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Nigérianes devant un bureau de vote à Daura, dans le nord du Nigeria, le 28 mars 2015.
Eduquer les filles et former les femmes dans l'espace francophone : une histoire d'argent, de religion ou de politique, mais pas seulement. Cette problématique en soulève des dizaines d'autres, comme le développement des infrastructures pour sécuriser le chemin de l'école, la pénalisation des mariages précoces pour laisser les fillettes étudier jusqu'au lycée, les discriminations de genre dans la société ou le refus des violences physiques et psychologiques qui sapent l'estime de soi des filles dès le plus jeune âge.
Les expertes du comité scientifique réuni au Tchad pour la Conférence de l'Organisation internationale de la Francophonie ont étudié toutes ces questions. Elles nous ont fait part de quelques réflexions.
Les violences liées au genre en milieu scolaire existent à l’école, mais aussi sur le chemin de l’école et suivent les enfants à travers leurs téléphones portables ou leurs ordinateurs.
Dans un pays comme le Niger, tout passe encore par l'approbation des garçons et des hommesAissata Assane Igodoe
"Changer la société de l'intérieur sans tordre les traditions, c'est aussi le travail des enseignants. Surtout en primaire, où les enfants sont toute la journée et toute l'année sous la tutelle d'une même personne qui va pouvoir impulser un changement de comportements entre filles et garçons : en sollicitant les garçons autant que les filles pour les corvées, par exemple, ou en donnant des responsabilités aux filles aussi.
Si un enseignant ne peut pas imposer une déléguée de classe au lieu d'un garçon, il peut nommer deux délégués de classe, une fille et un garçon, pour que les filles commencent à intérioriser qu'elles peuvent prendre des responsabilités. Un chef d'établissement ou un enseignant peut répartir les petits travaux de nettoyage et les corvées de classe de façon égalitaire entre les filles et les garçons.
J'ai vu des maîtresses qui envoient les filles faire les courses au marché à la récréation "pour qu'elles apprennent", mais jamais les garçons. Mais attention, l'enseignant.e ne peut pas donner aux garçons l'ordre de faire la cuisine en rentrant chez eux : les parents ne seraient pas d'accord. Pourtant, les enfants réagissent bien au partage des tâches. Au pire les garçons ricanent, mais il y a une prise de conscience qui se fait."
Au Tchad
86 % des femmes sont analphabètes
Entre 1990 et 2015 :
Au primaire, l'indice de parité est passé de 0,49 % à 0,75 %
Au collège, il est passé de 0,30 % à 0,45 %
Au lycée, de 0,23 % à 0,28 %
"Le Tchad accueille 480 000 réfugiés dont 180 000 en âge scolaire, une population à 56 % féminine" alerte Idriss Deby a l'ouverture de la conf @OIFfrancophonie sur l'éducation des filles https://t.co/qKmlRkSDHP pic.twitter.com/0RkC0RWktM
— TERRIENNES (@TERRIENNESTV5) June 18, 2019Dans les grandes villes, les parents, désormais, acceptent à 100 % la scolarisation des filles en primaire.
Marie-France Lange
"Il y a eu d'énormes progrès, ces quinze dernières années, mais dans les zones rurales et en périphérie des agglomérations, les résultats ne sont pas bons, et on ne peut pas toujours blâmer les parents pour la sous-scolarisation des filles. Il y a le manque de moyens - l'école publique n'est jamais totalement gratuite, ne serait-ce qu'avec les frais d'inscription et, parfois, d'uniformes. De plus, quand l'école est à dix kilomètres et qu'il peut être dangereux pour une fille de les faire à pied, elle n'ira pas à l'école. Les parents préfèrent la garder à la maison plutôt que de l'exposer à des violences pouvant aller jusqu'à l'enlèvement et le viol."
Les problèmes de grossesses provoquées par les enseignants ne sont pas rares, même en primaire.Marie-France Lange
"L'école doit non seulement exister, ce qui n'est pas le cas pour les populations nomades, par exemple, mais elle doit aussi être fiable. L'enseignant, si c'est un homme, doit être respectueux des petites filles. Les problèmes de grossesses, même en primaire, provoquées par les enseignants, ne sont pas rares. En 1984, le Togo a promulgué une loi pour condamner les enseignants qui avaient engrossé des petites filles, mais elle n'a jamais été appliquée."
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