Disparition de Zaha Hadid, architecte magicienne des courbes

L'architecte britannique d'origine irakienne Zaha Hadid, lauréate du prix Pritzker 2004, le Nobel des architectes, est décédée jeudi 31 mars 2016 d'une crise cardiaque aux États-Unis.
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Zaha Hadid à Abu Dhabi en janvier 2007 où elle s'apprêtait à bâtir un centre d'art contemporain.
AP Photo / Nousha Salimi
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Elle fut la première femme (en cette année 2016) à être récompensée de la médaille d'or du Royal Institute of British Architects, la première encore lauréate du du prix Pritzker (en 2004), sorte de prix Nobel des bâtisseurs de monuments de légende.
Elle collectionnait les récompenses : elle fut couronnée à deux reprises du concours d'architecture Stirling, en 2010 pour le MAXXI, musée national des arts du 21ème siècle installé à Rome, puis en 2011 pour l'Evelyn Grace Academy, une école "non sélective" à Londres.
Et les hommages ont afflué. Comme celui en forme d'anneaux de ce créateur anglais qui s'attriste de cette perte pour le monde du design...


Elle était architecte, femme, Irakienne, britannique, dans l'ordre ou le désordre que l'on veut, et elle nous embarquait dans ses volutes disséminées à travers le monde. Ce que résume ainsi, au Guardian, l'un de ses admirateurs, Richard Rogers, le concepteur du centre Pompidou (Beaubourg) à Paris : "C'était une grande architecte, une merveilleuse femme, et une merveilleuse personne. Et elle a tracé son chemin comme seule une femme aurait pu le faire".
Graham Morrison, un autre collègue salue cette artiste "si originale qu'il n'y avait personne comme elle. Elle bâtissait au sein de son propre monde".

Architecture sans frontières

Elle était née en 1950 à Bagdad. Et elle vivait, travaillait, en Angleterre. Les deux pays la pleurent ensemble ce jeudi 31 mars 2016.
Elle avait commencé par étudier les mathématiques à l'Université de Beyrouth, avant d'achever ses études en étudiant l'architecture à Londres.

Après avoir fondé son cabinet 1979 (350 personnes y travaillent en 2016), elle connaît un succès fulgurant. Ses créations souvent tout en rondeurs, en courbes, en vagues, mais aussi plus anguleuses, ornent les grandes villes de tous les continents, mais l'Asie l'attirait plus que d'autres : un opéra à Guangzhou en Chine, le Galaxy SOHO à Pékin, un pont à Abu Dhabi, un centre culturel à Bakou en Azerbaïdjan, un centre commercial à Séoul en Corée du Sud. Et dans son pays les bassins olympiques de Londres.

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Inauguration du Galaxy Soho à Pékin, immeuble de bureaux et de loisirs, oeuvre de Zaha Hadid en octobre 2012
AP Photo/Andy Wong

Etre une arabe et une femme, est une épée à double tranchant

Elle confiait à la journaliste et écrivaine Huma Qureshi : " Je suis une femme et je suis une arabe. Etre une femme arabe et une architecte moderne ne s'excluent certainement pas - quand je grandissais en Irak, il y avait beaucoup de femmes architectes. Mais vous ne pouvez pas imaginer l'énorme résistance à laquelle je me heurte juste parce que je suis arabe, et par dessus cela, une femme. Etre une arabe et une femme, est une épée à double tranchant. Au moment où ma féminité est acceptée, mon arabiré semble devenir un problème. J'ai brisé les barrières mais ce fut un très long combat. "
 

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Le centre culturel Heydar Aliyev à Bakou, en Azerbaidjan, imaginé par Zaha Hadid
Wikicommons

Sa carrière s'est achevée sur une déception. Zaha Hadid devait superviser la construction du stade olympique pour les JO de Tokyo en 2020 mais son projet, jugé trop onéreux, a été abandonné. Elle avait dénoncé le nouveau projet retenu par le Japon, de l'architecte japonais Kengo Kuma, qui selon elle offrait des "similarités flagrantes" avec le sien... Et s'était lancée dans une bataille pour obtenir des dédommagements. Un ultime combat inachevé.

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Banc de Zaha Hadid au Dallas Museum of Art (États-Unis)
Wikicommons