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"Donald Trump et les femmes. Ces mots évoquent une série d'insultes, proférées à une distance sécuritaire pour lui, depuis un compte twitter, une émission de radio ou un podium de campagne. Le traitement public de certaines femmes par le candidat potentiel à l'investiture présidentielle se décline ainsi : dégradant, impersonnel, efficace." Voici comment le New York Times, au services des Démocrates depuis toujours, attaque, toutes griffes dehors, le milliardaire populiste américain, en citant de nombreuses plaintes d'ex petites amies ou anciennes collaboratrices.
C'est une sacrée Trump Girl, n'est ce pas ?
Donald Trump, 1990
La top modèle Rowanne Brewer Lane, par exemple, raconte comment, alors qu'elle avait 26 ans, elle fut conviée à une "soirée piscine" chez Donald Trump, réunissant 50 mannequins et 30 hommes. Le maître des lieux l'invita alors, dans une chambre, à se mettre en bikini, puis la mena vers la piscine et la présenta avec ce commentaire "C'est une sacrée Trump Girl, n'est ce pas ?". Elégant, isn't it ? La jeune femme eut une liaison avec avec l'homme d'affaires alors âgé de 44 ans, tout juste divorcé et qui passait du bon temps comme un empereur romain décadent dans sa propriété de Palm Beach en Floride.
Les femmes pourraient bien constituer, plus que les hispaniques peu amènes vis-à-vis du candidat républicain après ses propos racistes répétés, le vrai talon d'Achille du futur candidat américain dans un pays où la morale chrétienne est inscrite dans la Constitution et où les femmes, depuis plusieurs scrutins, votent majoritairement en faveur des démocrates. En matière de puritanisme institutionnel, on se souvient de la procédure d'impeachment menée presque à son terme contre le président Bill Clinton, qui avait menti au sujet d'une relation sexuelle avec Monica Lewinsky une stagiaire de la Maison Blanche (cela dit comme la jeune femme était consentante, ce qu'elle a toujours réaffirmé, aux yeux des Américains, le pêché principal était le mensonge pas l'adultère…).
Selon un sondage CNN/ORC international du 24 mars 2016, 73% des électrices expriment une opinion défavorable à l'égard du magnat de l'immobilier, animateur de show télévisé à ses heures perdues, et 39% des électrices républicaines, selon un sondage. 60% écartent toute idée de voter pour lui lors de l'élection présidentielle de novembre 2016. Une tendance qui semble progresser. Et ce, alors que les femmes votent plus que les hommes. Elles représentaient en 2012 53% des votants à l'élection présidentielle.
Le New York Times a donc mené une investigation de rouleau compresseur pour comprendre et dénoncer : six semaines d'entretiens avec des dizaines de collaboratrices qui ont travaillé avec lui, des femmes qui ont eu affaire à lui dans ses sphères de prédilection, l'immobilier ou la mode, durant les 40 dernières années. Des échanges qui révèlent "des avances au pas de charge, une conduite inquiétante dans le travail, mais aussi un appui sans faille de femmes ambitieuses". Telle sa porte- parole improbable, Katrina Pierson, qui se promène ornée de colliers de balles de revolver. Le journal américain ne nie pas le pouvoir d'attraction que Donald Trump exerce, grâce aussi à ses mauvaises manières, sur certaines arrivistes qu'il sait promouvoir. Mais la plupart des personnes interrogées décrivent un homme n'hésitant pas à évaluer publiquement leur apparence physique, à les affubler de noms sexistes voire à les embrasser sur la bouche sans leur autorisation...
A relire dans Terriennes :
> Katrina Pierson, porte parole de Donald Trump, foetus et balles en pendentif
Depuis qu'il est entré en campagne, Donald Trump ne recule devant aucune saillie machiste, ce qui fait son succès auprès des hommes blancs mais aussi son impopularité grandissante auprès des électrices. Régulièrement sur Twitter, Trump traite de "folle" une célèbre journaliste de Fox News, Megyn Kelly. En août 2015, lors du premier débat républicain, elle lui avait rappelé qu'il avait traité de "gros cochons", "chiennes", "souillons" et "animaux dégoûtants", des femmes qu'il n'aimait pas. Trump, irrité, avait répondu qu'il n'avait pas de temps à perdre avec le politiquement correct, et ensuite accusé la journaliste d'avoir ses règles.
