Disparition de Régine Deforges, romancière et éditrice sulfureuse
Décédée jeudi 4 avril, Régine Deforges fut une éditrice sulfureuse, souvent en butte à la justice, avant de connaître le succès public avec La bicyclette bleue, adaptée au cinéma avec Laetitia Casta
L'écrivaine et éditrice Régine Deforges est décédée jeudi à l'âge de 78 ans à l'hôpital parisien Cochin des suites d'une crise cardiaque. Son plus grand succès est incontestablement La bicyclette bleue. Cette saga de dix romans parue chez Fayard, commencée en 1983 par « 101, avenue Henri Martin » et achevée en 2007 par « Et quand vient la fin du voyage », s'est vendue à plus de dix millions d'exemplaires. Elle a valu à Régine Deforges des démêlés judiciaires avec les héritiers de Margaret Mitchell, auteur d'Autant en emporte le vent, qui ne parvinrent cependant pas à convaincre les juges que la Française avait plagié l'Américaine. Née le 15 août 1935 à Montmorillon dans la Vienne, Régine Deforges a écrit une quarantaine de livres, dont plusieurs textes érotiques, plaidant pour que les femmes vivent librement leur sexualité. Autodidacte, elle a longtemps été libraire avant de créer, aux côtés de Jean-Jacques Pauvert, une maison d'édition, L'Or du temps, à la fin des années 60. De nombreux ouvrages édités (comme Le Con d'Irène de Louis Aragon) ont fait l'objet d'interdictions diverses et de poursuites pour outrage aux bonnes moeurs. Régine Deforges, qui a longtemps tenu une chronique à L'Humanité, a été présidente de la Société des gens de lettres, membre du jury du prix Femina dont elle a démissionné en 2006, en solidarité avec Madeleine Chapsal qui venait d'être exclue. Elle était l'épouse du dessinateur du Nouvel Observateur Pierre Wiazemski, dit Wiaz, petit-fils de François Mauriac.
Régine Desforges : la fin du voyage
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On lui doit des titres comme O m'a dit (entretiens avec l'auteur de d'"Histoire d'O"), Blanche et Lucie (ses deux grand-mères), Le Cahier volé, Les Contes pervers (dont elle tirera un film qu'elle-même réalisera), Révolte des nonnes (adapté au petit écran sous le titre L'Enfant des Loups en 1991), Pour l'amour de Marie Salat, Lola et quelques autres, Journal d'un éditeur, L'Orage ou La Hire, ou la colère de Jeanne. Cette mère de trois enfants avait aussi signé des livres pour enfants et un recueil de recettes de cuisine. En 2013, elle avait signé ses mémoires, L'enfant du 15 août. La ministre de la Culture Aurélie Filippetti a exprimé sa « tristesse » jeudi soir après l'annonce du décès de Régine Deforges. « Plus qu'une écrivaine, Régine Deforges était une amoureuse des livres et des métiers du livre; elle a ainsi été tour à tour libraire passionnée, relieuse, éditrice convaincue ou encore scénariste », a écrit la ministre dans un communiqué. Aurélie Filippetti se souvient de la « féministe, dynamique et volontaire », qui a fondé en 1968 « sa propre maison d'édition, L'Or du temps, et est devenue de ce fait la première éditrice française ». Ces écrits « ont été pour beaucoup de femmes vécus comme des plaidoyers défendant le droit à s'assumer seules », met en avant la ministre de la Culture.
Régine Desforges interviewée dans un café parisien le 23 avril 2007 (AFP).