La mathématicienne et physicienne Yvonne Choquet-Bruhat, première femme élue à l'Académie des sciences en France, est décédée à l'âge de 101 ans. Elle avait notamment contribué à la mise en évidence des ondes gravitationnelles et côtoyé Einstein.
Yvonne Choquet-Bruhat, capture d'écran d'image Twitter.
Ce sont l'Institut de France et l'Académie des sciences qui, chacun de leur côté par un communiqué, ont annoncé le décès d'Yvonne Choquet-Bruhat. "Scientifique d'exception, elle a su allier rigueur et élégance mathématique pour éclairer des phénomènes fondamentaux de l'univers", exprime l'Académie des sciences.
Yvonne Choquet-Bruhat a été élue en 1979 à la prestigieuse institution scientifique parisienne dans la section des sciences mécaniques, après avoir "apporté une contribution fondamentale à la compréhension mathématique et physique de la théorie de la gravitation d'Einstein", qu'elle avait rencontré et avec qui elle avait noué des relations amicales autant que professionnelles selon l'Institut de France. Ainsi, ses "nouvelles formulations des équations d'Einstein ont conduit à des progrès dans le calcul des ondes gravitationnelles émises lors de l'effondrement et de la fusion de deux trous noirs".
Prédites par le génial physicien en 1916, les ondes gravitationnelles sont d'infimes déformations de l'espace-temps liées à des évènements cosmiques violents, semblables à des ondulations de l'eau à la surface d'un étang. Leur signal extrêmement ténu a pu être capté pour la première fois en 1995 par les détecteurs terrestres Ligo (Etats-Unis) et Virgo (Europe), qui utilisent notamment les résultats des travaux de Yvonne Choquet-Bruhat. La scientifique "s'était aussi illustrée, entre autres, dans l'étude des modifications de la gravité... et de la supergravité", indique l'Institut.
Invitée de France Culture à l'occasion de la publication de ses mémoires, en 2016, Yvonne Choquet-Bruhat raconte près d’un siècle d’histoire des sciences, de la Seconde guerre mondiale aux ondes gravitationnelles, des mathématiques à l’astrophysique, de la relativité générale à la physique quantique en passant, en passant par une relation professionnelle et amicale avec Albert Einstein
Elle raconte aussi un parcours de femme dans un univers d’hommes. Une femme que "tout intéressait", explique-t-elle à nos confrères. Fille et mère de scientifiques, elle a baigné dans un univers de la recherche depuis son enfance, mais se défend de tout esprit de rivalité avec son père, résistant déporté en 1943 en Allemagne, où il est mort. Yvonne Choquet-Bruhat n'était pas une rebelle et revendiquait sa féminité, mais elle était un modèle et reste une source d'inspiration pour les jeunes femmes.
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