A relire dans Terriennes :
> La gaffe sexiste de trop de Donald Trump, candidat à la Maison Blanche
Il a aussi insulté l'ancienne candidate républicaine Carly Fiorina. "Regardez sa figure, est-ce que quelqu'un pourrait voter pour ça"?, s'était-il interrogé ? Il n'avait pas hésité à se moquer de l'épouse de son adversaire républicain Ted Cruz, aujourd'hui évincé, en opposant, sur les réseaux sociaux une jolie photo de son épouse Melania, ancienne mannequin de 24 ans sa cadette, à une image peu flatteuse de la femme de Ted Cruz avec le commentaire, "les images valent des milliers de mots". Le sénateur ultra-conservateur du Texas lui avait vertement répondu de "foutre la paix à (sa femme) Heidi" en le traitant de "brute new-yorkaise" et de "lâche pleurnichard". Du pains béni pour ses adversaires comme cet internaute, faussement supporter sur twitter du milliardaire xénophobe et sexiste, louant ce "Trump qui sera génial pour les femmes !"
TRUMP will be awesome for Women #DTmag pic.twitter.com/UYyO3khFq0
— Man's Story 2 (@Mansstory2) 6 juin 2016
Ou cet autre adepte des réseaux sociaux qui a fait un montage des "trois femmes irréductibles face au brutal misogyne et raciste Trump" : Michelle Obama, l'épouse de l'actuelle président, Hillary Clinton, la potentielle présidente, et Elizabeth Warren, la sénatrice démocrate du Massachusetts qui ferraille, elle aussi, sur twitter. "Je vais me battre de tout mon coeur pour m'assurer que jamais Donald Trump, ce ragoût toxique de haine et d'insécurité, ne parvienne à la Maison Blanche." écrit cette dernière.
The 3 Women That Brutalized Misogynistic Racist Trump He Can't Recover#MichelleHillaryElizabeth#WomanPower4Trump pic.twitter.com/VHP5Z4QGl2
— Sheriff Ali (@sheriffali) 6 juin 2016
I'm going to fight my heart out to make sure @realDonaldTrump’s toxic stew of hatred & insecurity never reaches the White House.
— Elizabeth Warren (@elizabethforma) 4 mai 2016
Mais son sport favori reste de ridiculiser la candidate démocrate Hillary Clinton, comme par exemple dans un montage la montrant en train d'aboyer dans un meeting, suivi d'un Vladimir Poutine riant aux éclats, avec le commentaire: "Nous n'avons pas besoin d'être la risée du monde". Puis, sans vergogne, le 18 mai 2016, il accusait, après la publication de l'enquête du New York Times, dans un bel exercice de "c'est celui qui le dit qui l'est", Bill Clinton, ancien président et époux de la peut-être future présidente, de violeur lorsqu'il était gouverneur de l'Arkansas. Ajoutant au sujet de son adversaire honnie : "Elle est mariée à un homme qui a fait souffrir beaucoup de femmes".
Personne ne respecte les femmes plus que moi
Donald Trump, mai 2016
Accusé de toute part, Trump se défend en affirmant qu'il "respecte" et "chérit" les femmes et que certaines de ses remarques dataient du temps de son émission de télé-réalité "The Apprentice". Tout cela ne serait donc que du "showbizz", du "pour rire" en quelque sorte... "Je pense que les gens comprennent. Les politiciens disent bien pire quand ils sont derrière des portes fermées. Personne ne respecte les femmes plus que moi. Et les femmes vous le diront" disait-il au mois d'avril 2016 sur CNN, Avant de se lancer dans une nouvelle attaque en règle contre Megyn Kelly "plus sexy qu'avant, grâce à moi". Irrécupérable…
Une nouvelle polémique a éclaté le 4 juin 2016, après la publication d'une recherche menée par le Boston Globe (Massachusetts) sur les équipes de campagne de Hillary Clinton et Donald Trump. Les résultats sont édifiants : Donald Trump paye ses collaborateurs un tiers de plus que ses collaboratrices à compétence et position hiérarchique identique. Tandis que Hillary Clinton respecte une stricte égalité de traitements. Les femmes qui travaillent pour Trump - et qui représentent environ 28 pour cent de son effectif total - ont reçu en moyenne un salaire de 4500 $ en avril, tandis que les hommes ont perçu près de 6100 $, soit environ 35% de plus.
Dans le staff d'Hillary Clinton, femmes et hommes sont rémunérés à égalité et (beaucoup) moins que chez l'adversaire républicain : 3750 $…
Trump a aussitôt réagi en lançant que Clinton "jouait la carte du genre". S'attirant cette réponse cinglante : "Si parler de l'égalité salariale entre femmes et hommes, et si proposer plus d'opportunités pour les femmes et les filles pour leur vie professionnelle, c'est jouer la carte du genre, alors oui, je suis partante." Et le Boston Globe de rappeler aussi, après avoir compté, que l'équipe de la démocrate compte plus de femmes que d'hommes (349 et 316), contre 80 messieurs et 31 dames chez le républicain…