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Marlene Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, arrive à l'Elysées le 18 mai 2017.
L'après-midi même de la parution du décret au JO, militantes et militants féministes se rassemblaient devant le ministère de l'Economie et des Finances pour demander au gouvernement de "rétablir le budget des Droits des femmes", le plus mince de l'Etat. En 2016, il était d'environ 28 millions d'euros, soit quelque 0,006 % du budget global de l'Etat, quand le coût des violences faites aux femmes est estimé à 3,6 milliards d'euros par an. Selon le projet de loi de finances, près de 30 millions avaient été demandés pour 2017.
Pour les associations de défense des droits des femmes, qui avait déjà connaissance de l'information via des sources officieuses, c'est une catastrophe. Leurs moyens sont limités et elles dépendent largement des subventions publiques. Scandant "Bercy, les femmes ne te disent pas merci", une trentaine de représentant(e)s de, notamment, Osez le féminisme, les Effronté-e-s ou le Fit (Une femme, un toit), ont manifesté pour interpeller le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, et son collègue des Finances, Bruno Le Maire. Devant le ministère de l'Economie, les manifestants ont disposé des pancartes colorées avec les principaux chiffres des inégalités femmes-hommes : 24% d'écart de salaire, 14 heures hebdomadaires de plus dédiées aux tâches ménagères...
Ces coupes répondent à la promesse de campagne d'Emmanuel Macron d’économiser 60 milliards d’euros en 5 ans. Or "c'est le plus petit budget de l'Etat qui va connaître, proportionnellement, la plus grosse baisse", a dénoncé Caroline de Haas, l'une des initiatrices de cette action. "Ce sont les droits des femmes qui vont le plus morfler". Pour Clémence Joz, de l'Association contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT), "les associations de terrain seront forcément impactées", à l'instar de sa structure, qui emploie cinq personnes, fait de la sensibilisation en entreprise et accompagne les victimes.
Devant l'inquiétude des associations, la secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, avait qualifié dimanche sur son compte Twitter la baisse du budget de 25% de "fake news".
Peut-être serait-il intéressant de temps en temps de se renseigner à la source avant de relayer des #fakenews ? https://t.co/BMwHEUnpRu
— MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) 16 juillet 2017
Quelques jours plus tard, elle affirmait devant le Sénat et l'Assemblée nationale que "tous les chiffres" évoqués étaient "faux" ou provenant de "notes internes qui n'ont pas été validées". "Soit elle ment, soit elle n'est au courant de rien. Dans les deux cas, c'est un gros problème pour les droits des femmes", a estimé Caroline de Haas.
En dépit des coupes budgétaires, l'accent sera, continue la Secrétaire d'Etat, sur trois grands axes. Le travail : l'insertion professionnelle des femmes, notamment des mères ; l'accès des femmes aux postes de gouvernance et de direction ; l'égalité salariale - le principe de l'égalité de rémunération est inscrit dans la loi mais la majorité des entreprises ne sont pas en règle ; la lutte contre les violences sexistes et sexuelles : le viol (plus de 83000 viols par an en France) est un crime passible de 15 ans d'emprisonnement mais seules 10% des victimes portent plainte et à peine 1% des violeurs sont condamnés ; l'allongement des délais de prescription et la verbalisation du harcèlement de rues pour lutter contre les agressions sexuelles et les tentatives de viol (plusieurs centaines de milliers par an) ; et la lutte contre l'excision et le mariage forcé via des campagnes d'information et de soutien.
Les associations rappellent inlassablement que le président de la République, qui se présentait comme un candidat "profondément féministe", avait qualifé pendant sa campagne l’égalité entre les femmes et les hommes de "grande cause du quinquennat".
Beaucoup trop complexe pour moi là. #DroitsDesFemmes pic.twitter.com/a6uFQqQ9np
— Romain Gros (@Gros_Romain) 19 juillet 2017
"Avant même l'élaboration de nouvelles lois, l'urgence est à la mise en œuvre effective des lois et des politiques publiques existantes", estimait ce jeudi 27 juillet le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE). Pour rendre effective et améliorer la politique dédiée aux droits des femmes, il formule une quarantaine de recommandations, dont un "plan national de formation à l'égalité femmes-hommes", un Comité interministériel annuel sur le sujet ou l'accès à des statistiques et données sexuées précises. Le HCE insiste sur les besoins humains et financiers en matière de politique publique. Ainsi, il faudrait "augmenter significativement le budget" consacré aux droits des femmes, après une "évaluation réelle des besoins de financements".
Et pour défendre les droits des femmes, conclut le HCE, qui fait là écho aux militants et associations, un ministère d'État serait "le format le plus approprié" car "il donne la capacité d'organiser des réunions interministérielles, haut lieu des arbitrages et décisions du gouvernement". De fait, un ministère et une ministre de plein exercice, à même de soutenir le rapport de force favorable avec leurs pendants des Comptes et des Finances, auraient sans doute pu éviter cette baisse du budget - davantage qu'un Secrétariat d'Etat.