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A la veille du deuxième débat contre Hillary Clinton, la campagne de Donald Trump pour la Maison Blanche est secouée comme jamais. Le candidat républicain a dû s'excuser pour des propos de 2005 où il se vante d'imposer son désir aux femmes.
L'incendie a éclaté vendredi avec la publication par le Washington Post d'une vidéo datant de 2005 et dans laquelle Donald Trump, alors homme d'affaires et vedette de télévision de 59 ans, est enregistré à son insu en train de parler en termes très crus et dégradants de sa façon d'aborder les femmes qu'il convoite, au besoin sans leur consentement.
Il affirme à un présentateur qu'en tant que star, "elles nous laissent faire. On fait tout ce qu'on veut". Un pouvoir qui inclut notamment celui de les "attraper" par le sexe --le milliardaire utilisant un mot vulgaire.
Plus tard, il affirme ne pas pouvoir s'empêcher d'embrasser les belles femmes.
La publication de l'enregistrement a fait l'effet d'une bombe dans la campagne électorale, stupéfiant les alliés républicains du candidat. Celui-ci a été contraint de publier des excuses par communiqué puis dans un message vidéo diffusé au milieu de la nuit.
"Ceux qui me connaissent savent que ces paroles ne reflètent pas qui je suis. Je l'ai dit: j'avais tort et je m'excuse", a-t-il déclaré, tout en annonçant qu'il attaquerait Hillary Clinton pour avoir rudoyé les maîtresses de son mari, Bill, dans les années 1990. Des excuses qui sentent la contrainte et la mauvaise foi : "Je n'ai jamais dit que j'étais une personne parfaite, ni prétendu être une autre personne que moi-même. J'ai dit et fait des choses que je regrette, et les paroles diffusées aujourd'hui dans cette vidéo vieille de plus de dix ans en font partie. Ceux qui me connaissent savent que ces paroles ne reflètent pas qui je suis. Je l'ai dit, j'avais tort et je m'excuse", a déclaré le candidat républicain dans un message vidéo publié peu après minuit sur sa page Facebook.
"Je m'engage à être un homme meilleur demain, et à ne jamais vous décevoir", poursuit le républicain, qui qualifie la polémique de "distraction".
"J'ai dit des choses bêtes mais il existe une grande différence entre les mots et les actes d'autres gens. Bill Clinton a réellement maltraité des femmes, et Hillary a harcelé, attaqué, humilié et intimidé ses victimes. Nous en parlerons dans les prochains jours"
Le débat de dimanche 9 octobre au soir, l'avant dernier d'ici le vote, s'annonce ainsi houleux.
Trump ne perdra aucune voix au sein de sa base électorale, ils s'en fichent
Larry Sabato, politologue
"Cette vidéo est un couteau planté dans le coeur de Trump, au débat, il est certain qu'on va lui poser la question", prédit Larry Sabato, politologue de l'Université de Virginie.
"Trump ne perdra aucune voix au sein de sa base électorale, ils s'en fichent", dit cet expert. "Mais Trump ne parviendra pas à élargir sa base de soutien".
Environ 84 millions de personnes ont suivi le premier débat, le 26 septembre, lors duquel le plan d'Hillary Clinton s'est déroulé comme prévu: projeter une image présidentielle tout en laissant Donald Trump exprimer ses penchants les plus troublants aux yeux des électeurs modérés, notamment son impulsivité et sa méconnaissance des dossiers.
A ce stade, il ne reste que 4% d'électeurs indécis, selon des sondages Quinnipiac et CBS, et Hillary Clinton a repris l'avance qu'elle avait brièvement perdue en septembre. Elle recueille environ 44% des intentions de vote contre 41% pour lui.
"L'élection est en train de se fixer, le béton est en train de durcir, il ne reste plus beaucoup d'électeurs indécis", dit Larry Sabato à l'AFP.
Le milliardaire populiste a déjà connu des semaines noires, notamment en août, mais il s'était relevé de ses dérapages.
La différence est que ces révélations émergent à seulement un mois du scrutin, alors que les Américains commencent à voter de façon anticipée.
Des soutiens soulignaient que ces fanfaronnades de vestiaires étaient vieilles de onze ans et ne remettaient pas en cause les autres qualités de l'homme d'affaires.
Mais la panique se répandait dans les rangs républicains, par crainte d'une déroute générale en novembre, quand le Congrès doit aussi être renouvelé.
Les uns après les autres, des ténors ont fait part de leur écoeurement et de leur colère, notamment l'homme fort du Congrès, Paul Ryan, qui a retiré l'invitation de Donald Trump à un rassemblement samedi 8 octobre 2016 sur ses terres.
Plusieurs élus, dont ceux de l'Utah, Etat très conservateur, ont annoncé qu'ils ne voteraient plus pour Donald Trump, sans toutefois aller jusqu'à soutenir la démocrate.
Mais très peu de personnalités républicaines ont appelé au retrait du candidat du scrutin, une éventualité peu réaliste.
Le débat, à St. Louis (Missouri), devait être l'occasion pour Donald Trump de changer d'image auprès des jeunes, des minorités et des électrices, afin de leur prouver qu'il n'est pas le personnage xénophobe et sexiste dépeint par les démocrates.
"Les femmes ont le pouvoir de stopper Trump", a tweeté Hillary Clinton, en diffusant une nouvelle vidéo compilant ses paroles sexistes les plus accablantes.
Women have the power to stop Trump.https://t.co/tTgeqy51PUhttps://t.co/VH3woeAf9Q pic.twitter.com/NjvbkPsjPR
— Hillary Clinton (@HillaryClinton) 7 octobre 2016
En juin 2016, nous écrivions, à la veille des Primaires : "Les femmes pourraient bien constituer, plus que les hispaniques peu amènes vis-à-vis du candidat républicain après ses propos racistes répétés, le vrai talon d'Achille du futur candidat américain dans un pays où la morale chrétienne est inscrite dans la Constitution et où les femmes, depuis plusieurs scrutins, votent majoritairement en faveur des démocrates." La tendance semble donc se confirmer.
A relire dans Terriennes :
> Donald Trump et ses "Trump girls" ou les mauvaises manières d'un candidat à la Maison Blanche
Et voici qu'elles s'organisent sur les réseaux sociaux autour de ce slogan : "Women Will Remember in November 2016" (Les femmes se souviendront en novembre 2016), un slogan déjà utilisé pour rappeler qu'elles ont obtenu le droit de vote voilà presque un siècle (18 août 1920) et qu'elles savent en faire (bon ou mauvais) usage.
Le New York Times a offert ses colonnes à la très caustique blogueuse, performeuse, féministe, activiste de poids, Lindy West, dont la voix porte loin, elle qui a écrit un best seller "Notes d'une femme bruyante (Notes from a laud woman) : "Chaque femme connaît une facette de Donald Trump. La plupart d'entre nous a eu affaire à l'une d'entre elles. Il est le patron qui pense que vous lui devez quelque chose. Que le silence vaut approbation et que "non" signifie juste de lui conseiller d'essayer encore. L'autre qui est certain que la simple existence de votre corps constitue une invitation à toucher, à prendre, posséder et détruire."
Autre conséquence de cette nouvelle polémique est que la divulgation par WikiLeaks vendredi de documents de proches d'Hillary Clinton, et notamment d'extraits de discours de la démocrate devant des banques d'affaires, est passée au second plan.
L'entourage de la candidate a mis la fuite sur le compte de Moscou --le jour-même où Washington accusait publiquement la Russie de piratages pour interférer dans l'élection américaine.