierait que plus la population brésilienne s'élève socialement, plus elle prend conscience des faiblesses de la politique économique de Rousseff, et moins elle vote pour elle. Avec la progression impressionnante du courant évangélique, dont fait partie Marina Silva, Dilma Rousseff a de quoi s'inquiéter. Au final, la présidente du Brésil, qu'elle perde ou qu'elle gagne cette élection, devrait en tirer une leçon… amère ?